Plus de 80 % des victimes de violences conjugales ont au moins un enfant

Publié le 24 novembre 2014 à 0h00 - par

Les enfants sont toujours victimes des violences conjugales, et plus de 80 % des femmes maltraitées ont au moins un enfant. C’est ce qui ressort du rapport 2013 du réseau Solidarité femmes, présenté lundi  à Paris à la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Le 3919, plateforme d’écoute spécialisée gérée par la fédération, a reçu en 2013 plus de 24 000 appels. Sur les dix derniers mois, Solidarité femmes observe une augmentation du nombre d’appels de 30 %.

« L’appel, anonyme, est un point d’entrée », a expliqué à l’AFP Adrien Ricciardelli, responsable de la plateforme. « Pousser la porte d’une association peut en effet être difficile pour un premier contact, car souvent les sentiments de honte ou de peur sont très forts ».

La Fédération nationale Solidarité femmes a lancé également lundi 24 novembre, en présence de la secrétaire d’État aux Droits des femmes Pascale Boistard, sa nouvelle campagne, qui met cette année l’accent sur la protection des enfants. « Exposés ou maltraités directement, les enfants sont toujours victimes », rappelle Françoise Brié, porte-parole de Solidarité femmes.

En 2013, 33 enfants ont été tués dont 13 en même temps que leur mère par son partenaire, et 2 femmes enceintes sont décédées. Selon le rapport du 3919, au moins 12 % des femmes ayant appelé ont des enfants subissant des maltraitances directes.

Une vingtaine d’écoutantes, uniquement des femmes, sont disponibles par roulement sept jours sur sept. Elles permettent ainsi aux victimes de violences de la part de leur conjoint ou de leur ex-conjoint de verbaliser leur situation souvent pour la première fois auprès d’un professionnel. Elles sont psychologues, juristes ou assistances sociales et formées en continu pour répondre aux femmes qui les contactent.

« On laisse la personne s’exprimer, parler de la nature des violences, de la présence de certains éléments médicaux et juridiques qui donnent une idée de la situation », détaille Émilie, assistante juridique de formation et salariée de la plateforme. « Nous allons aiguiller la femme vers telle démarche ou telle association, mais à aucun moment nous ne la poussons à faire quoi que ce soit, elle doit se sentir très libre », dit-elle.

La victime tarde souvent à se manifester car des périodes « d’accalmie » interviennent généralement entre des épisodes violents, précise Émilie, évoquant de nombreux cas de violences « ni quotidiennes, ni physiques ».

Solidarité femmes est un réseau de 11 associations en Île-de-France et 65 sur le reste du territoire.

Aider les femmes à anticiper les violences, à préparer un éventuel départ et mettre en place une mise en sécurité sont les principales missions de ces associations.

La Fédération nationale met aussi chaque année à disposition des logements à 6 500 victimes de violences conjugales.

« Mais cela ne représente que 10 à 30 % des demandes », souligne Françoise Brié, alors que le réseau demande un effort gouvernemental supplémentaire sur cette question.

Ce numéro reçoit en moyenne entre 250 et 300 appels quotidiens, le double en période de campagne de sensibilisation.

Si le 3919 n’est pas un numéro d’urgence, il doit devenir la référence en matière de violences conjugales.
 

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