Les allocataires des aides sociales départementales fortement localisés

Publié le 5 mai 2011 à 0h00 - par

L’Insee publie dans sa revue Insee Première du mois d’avril une étude menée conjointement avec la Drees sur l’action sociale à l’insertion selon les départements. Allocataires du RSA et de l’APA y apparaissent très concentrés.

Les chiffres portent sur fin 2009. Quatre groupes de départements se distinguent de la moyenne nationale.

Le premier rassemble des départements où la part de la population bénéficiaire du RSA est fortement supérieure (plus de 50 %) à celle observée sur l’ensemble des départements de France, mais où les personnes âgées bénéficiant de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ne sont pas, en valeur relative, plus nombreuses qu’ailleurs. Il s’agit des départements du Nord, de la Seine-Saint-Denis, des Bouches-du-Rhône, du Gard, des Pyrénées Orientales et de l’Aude. Dans ces départements, le niveau de vie de la population pauvre oscille entre 18 % et 21 % en dessous du seuil de pauvreté (13,4 % sur l’ensemble de la France). Le taux de bénéficiaires du RSA parmi la population est – assez logiquement – corrélé à la part de population pauvre au sein du département, au taux de chômage, notamment parmi la jeunesse, et au caractère urbain ou non du territoire, démontre l’étude. Ainsi, 8,3 % des habitants de la Seine-Saint-Denis bénéficient du RSA, contre 4,3 % sur l’ensemble du territoire national. Dans ces départements, la pauvreté touche donc a priori surtout la jeunesse et les chômeurs.

Ce premier groupe partage de nombreuses caractéristiques avec le second, où les bénéficiaires du RSA comme ceux de l’APA sont plus nombreux qu’ailleurs. Il s’agit du Pas-de-Calais, des Ardennes, de l’Hérault, du Tarn-et-Garonne et de l’Ariège. Le taux de pauvreté y est entre 16 % et 20 %, soit légèrement inférieur à celui observé dans le premier groupe. Les deux groupes affichent cependant des taux de chômage élevés ainsi qu’un chômage de longue durée endémique. Les enfants dont aucun des parents ne travaillent y sont plus nombreux qu’ailleurs (de 10 % à 17 % contre 9 % de moyenne nationale). Les taux de bénéficiaires de la CMU complémentaire ainsi que la part de familles monoparentales parmi les familles pauvres y sont aussi supérieurs (20 % contre 9 % pour ce dernier chiffre). On observe aussi dans ces deux groupes un taux d’équipement en places d’accueil des personnes âgées inférieur à celui de la moyenne nationale (entre 78 et 122 places pour 1 000 personnes âgées contre 136 en moyenne).

Le second groupe partage d’autres caractéristiques avec le troisième, où les bénéficiaires du RSA ne sont pas plus nombreux qu’ailleurs, mais où ceux de l’APA sont particulièrement nombreux. Il s’agit des deux départements de Corse, de la Nièvre, la Creuse, de l’Aveyron, la Lozère, la Haute-Loire, les Hautes-Pyrénées et le Gers. Là aussi, le taux de pauvreté est très important, et se concentre sur les personnes âgées, notamment chez les anciens agriculteurs. Les personnes âgées, généralement sous-représentées parmi les personnes pauvres, sont dans cinq de ces départements en surreprésentation.

À l’inverse, d’autres départements se démarquent par une part de bénéficiaires d’aides sociales départementales inférieures à la moyenne, en Haute-Savoie, la Marne, les Hauts-de-Seine, les Yvelines, la Seine-et-Marne, l’Essonne, l’Eure-et-Loir. Le niveau de vie y est plus élevé, et la population y est globalement plus jeune qu’ailleurs.

Enfin, conclut l’enquête, Paris se démarque en étant dans la moyenne concernant le RSA comme l’APA, malgré des écarts de richesse très forts. L’Insee rappelle que le niveau de vie des 10 % les plus riches des parisiens est six fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, contre 3,4 % sur l’ensemble du territoire.

Dans l’ensemble, les allocataires du RSA et de l’APA se concentrent donc sur le Nord de la France, dans le Massif Central, ainsi que le long du pourtour méditerranéen, des Pyrénées aux Bouches-du-Rhône.
Au total, ils étaient 3,3 millions de français à percevoir ces prestations versées par les Conseils généraux fin 2009.  Ces dépenses représentent en 2008 la moitié des dépenses nettes d’action sociale des départements, contre un quart en 2000, l’APA ayant été créée en 2002, et le RMI transféré de l’État vers les départements en 2004, avant d’être remplacé par le RSA en 2009.