Un quart des SDF ont un emploi !

Publié le 11 avril 2014 à 0h00 - par

Selon une étude de l’Insee, les sans-domicile occupent « des emplois aussi fragiles que leurs conditions de vie ».

Début 2012, un quart des 66 300 sans-domicile adultes francophones usagers des services d’aide dans les agglomérations de 20 000 habitants et plus avaient un travail régulier ou un « petit boulot » et les deux cinquièmes étaient au chômage. C’est la terrible révélation d’une récente étude de l’Insee (Insee Première n° 1494, avril 2014). Moins surprenant, neuf SDF sur dix ont déjà travaillé au cours de leur vie. Le taux d’activité des sans-domicile est donc « élevé », constate l’Institut.
 

Un taux d’emploi lié aux conditions d’hébergement

Le taux d’emploi des personnes sans domicile est d’autant plus élevé que leurs conditions d’hébergement sont stables, pointe l’Insee. Ainsi, 31 % de ceux occupant un logement fourni par une association travaillent et 25 % pour ceux logés dans un centre où ils peuvent rester la journée. Cette proportion tombe à 21 % parmi ceux qui résident à l’hôtel  et à 13 % parmi les personnes fréquentant un centre d’hébergement qu’il faut quitter dans la journée ou qui vivent dans la rue.
 

Les SDF occupent des emplois peu qualifiés

Quand ils occupent un emploi, les SDF sont surtout salariés. En effet, seuls 4 % déclarent être indépendants. Parmi les salariés, 8 % travaillent dans la fonction publique (État, territoriale ou hospitalière), 5 % pour un centre d’hébergement ou un foyer – souvent en contrepartie de l’hébergement ou d’un repas (presque uniquement des hommes) -, 19 % pour une association. Les deux tiers restant sont salariés dans une entreprise ou chez des particuliers.

Lorsqu’ils travaillent, les sans-domicile occupent, « presque exclusivement », des emplois peu qualifiés. 93 % sont employés ou ouvriers, contre une personne sur deux pour l’ensemble de la population occupant un emploi en France. La proportion d’ouvriers non qualifiés est également beaucoup plus importante chez les SDF que dans l’ensemble de la population (31 % contre 7 %).

Les hommes sans domicile sont souvent ouvriers du bâtiment (20 %) ou employés dans l’hôtellerie ou la restauration (22 %). Près de la moitié des femmes qui travaillent sont, quant à elles, employées dans les services aux particuliers et 15 % dans l’hôtellerie ou la restauration.
 

Plus de 20 % des SDF salariés n’ont pas de contrat de travail

Chez les SDF, l’ancienneté dans l’emploi est faible. De fait, les deux tiers d’entre eux travaillent pour le même employeur depuis moins d’un an. À l’inverse, un quart d’entre eux travaillent pour le même employeur depuis au moins trois ans.

Deux sans-domicile salariés sur cinq bénéficient d’un contrat à durée indéterminée (CDI), contre 87 % de l’ensemble des salariés. Un quart a un contrat à durée déterminée (CDD), les autres occupent des emplois temporaires (15 %) ou n’ont pas de contrat de travail (22 %). Quand ils travaillent pour une association ou un centre d’hébergement, beaucoup n’ont pas de contrat de travail (45 %) ou ont un CDD (31 %). Plus de la moitié des autres salariés sont également dans une situation précaire : 15 % n’ont pas de contrat de travail, 22 % sont en CDD et 17 % sont intérimaires, stagiaires ou saisonniers.

Les femmes ont des emplois plus stables que les hommes. Près d’une sur deux est en CDI, contre un homme sur trois. Elles sont, également, plus souvent en CDD (31 % contre 19 % chez les hommes) et travaillent beaucoup moins souvent sans contrat de travail (10 % d’entre elles contre 30 % des hommes).
 

Les SDF frappés par le chômage de longue durée

Le chômage de longue durée touche une part importante des sans-domicile. Ainsi, 43 % de ceux au chômage recherchent un emploi depuis plus de 2 ans (20 % parmi les chômeurs en France). Cela est plus particulièrement le cas pour les hommes (49 % contre 32 % chez les femmes) et pour les personnes de plus de 50 ans (56 %).

Au cours du mois précédent l’enquête de l’Insee, les chômeurs sans domicile ont, en moyenne, effectué trois démarches de recherche d’emploi. Dans près d’un cas sur deux, associations et travailleurs sociaux les accompagnent. Au cours de leur recherche, la majorité a pris contact avec Pôle emploi (73 %) ou s’est adressée directement à un employeur (49 %).

Plus des trois quarts (77 %) des SDF au chômage connaissent de nombreuses difficultés dans leurs recherches d’emploi. L’absence ou le coût du transport sont les deux principaux obstacles auxquels ils sont confrontés. Viennent, ensuite, les frais liés aux recherches d’emploi (correspondance, téléphone, internet, magazines spécialisés). Un quart mentionne le manque de vêtements convenables pour aller voir un employeur. Un tiers des sans-domicile déclarant être limité dans leurs démarches indique aussi, spontanément, être empêché par des problèmes de santé, une mauvaise maîtrise de la langue, des difficultés pour écrire ou lire, ou par le manque de formation ou d’expérience professionnelle.
 

Texte de référence : Les sans-domicile et l’emploi, Des emplois aussi fragiles que leurs conditions de vie, Insee Première n° 1494, avril 2014


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