La pauvreté s’enracine en France

Publié le 17 septembre 2014 à 0h00 - par

Les deux tiers des Français déclarent avoir un proche dans la pauvreté, selon le Secours populaire français.

La pauvreté s'enracine en France

« La pauvreté s’étend et s’enracine ». C’est le terrible constat qui s’impose, à la lecture du Baromètre Ipsos-Secours populaire français 2014, présenté le 11 septembre. Ainsi, les deux tiers (66 %) des personnes interrogées ont un proche qui vit la pauvreté, contre 56 % en 2007, révèle la huitième vague de ce Baromètre.

Pour 29 % d’entre elles, ce sont même des membres de leur famille. Ces préoccupations leur sont devenues si familières qu’elles déclarent, à 86 %, craindre de voir leurs enfants basculer dans la pauvreté, plus encore que leur propre génération. « En 2014, la précarité se généralise, la peur de l’avenir pour soi ou pour ses enfants touche des couches de plus en plus larges de la population », commente le Secours populaire.

Ces chiffres viennent confirmer l’enquête de 2012 sur les conditions de vie des bénéficiaires de minima sociaux menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et publiée fin juin 2014, mais également le rapport 2013-2014 de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES).

Le Baromètre Ipsos-Secours populaire français 2014 a été l’occasion de reprendre une série d’indicateurs testés pour la première fois en 2007. « Sept ans après, les réponses obtenues permettent de mesurer l’ampleur et l’impact de la crise économique qui a touché la France », explique Amandine Lama, directrice d’études chez Ipsos.

De fait, les Français s’avèrent plus nombreux à avoir eux-mêmes expérimenté la pauvreté à un moment de leur vie (35 % en ont fait la dure expérience, contre 30 % avant la crise). Ils sont donc aussi davantage entourés par des personnes qui vivent des situations difficiles.

« Pour une proportion significative de la population française, il est aujourd’hui très difficile de boucler ses fins de mois et le « reste à vivre » (une fois qu’on a payé toutes ses dépenses contraintes) est limité », poursuit Amandine Lama. Pour les personnes reçues dans ses permanences, le « disponible pour vivre par jour et par personne » est ainsi, en moyenne, de 5,60 euros, révèle le Secours populaire français. « L’épargne apparaît alors comme un luxe inaccessible, ce qui renforce la vulnérabilité face aux aléas de la vie », complète le Baromètre.

Ces problèmes financiers ont des conséquences très concrètes. La grande difficulté, pour nombre de Français, de se faire soigner en est un terrible exemple, constate le Secours populaire français. Selon les résultats de son Baromètre 2014, 18 % des Français déclarent ainsi qu’ils ont déjà dû, tout simplement, renoncer à une consultation chez un dentiste, en raison de son coût. C’est 5 points de plus qu’en 2008.

Autre chiffre : près d’un tiers (32 %) des Français disent avoir déjà renoncé à l’achat de prothèses dentaires ou l’avoir retardé de plusieurs mois.

Enfin, si les Français sont toujours très anxieux quant à l’avenir de leurs enfants, ils se montrent, cette année, un peu moins inquiets pour eux-mêmes. Espérons que ce sont les prémisses d’une reprise de la confiance qui sera confirmée dans les prochaines éditions du baromètre », conclut Amandine Lama.

Source : La pauvreté : plus qu’une crainte, une réalité pour de nombreux Français !, Ipsos, septembre 2014


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale