Rénovation des églises : les communes cherchent des financements innovants

Publié le 4 juillet 2016 à 8h00 - par

La très grande majorité des églises catholiques appartiennent aux communes : la charge pèse lourd sur les finances de ces collectivités qui cherchent des solutions innovantes, du mécénat de fondation au financement participatif en passant, à Paris, par des « bâches publicitaires ».

Rénovation des églises : les communes cherchent des financements innovants

En France, 1 951 églises et chapelles paroissiales, construites après la séparation des Églises et de l’État, relèvent des diocèses, selon les chiffres de la Conférence des évêques de France (CEF).

Mais un nombre beaucoup plus élevé d’édifices, les plus anciens, bâtis avant cette loi de 1905, sont la propriété des communes, soit 40 307 églises et chapelles !

« Ce sont les communes qui, sur ces biens, doivent entreprendre les chantiers de restauration et de rénovation », rappelle Maud de Beauchesne, responsable du département d’art sacré à la CEF, qui organisait samedi une « nuit des églises » pour mieux faire connaître ce patrimoine parfois délaissé.

« Généralement ces projets sont menés dans un esprit de bonne concertation » entre les mairies et l’Église, souligne-t-elle.

« Parfois, on peut parler d’incurie », accuse pour sa part la déléguée générale de l’Observatoire du patrimoine religieux, Marie-Laure Pain. « On laisse les choses se dégrader et plus on attend, plus les coûts augmentent. Dans certains villages, quand les travaux prennent une dimension incommensurable, le maire n’a plus que la désaffectation voire la destruction de l’église à proposer ».

La question peut concerner certaines zones rurales, faute de pratiquants. Elle ne se pose pas à Paris, où les églises – 85 appartiennent à la ville – sont visitées par les fidèles, les habitants, les touristes.

Un financement participatif pour la rénovation

Ce patrimoine exceptionnel est-il en péril, du fait d’un sous-investissement depuis les années 70 ? Chutes de pierres à Saint-Eustache, verrières cassées à Saint-Augustin, péristyle qui s’affaisse à la Madeleine… La ville de Paris a annoncé un « plan églises » de 80 millions d’euros pour la mandature en cours (2014-2020), auxquels doivent s’ajouter 10 millions de l’État pour les paroisses classés monuments historiques, et 20 millions de fonds privés. La mairie espère notamment tirer 3 millions d’euros de la pose prochaine de « bâches publicitaires » à la Madeleine, Saint-Eustache et Saint-Augustin.

« On aurait pu nous reprocher de vouloir pallier avec cette opération un désengagement de la ville, mais c’est l’inverse : ce financement complémentaire nous permet d’aller plus vite, et de faire plus que le plan églises », a assuré à l’AFP Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris, chargé notamment du patrimoine.

« Paris noyée sous la pub, ça suffit ! », s’est emportée dans un communiqué la coordinatrice du Parti de gauche Danielle Simonnet, fâchée d’apprendre que la ville s’apprête « en plus à demander l’avis du curé et de l’évêque sur les choix » des visuels apposés sur les bâches. Bruno Julliard assume, souhaitant « éviter la présence de marques qui ne seraient pas consensuelles ».

Dans ces conditions, l’Église ne oit pas l’opération d’un auvais œil. « Il faut être raisonnable et pragmatique. L’argent public n’est pas suffisant. Nous sommes conscients des efforts de la ville, nous aimerions qu’elle en fasse plus, mais il faut l’aider », estime le directeur général des affaires économiques du diocèse de Paris, Philippe de Cuverville.

Le diocèse a d’ailleurs mis en place une fondation « Avenir du patrimoine à Paris » pour abonder les chantiers municipaux, qui a collecté près de 2 millions d’euros en deux ans.

Des opérations de crowdfunding (financement participatif faisant appel à un grand nombre de personnes) peuvent aussi être lancées, comme pour la restauration de peintures murales de Delacroix à l’église Saint-Sulpice : 50 000 euros, sur 400 000, ont ainsi déjà été collectés.

« De plus en plus de collectivités lancent des projets de souscriptions publiques », note Carsten Hanssen, architecte du patrimoine au cabinet Atelier27. Ainsi de la ville d’Auvers-sur-Oise, à laquelle il manque 120 000 euros pour boucler le chantier de rénovation de la toiture de sa célèbre église immortalisée par Van Gogh, menacée par des infiltrations d’eau.

Au-delà du financement, « un des défis, c’est que les moyens humains soient suffisants pour que les travaux suivent », souligne Philippe de Cuverville. La ville de Paris ne nie pas la difficulté, elle qui doit mener « 20 opérations conséquentes », uniquement sur des églises, dans les prochaines années.

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