Partie 9 - En complément
Chapitre 9 - Accueillir l'enfant migrant

9.9/7 - Quelques grands systèmes de thérapie traditionnels rencontrés

Les systèmes de thérapie traditionnels sont nombreux. Aussi avons-nous choisi de présenter ceux que nous rencontrons le plus fréquemment lors de consultations et qui prennent en compte les affections de l'enfant.

Position de la problématique

La symptomatologie psychologique varie d'une culture à l'autre ; avec les migrants, la réalité clinique a tendance à décoller des grands modèles de la psychologie classique, ce qui nous amène à introduire les paramètres culturels. Devereux a donné en 1970 une série d'exemples de « modèles de folie » spécifiques à certaines cultures. Ainsi, la folie du « coureur d'amok » malais qui, pris par un esprit, se met à courir jusqu'à ce que mort s'ensuive. Abdelafid Chlieh, dans sa thèse de doctorat, nous a montré un film sur les Gnaouas du Maroc qui prenaient en charge, à l'aide de foulards de couleur et de rythmes au tambour, un groupe de femmes en transe.

Il est fondamental de montrer que la folie ne se fait pas dans l'anarchie : on n'est pas fou de n'importe quelle façon. C'est la culture qui indique les modes de folie. On est malade selon la façon dont la culture l'indique. De plus, à chaque culture correspondent des techniques thérapeutiques. Ainsi, ce qui peut être une vérité intangible pour les uns est un mensonge terrible pour les autres. Par exemple, le chaman des Indiens d'Amérique qui prend de la drogue pour entrer en transe et se mettre en contact avec les esprits serait un psychotique pharmacodépendant dans notre culture. Cela est dû au fait que les deux cultures sont totalement hétérogènes. Notre travail est justement de rompre cette hétérogénéité. Le principe proposé est que, lorsque l'on prend en charge des sujets transplantés, on peut introduire des ponts culturels. S'il y a effectivement beaucoup de différences entre les diverses formes culturelles de la maladie, il existe aussi des ressemblances. Certains phénomènes se retrouvent dans pratiquement toutes les cultures, par exemple :

  • la sorcellerie : l'utilisation des maléfices, de l'attaque de l'individu, se rencontre partout. Ce qui change, c'est sa représentation culturelle (dorli aux Antilles, maraboutage en Afrique, loup-garou en Russie, envoûtement en France...) ;

  • la possession par des êtres mythiques : elle peut être bénéfique ou maléfique, mais elle joue un rôle fondamental dans toutes les cultures (vaudou haïtien, possession par le diable pour les chrétiens...). Chaque culture a ses propres codes pour permettre au sujet d'être possédé.

Les symptômes des désordres psychiques, comme l'a montré Nathan, varient en fonction de la culture. Ils ont une fonction sociale, et des techniques thérapeutiques leur sont associées. La dépendance du symptôme avec sa culture est un postulat clinique auquel toute théorie clinique doit se soumettre.

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