Partie 9 - En complément
Chapitre 9 - Accueillir l'enfant migrant

9.9/8 - Pour conclure : afin que le petit goéland du peuple migrateur puisse se construire un nid

« Petit à petit, l'oiseau fait son nid » (proverbe)

Portrait d'enfants à la dérive

La question de la difficulté d'insertion des enfants migrants revêt une importance essentielle aujourd'hui au regard des exigences démocratiques et de leurs nouvelles prises en charge. Mais par quel trauma passent ces enfants ? Que deviennent-ils ? Et comment se reconstruisent-ils ?

Ces enfants ont la capacité de se métamorphoser, de se mêler au monde des humains, d'évoluer. L'enfant africain nous apprend qu'il passe d'une tribu affective, où tout un village est présent pour l'élever, à une cellule familiale close, où l'univers se referme. « Il faut plus d'une main pour élever un enfant », dit l'un de leurs proverbes.

Les petits Asiatiques, dont les pays adoptent une culture de la technologie sans précédent, souffrent du même repliement sur soi et nous demandent : « Pourquoi l'école n'ouvre pas le dimanche ? », quand leurs parents parisiens travaillent sans cesse dans des restaurants chinois ou japonais.

Quand aux petits autochtones, ils sont scotchés devant nos postes de télévision en se gavant de bonbons, chips et autres chewing-gums. Les médecins disent que nous fabriquons des obèses qui mourront de crise cardiaque. Mais ce qui est plus grave encore, c'est qu'ils ne sont pas dans l'échange. La découverte de l'autre, de mondes différents, leur échappe. Ils sont dans un demi-sommeil affectif qui les empêche de rêver et de penser. L'autre, l'adulte, l'humain, est aux abonnés absents.

Reconstruire l'enfant... et ses parents

Quand les uns et les autres prennent conscience de leur solitude et du trauma subi par les migrants, l'enfant se demande comment entrer dans le monde des adultes. De leur côté, les parents, qui ne se reconnaissent plus dans ce goéland braillard, se demandent quel drôle d'oiseau ils couvaient. Alors, l'enfant se construit une nouvelle enveloppe pour parvenir à développer un environnement structurant. Il est nécessaire qu'il puisse produire un discours porteur d'affects et, plus globalement, de le mettre dans une situation où il puisse apaiser sa souffrance, ce qui passe par une procédure d'influence, technique psychothérapeutique où l'on manipule un cadre, ce qui se dit et se qui se fait à l'intérieur du cadre ethnopsychologique mais aussi dans d'autres lieux.

Quand on parvient à renforcer les interactions affectives, à expliquer par le récit les traumas, on constate des reprises évolutives positives parce que de nouvelles négociations ont rendu les choses possibles et acceptables. La migration aurait un impact sur les mécanismes intellectuels nécessaires aux grands apprentissages. Les deux façons de vivre, celle de la famille française et celle de la famille migrante, ne sont pas antinomiques mais certes différentes. Il a fallu construire pour ces enfants migrateurs des passerelles et des niches, leur tricoter des médiations, établir...

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