Partie 9 - En complément
Chapitre 3 - L’alimentation du jeune enfant

9.3/4 - Alimentation : Les troubles alimentaires chez le jeune enfant

9.3/4.1 - Introduction

Importance de l’alimentation

La fluctuation de la capacité à s’alimenter se présente comme un des registres les plus directement susceptibles d’interpeller dans les lieux d’accueil de la petite enfance (crèches, haltes-garderies, jardins d’enfants, écoles maternelles).

Nous pourrons l’observer lors des moments de restauration individuelle ou collective, dans la relation à une auxiliaire de puériculture ou lors de la cantine, pendant les collations, les pique-niques...

Mais, plutôt que de troubles alimentaires nous parlerons, dans un cadre psychopathologique, de perturbations de la sphère oro-alimentaire.

En effet, la cavité buccale ne se borne pas à la seule réception du bol alimentaire, elle réunit également les fonctions respiratoires et phonatoires. C’est d’ailleurs vraisemblablement cette conjonction de plusieurs fonctions en un même lieu qui «alimenterait » la confusion chez le jeune enfant. Cela d’autant plus que l’acte de nourrissage constitue un des maillons essentiels des interactions précoces mère-enfant et s’inspire largement des influences socioculturelles.

Source d’harmonie... ou de conflit

L’ingestion de nourriture se révèle un acte fortement chargé symboliquement et le « repas familial », un cadre privilégié pour des échanges relationnels tant harmonieux que conflictuels et variant dans leur forme selon l’âge des protagonistes.

Ainsi, du fait de sa relative immaturité physiologique (notons que, dès sa naissance, l’enfant possède un équipement neuro-physiologique fort bien développé en vue de la succion : réflexe de fouissement, de succion, de déglutition, de préhension du sein...), la prise alimentaire reste très dépendante, pour le nourrisson, du «vouloir » de sa mère ou de son substitut.

L’harmonie de ce moment découle alors d’un subtil «accordage», d’une adaptation réciproque de la mère et de son nouveau-né : les bébés ne se comportent pas à l’identique face à la nourriture, les quantités demandées diffèrent, de même que le rythme de tétée...

Relation mère-enfant

Par ailleurs, l’alimentation du nourrisson, comme nous le fait remarquer S. Freud dès 1905, ne se limite pas à l’apaisement de la faim physiologique ; elle correspond aussi à un moment de satisfaction du désir de succion et se révèle indéfiniment liée au plaisir qui en aura été retiré ; elle coexiste avec les échanges de regard entre la mère et son enfant, avec leurs contacts corporels (portages, caresses, bercements...), avec les paroles prononcées par la mère (directement ou non) au bébé, avec la sensation de sécurité éprouvée par chacun...

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