Partie 9 - En complément
Chapitre 1 - L’accueil d’un enfant différent

9.1/4 - Handicaps : Les situations exceptionnelles

9.1/4.1 - Les moments difficiles

Jean-Marc Botta

I - Avec les parents et les autres enfants

Réaction possible des parents d’enfant « ordinaire »

Un parent confronté, le plus souvent brutalement, à l’arrivée d’un enfant différent dans le lieu d’accueil où se trouve déjà son propre enfant considéré comme normal peut, même s’il ne le formule pas de façon claire, se poser la question : pour quel type d’enfant ce lieu est-il organisé ? Un certain doute apparaît : si on accueille un enfant différent, c’est peut-être parce que le mien appartient à cette catégorie. On le voit, la question que se pose le parent ne va pas facilement déboucher sur une rencontre ou une discussion claire avec les accueillants. Le doute ainsi soulevé peut s’énoncer par exemple sous la forme d’une question : ici, est-ce un hôpital, un lieu soignant ? On comprendra qu’il est difficile pour le parent de pouvoir, sans angoisse, énoncer une telle question.

Et puis, si ce genre d’enfant est accueilli, le parent peut penser que cela va demander aux accueillants plus de présence auprès de lui, et cela au détriment de son propre enfant. Il pourra en déduire que, si son enfant est l’objet de moins d’attention parce qu’on lui consacre moins de temps, il fera moins de progrès.

Enfin, la méconnaissance pour la plupart des parents de ce qu’est vraiment la réalité du handicap ouvrira la porte à toutes les projections qu’ils peuvent faire sur cette zone inconnue et donc vierge d’éléments réels pour la penser. Les représentations fantasmatiques peuvent alors prendre le dessus. Ces représentations sont nourries par l’imaginaire des parents, lequel est, le plus souvent, empli de toutes les idées reçues puisées dans ce que l’on pourrait bien appeler « les traditions et le folklore de la culture personnelle ». Ces idées reçues sont faites d’images, de mots ou de pensées qui ont été associés par eux à la notion de différence et de handicap et qui diffèrent d’autant plus de la réalité qu’ils n’ont jamais rencontré ce type d’enfant.

Aussi ne faudrait-il pas s’étonner si un parent, lorsqu’on évoque devant lui la possible venue d’un enfant handicapé, par exemple trisomique, peut, alors qu’il s’agit de quelqu’un au fonctionnement psychique tout à fait normal, demander si ces trisomiques ne sont pas dangereux et si son enfant n’est pas exposé, à leur contact, à un grave danger.

Il en est de même lorsque, à propos d’une maladie rare, le parent s’inquiète d’une éventuelle contagion. À chaque fois qu’il s’agit d’une pathologie inconnue, on...

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