Gérer l’espace urbain à l’aide des big data

Publié le 13 novembre 2017 à 8h44, mis à jour le 13 novembre 2017 à 8h44 - par

Les communes peuvent expérimenter l’utilisation de données massives pour apporter un meilleur service public, économe et personnalisé. Un ouvrage fait le point sur les « big data » et les territoires.

Gérer l'espace urbain à l'aide des big data

Que peut faire la collectivité des données massives dont elle dispose ? Base de la ville intelligente (smart city), ces informations peuvent, une fois collectées et acheminées par des réseaux, être analysées à l’aide d’algorithmes et de modèles prédictifs, pour piloter diverses applications : meilleure gestion de l’eau et de l’énergie, transports intelligents, maintenance prédictive, régulation automatique des feux…

Avec l’ouverture des données (open data), certaines villes offrent aux citoyens l’opportunité de contribuer à la création de ces nouveaux services. Des services « plus performants car coproduits et personnalisés », explique Jacques Priol, fondateur et directeur de mission du cabinet de conseil et stratégie Civiteo, qui publiera avant la fin novembre Le big data des territoires. Bien que, la plupart du temps, les investissements se concentrent sur la supervision technique des réseaux et des flux urbains ». D’où un risque, en l’absence de stratégie, de voir ces dispositifs innovants cantonnés à des métiers techniques.

Autre écueil : laisser les petites et moyennes communes à l’écart de ces progrès. En effet, les nouveaux usages liés aux données sont généralement financés et maîtrisés par de grands groupes privés qui gèrent la ville par délégation, et non par les services publics. Or, seules les grandes collectivités sont à leurs yeux rentables. Enfin, à l’égal d’autres experts, Jacques Priol pointe un risque de privatisation de la gestion urbaine. Et cite les remèdes aptes à l’éviter, préconisés par le député Luc Belot dans son rapport sur les smart cities d’avril dernier : former davantage les cadres territoriaux aux enjeux du numérique, créer un statut de « données d’intérêt territorial » pour éviter leur captation par les opérateurs privés, et créer des plateformes publiques pour les héberger.

Expérimenter sur un territoire des outils d’analyse et de prédiction à l’aide des big data, pour améliorer la qualité des services, faire des économies et mieux prendre en compte les situations individuelles nécessite rigueur et méthode.

Impossible de basculer totalement dans la smart city. Il convient de se limiter à certains sujets : techniques, sociaux, touristiques, éducatifs… Il faut constituer une équipe projet et désigner un responsable de la donnée qui en supervise l’identification, la collecte et l’utilisation. Il faut aussi recenser les données : internes (connues et à découvrir), externes (disponibles, gratuites ou non, brutes, utiles, potentiellement utiles…). Il est indispensable d’expliquer les motifs du recueil de données, de préciser qui y aura accès, ainsi que les modèles d’analyse, la restitution, l’utilisation d’algorithmes…

Une fois cette phase préparatoire achevée, la collecte des données peut commencer. Se posent alors de nouvelles questions : format, anonymisation, refus de transmission éventuel, stockage, confidentialité… Il faut traiter la sécurité, mise à mal par la multiplicité de partenaires et de réseaux. Les agents doivent être formés à la sécurité numérique et il faut prévoir des clauses de sécurité dans les contrats et les marchés publics. La collectivité doit aussi trouver qui va construire et tester un algorithme utilisant les donnés d’intérêt général, une technologie en pleine évolution.

Le projet big data engagé, la collectivité doit communiquer sur les premières pistes et enseignements, afin de conserver la confiance des usagers dans l’utilisation publique du big data. Les évolutions seront ensuite permanentes.

 

Martine Courgnaud – Del Ry


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