Mobilier urbain : l’usage raisonné de la récup’ à Suresnes

Publié le 6 janvier 2010 à 0h00 - par

La ville de Suresnes change son mobilier urbain. Elle n’hésite pas à faire le choix de l’occasion.

Mobilier urbain : l’usage raisonné de la récup’ à Suresnes

À l’heure de changer son mobilier urbain, Suresnes a eu un déclic : pourquoi reprendre du neuf ? En pleine démarche de développement durable, la commune des Hauts-de-Seine a misé sur la récupération : « Nous avions remarqué qu’il n’y a pas beaucoup de turn over dans le mobilier urbain, le matériel est en bon état », se rappelle Véronique Stutz, chargée administrative du pôle Voirie de la ville. L’idée est soumise aux élus qui tranchent : exit le panneau d’affichage sorti d’usine, Suresnes opte pour la « sucette » recyclée, c’est-à-dire un panneau publicitaire long et sur bitte, mais reconditionné à neuf. « Ce n’est pas la première fois que nous avons ce type de demande,explique Véronique Simmler, directrice des relations villes chez JC Decaux. Mais c’est la première fois qu’une collectivité, à travers son cahier des charges et dès l’offre initiale, montre une volonté si forte. »

L’intitulé de l’appel d’offres ouvert lancé en juillet dernier est clair : le marché porte sur « la mise à disposition, l’installation, le nettoyage, la maintenance et l’exploitation de mobiliers urbains d’occasion reconditionnés à neufs ». La demande comprend : 117 panneaux d’affichage à des fins publicitaires ou informatifs, trois caissons d’affichage en hauteur, six conteneurs à verre, quatre colonnes d’affichage, deux sanitaires publics et 55 abris voyageurs avec ou sans exploitation publicitaire. La commune a choisi de composer le marché d’une tranche ferme, comprenant la fourniture du mobilier demandé et d’une tranche conditionnelle, prévoyant une augmentation potentielle des besoins de 10 % pendant la durée du contrat. « Il fallait prévoir les nouveaux besoins éventuels, estime Béatrice Curvale, directrice du pôle Moyens généraux, mais tout en maintenant l’équilibre économique du marché sans avenant ni contrat. » Pour Véronique Stutz, la ville, déjà bien urbanisée, ne devrait pas nécessiter beaucoup d’extra. « Ça ne sera probablement que des abribus » assure la chargée administrative du pôle Voirie.

40 % pour l’esthétique, 30 % pour la technique et l’environnement

Suresnes a choisi pour ses critères de sélection, 40 % pour l’esthétique (harmonie des couleurs, des formes et intégration dans le paysage urbain), 30 % pour l’entretien (fréquences et modalités de nettoyage, de maintenance, de remplacement et délais d’intervention) et 30 % pour la qualité technique et environnementale (solidité, durabilité, sécurité et prise en compte du développement durable). Pour orienter au mieux les entreprises dans le choix esthétique sans trop le fermer, la ville a choisi d’indiquer dans le CCTP que le mobilier urbain devrait être « d’esprit moderne, de forme simple, dans un matériau résistant à l’usage, sans dégradation de sa couleur ou de son aspect d’origine, d’une couleur dominante verte ou brune ». Du côté de l’entretien, elle a demandé que les produits utilisés aient un impact limité sur l’environnement sans imposer de critères, estimant que c’était au candidat de montrer ses possibilités.

Malgré cette ouverture dans le cahier des charges, seule l’entreprise JC Decaux a soumis une offre. « La demande d’occasion n’a pas changé grand-chose dans la réponse à l’appel d’offres, assure Véronique Simmler, c’est sur le terrain que la démarche est qualité, on retrouve les mêmes avantages que le neuf.  » Le marché lui a été attribué et notifié en novembre 2009 pour une durée de 12 ans.

Entretien avec Béatrice Curvale, Directrice du pôle Moyens généraux de la ville de Suresnes

Mon conseil : préparez-vous un an à l’avance !

HA : Avez-vous établi des critères sur le recyclage ?

Béatrice Curvale : C’est un sujet innovant, nous n’étions pas sûrs du marché. Si nous avions été trop précis, nous n’aurions pas eu forcément d’offre. Et, en plus, c’est un appel d’offres ouvert, tout le monde devait pouvoir y répondre. De toute façon, je trouve stupide d’exiger 56 % de matière recyclée, alors que nous ne pouvons pas vérifier qu’il y en a bien 56 % ! Nous jugeons sur des résultats et pas des moyens. Nous avons établi un cahier des charges fonctionnel. À charge pour le fournisseur de fournir une proposition en rapport avec ses moyens.

HA : Avez-vous essayé d’aller plus loin avec une possibilité de variantes ?

BC : Nous avons proposé deux variantes pour laisser plus de place à la création et au développement durable. Les candidats pouvaient présenter des modèles différents de mobiliers de qualité supérieure et un système d’alimentation en énergie des mobiliers autre que l’énergie électrique. Mais nous n’avons pas eu de résultat.

HA : C’est dans le même esprit que vous avez largement ouvert le cahier des charges ?

BC : Oui, nous l’avons beaucoup ouvert à la concurrence. Ainsi, pour éviter la prime au titulaire sortant, nous avons donné six mois pour changer le mobilier. Nous savions également que l’une des deux grandes entreprises du secteur ne pouvait répondre si nous posions un critère sur la gratuité ou non des toilettes publiques. Nous avons donc laissé l’option ouverte. Pour le choix des couleurs, c’est la même philosophie. Nous avons choisi le vert ou le brun comme couleurs dominantes en sachant que JC Decaux, comme Clear Channel, étaient capables de les proposer. Et pour chaque mobilier, ils pouvaient présenter trois modèles possibles sans soumettre une variante.

HA : Y a-t-il une démarche particulière à mettre en œuvre ?

BC : Dans tous les marchés, il faut toujours rencontrer le fournisseur pour comprendre l’offre possible. C’est la base. Mais avec un marché innovant et dans le mobilier urbain, c’est encore plus important, notamment pour la sécurité juridique. C’est un domaine où il y a beaucoup de contentieux. Le cahier des charges ne devait pas fermer l’offre pour éviter tout risque. Et évidemment, nous voulions avoir une réponse qui nous satisfaisait. Suresnes ne représente pas un poids économique très important. Si nous avons un niveau d’exigence trop élevé, les entreprises ne vont pas retrouver un retour sur investissement intéressant et ne répondront pas.

HA : La phase de préparation du dossier a duré longtemps. Est-ce incompressible ?

BC : Mon conseil aux collectivités qui veulent se lancer dans ce type de marché : préparez-vous un an à l’avance. Si on veut une synergie entre tous les services concernés (voirie, communication externe et commande publique), si on veut que chacun propose et valide, il faut du temps. Je pense qu’il faut également nommer un pilote du projet qui soit un tiers, neutre, pour qu’il puisse fédérer.

HA : Avez-vous senti des frilosités chez les élus ou les collègues sur le fait que le futur mobilier ne soit pas neuf ?

BC : Un peu. Cela peut sembler moins clinquant que du neuf. Il a fallu communiquer pour expliquer que des mobiliers urbains d’occasion reconditionnés neufs ne représentaient pas une offre a minima. Et au contraire ! Le mobilier urbain s’inscrit très facilement dans une démarche de développement durable, parce qu’il est pérenne !

CONTACT

Béatrice Curvale
Directrice du pôle Moyens généraux
Hôtel de Ville
2, rue Carnot – 92151 Suresnes Cedex
Tél. : 01 41 18 17 27


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