Partie 9 - En complément
Chapitre 7 - Le sommeil en structures d’accueil

9.7/1 - Approche historique et anthropologique du sommeil chez l’enfant

Le sommeil est un fait culturel autant que biologique. Où dort l’enfant ? Avec qui ? Quelles sont les modalités d’endormissement, mais aussi les représentations sur le sommeil dans différentes cultures et différentes époques ? Vous poser ces questions vous permettra de prendre du recul et de mieux prendre en compte les cultures familiales dans les modalités de sommeil des jeunes enfants à la crèche.

Que nous apprend le sommeil du jeune enfant sur notre société ?

L’enfant qui dort... Image universelle qui traverse les époques et les cultures. Merveilleux tableaux de Renoir, photos d’enfants lovés sur leur mère en Afrique ou en Amérique du Sud, photos de famille aux multiples berceaux se transmettant de génération en génération, innombrables articles, manuels de puériculture et de conseils aux parents...

Si le sommeil du jeune enfant est une question pouvant être abordée sous différentes facettes, elle est traitée dans les sociétés modernes occidentales essentiellement sur le plan de la physiologie et, plus récemment, de la psychologie. Ainsi, le sommeil apparaît bien souvent sous l’angle des « troubles du sommeil », réalité qui concerne une part importante de la population française dès le plus jeune âge. Selon certains auteurs, la France détiendrait le record mondial de la consommation de tranquillisants et d’hypnotiques, y compris chez les nourrissonsnotes BRISSET C., VALETTE A., « Représentations traditionnelles et contemporaines concernant le sommeil du jeune en France », Devenir. Revue européenne du développement de l’enfant, vol. 12, n° 3, Médecine et Hygiène, Genève, 2000, pp. 65-86.
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Dans cette approche, correspondant à ce que le philosophe Michel Foucault nommait la « médicalisation de l’existence », le sommeil est devenu presque « naturellement » une discipline médicale, avec ses consultations spécialisées, alimentées par les plaintes des jeunes parents concernant un bébé qui ne dort pas. Il ne s’agit pas de nier cette réalité-là mais de la questionner, ce qui est le propre de la démarche anthropologique : que nous apprend-elle de notre société, de la place qui y est faite aux enfants ? Quelle signification donner à ce « symptôme social » que sont les troubles du sommeil des jeunes enfants ? Ont-ils toujours existé ? Qu’en est-il ailleurs et qu’en était-il autrefois de ceci, qui nous paraît aujourd’hui être une « évidence » ? Le simple fait de se poser la question...

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