Dépendance : quelle charge pour l’aidant?

Publié le 9 octobre 2013 à 0h00 - par

L’APF vient de publier les résultats d’une enquête sur la charge de l’aidant familial ou du proche aidant.

À l’occasion de la Journée nationale des aidants du 6 octobre, l’APF a publié les résultats de son enquête sur la charge de l’aidant familial ou du proche aidant. Cette étude dessine le portrait de l’aidant familial « type ».

L’APF rappelle qu’elle demande « la reconnaissance spécifique de nouveaux droits : aides financières, droits sociaux, formations, accès à des dispositifs de répit et/ou de soutien, pour les 8,3 millions de Français aidants ».
 

Qui sont les aidants ?

Les trois quarts (74,3 %) des aidants sont des femmes. Ce sont aussi des ascendants dans 56 % des cas et un tiers d’entre eux sont des conjoints.

Les trois quarts (76,6 %) des proches aidants répondants vivent en couple. Plus de 9 proches aidants sur 10 cohabitent avec la personne aidée, dont un quart de façon discontinue (fin de semaine, vacances en famille…). La moyenne d’âge des proches aidants est de 55,4 ans.
 

Combien de temps et quelles activités ?

L’aide apportée représente une charge horaire importante, révèle l’étude : plus de 40 heures par semaine pour un tiers des répondants. Et elle s’inscrit dans la durée : en moyenne depuis plus de 16 ans ! Certaines aides sont apportées de façon quotidienne : 64 % des répondants aident pour la vie domestique, 62 % pour l’hygiène, 52 % pour du soutien moral et 44 % pour de la surveillance.

Les aides hebdomadaires concernent surtout l’accompagnement à la vie sociale (28 %), celui lors des visites médicales (21 %) et les démarches administratives (20 %).

Les activités les plus souvent réalisées (plus de 75 % des proches aidants) concernent les actes de la vie quotidienne et domestique. Pour plus de la moitié, outre les tâches administratives, il s’agit d’aides plus « techniques », comme l’accompagnement à la vie sociale, le soutien moral, la surveillance et les soins associés (épilepsie, prise et préparation des médicaments…), l’entretien des aides techniques et l’aide à l’acquisition de l’autonomie. L’aide familiale est exclusive pour une bonne moitié (54,1 %) des personnes aidées.
 

Les impacts sur la vie des aidants

Sur la vie professionnelle

Un aidant sur deux déclare que le rôle d’aidant représente un choix préjudiciable pour sa carrière professionnelle et moins de quatre sur dix ayant répondu à l’enquête exercent une activité professionnelle ! 40 % des répondants ont aménagé leur temps de travail en raison de l’aide apportée à un proche.

Ces aménagements (un même aidant familial pouvant utiliser plusieurs modalités) ont consisté en une flexibilité des horaires (47,1 %), un renoncement à des opportunités de carrière (42 %), un passage à temps partiel (37,5 %) ou un départ anticipé à la retraite (25 %). Seuls 7,3 % ont utilisé les congés existants, « ce qui montre leur inadéquation », estime l’APF.

Enfin, 62,5 % des aidants familiaux répondants n’exercent pas d’activité professionnelle. Parmi eux, 14,1 % déclarent avoir été contraints d’arrêter de travailler pour s’occuper de son proche aidé.
 

Sur la vie personnelle

Plus de 80 % des répondants estiment que les domaines de leur vie les plus touchés, en raison de leur rôle d’aidant, sont ceux de leur vie sociale et de leur santé physique. Viennent ensuite, de très près, leur sommeil et leur santé psychique, pour plus de 73 %.

Les ressources financières et la vie familiale sont impactées pour plus de 70 %. Enfin, la vie sentimentale est touchée pour 62,5 % des répondants, dont 41,4 % de manière importante.

Les aidants familiaux ressentent des manques ou des privations en ce qui concerne leur liberté et leur temps. 28 % ont envie d’indépendance, de temps libre pour soi, pour « ce que l’on a envie », sans obligations. Les loisirs, la sérénité, la reconnaissance, le moral, la vie sociale, le soutien, la santé de la personne aidée, sont des manques également régulièrement cités, rapporte l’APF.
 

Quid de la formation ?

Moins de la moitié des répondants disent avoir reçu des informations concernant les aidants proches et ils sont moins de 1 sur 10 à avoir reçu des formations. Ces chiffres confirment le peu de soutien aux aidants familiaux en la matière. 8,6 % disent avoir reçu un soutien des proches et de la famille et 20 % de divers professionnels, via des services d’aide à domicile ou des groupes de parole.
 

Pour une reconnaissance au plus juste des besoins des aidants

Ces données montrent la charge importante et multidimensionnelle qui pèse sur les aidants. Le manque d’information, de soutien, de formation, de droit au répit alourdit également le rôle de l’aidant familial. L’APF rappelle que « les solidarités familiales ne doivent en aucun cas remplacer la solidarité publique ! »

Ainsi, l’association demande « une compensation et une reconnaissance au plus juste des besoins des proches aidants, afin de prévenir au mieux l’aggravation de leur charge de travail auprès de leur proche aidé ». Les résultats de cette enquête vont ainsi lui permettre de poursuivre son travail de revendication pour :

– La mise en place d’une allocation avec des paliers selon la charge de l’aidant familial, qui pourrait remplacer le dédommagement ;

– La mise en place d’un crédit de temps rémunéré pour du temps de répit, selon la charge de l’aidant familial ;

– La mise en place d’un crédit formation selon la charge de l’aidant ;

– La mise en place d’une autoévaluation régulière de la situation d’aide.
 

Pour aller plus loin : Une nouvelle approche des aidants familiaux : enquête sur la charge de l’aidant familial ou proche aidant, APF, octobre 2013


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