2011, année fatidique pour l’aide à domicile ?

Publié le 13 janvier 2011 à 0h00 - par

Depuis fin 2009, les organisations du secteur de l’aide à domicile, réunies dans un collectif, « alertent sur la situation dégradée » de ce secteur. En vain. « L’avenir s’annonce sombre pour l’aide à domicile et les services à la personne », estime le collectif.

« 2011 risque d’être une année fatidique » pour l’aide à domicile, « un secteur économique pourtant créateur d’emplois et de cohésion sociale », ont prévenu, le 10 janvier, les 17 organisations regroupées au sein du Collectif de l’aide et des soins à domicile (Adessa A Domicile, ADMR, AD-PA, Aînés Ruraux, APF, CFPSAA, Croix-Rouge française, Familles rurales, FNAAFP-CSF, Fnadepa, Fnapaef, Fnaqpa, Mutualité Française, UNA, Unccas, Uniopss, USB-Domicile).

C’est l’aide auprès de plus de 2 millions de Français, apportée chaque année par les organismes publics et privés à but non lucratif (associations, CCAS, mutuelles…), « qui est menacée ». Au programme : garde d’enfant, aide dans la vie quotidienne des personnes en perte d’autonomie, en situation de handicap, des personnes malades, soutien aux parents, prévention et protection maternelle et infantile, maintien du lien social, aide aux aidants… C’est aussi l’emploi de plus de 220 000 salariés du secteur « qui risque d’être détruit », s’alarme le collectif. Selon ce dernier, des structures ont déjà été ou sont en cours de liquidation ; d’autres sont en difficultés financières ou sont amenées à réduire leur offre de services.

« Malgré les promesses affichées par le gouvernement depuis la table ronde du 22 décembre 2009, aucune solution concrète n’a été apportée », dénonce le collectif. « Pire, la suppression des exonérations de charges patronales, imposée dans la loi de finances 2011, alourdit le coût horaire, y compris pour les structures prestataires et mandataires qui interviennent auprès de publics vulnérables. »

Pour les organisations du secteur, les familles fragilisées seront les « premières victimes des coupes budgétaires ». « Toutes seront privées d’une aide à laquelle elles ont pourtant droit. Le péril est imminent » : près de 6,6 millions d’heures d’intervention auprès des familles pourraient ne plus être réalisées, 120 000 personnes ne plus être aidées et 21 500 emplois menacés.

Le collectif demande à être reçu, « très rapidement », par Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Revendiquant leur rôle d’observateurs privilégiés des besoins des citoyens, ses organisations membres veulent « être associées étroitement, et dès en amont, à une réforme du financement de l’aide à domicile, respectueuse du principe de solidarité nationale et du processus démocratique ». Des pistes ont déjà été formulées par le collectif, en relation avec des conseils généraux, représentés par l’Assemblée des départements de France (ADF).

Par ailleurs, les organisations du secteur réitèrent leur souhait « d’une mise en place rapide d’un fonds d’intervention et de soutien pour éviter licenciements et liquidations judiciaires en cascade ». Et de conclure : « Nous appelons de nos vœux la recherche de solutions pour compenser, de façon pérenne, l’aide auprès des personnes considérées par le gouvernement comme non fragiles. Elles sont pourtant si vulnérables. En effet, sont concernées toutes personnes de 0 à 69 ans, notamment celles en situation de précarité liée à des difficultés économiques, familiales, sociales. Si aucune mesure n’est prise rapidement, il est à craindre que c’est un secteur économique, essentiel au mieux-être des Français, qui sera détruit. »