Améliorer les conditions d’emploi des métiers artistiques

Publié le 7 mai 2013 à 0h00 - par

Un rapport parlementaire préconise diverses solutions, dont les expériences innovantes, pour soutenir l’emploi des artistes, et cite la création concertée d’une résidence d’artistes à Tours.

Fondamental pour contribuer au « redressement productif », le secteur culturel doit offrir aux artistes des conditions d’emploi stables et sécurisées, ce à quoi peuvent contribuer les collectivités. Un rapport de l’Assemblée nationale émet une trentaine de recommandations pour améliorer les conditions d’emploi des métiers artistiques : sécurité des emplois, accès aux droits sociaux, formation continue, défense de la spécificité de l’assurance chômage

Les députés sont attachés aussi à la promotion de nouvelles formes de création et de diffusion culturelles. Ils préconisent notamment de réfléchir à de nouvelles formes d’organisation de l’emploi artistique, qui favoriseraient la pluridisciplinarité et la pluriactivité, et souhaitent encourager les expériences.

Objectif : éviter que l’intermittence demeure la norme. Ainsi, certaines collectivités entreprennent des actions innovantes, comme Tours (Indre-et-Loire), où un lieu pluridisciplinaire de spectacle vivant ouvrira en 2014. Au départ du projet, une association, « Projet 244 », créée en 1999 sur le site d’une ancienne usine de charpente métallique. Acquis par une société d’économie mixte, le site est d’abord loué par la mairie de Tours, qui signe une convention d’occupation à titre précaire avec un collectif composé d’une quinzaine de compagnies artistiques. L’association y développe alors un projet de création culturelle alternative pluridisciplinaire qui mutualise les moyens et les savoir-faire.

Les spectacles associent le théâtre, la musique, le cirque, la danse, la marionnette, à travers un réseau de plasticiens, soudeurs, sculpteurs, et artistes divers, en résidence permanente ou ponctuelle.

Dès 2003, la précarité des conditions de travail et la nature temporaire de l’installation conduisent le collectif à chercher des solutions de relogement avec la ville et l’agglomération tourangelles. En 2006, plusieurs autres compagnies de l’agglomération, dédiées aux arts de la rue, sont associées à la réflexion. À l’issue d’une réunion de concertation, l’intervention financière de l’agglomération est scindée en deux opérations : réhabilitation des ateliers de certaines compagnies, et relogement des autres compagnies.
 

Lieu collectif pour le spectacle vivant

Pendant cinq ans, les compagnies ont travaillé, avec les techniciens de l’agglomération et l’architecte, à toutes les phases de conception et réalisation d’un projet de construction d’un lieu collectif pour le spectacle vivant, le « 37e Parallèle », que les élus votent d’intérêt communautaire à l’unanimité.

Le nouveau collectif, créé officiellement en 2012 après avoir bénéficié d’un dispositif local d’accompagnement, comprend dix structures. Ses statuts prévoient une organisation non hiérarchisée et collégiale, fondée sur la concertation et la recherche du consensus.

L’espace hébergera, de façon permanente, des structures et des résidents qui œuvrent à la création, à la transmission, à la production de spectacles et de projets culturels.

Il aura ainsi plusieurs fonctions : favoriser la mutualisation et les échanges, encourager les initiatives collectives, soutenir le croisement des pratiques professionnelles et contribuer à l’émergence et au développement de compagnies.

Aujourd’hui, celles-ci emploient cinq cents intermittents chaque année et leur activité globale (1,5 million d’euros de chiffre d’affaires cumulé) engendre, en moyenne, 200 représentations annuelles dans le département et 450 représentations annuelles en France et à l’étranger, ainsi que des centaines d’heures de formation.

Plusieurs recommandations du rapport intéressent les collectivités, comme la nécessité de respecter le « 1% décoration », qui leur impose d’intégrer des œuvres aux opérations immobilières publiques ou à leurs abords, afin de soutenir les artistes (à hauteur de 1 % du montant hors taxes du coût prévisionnel des travaux, sans excéder 2 millions d’euros). Obligation qui n’est « respectée que très partiellement »…
 

Marie Gasnier

Texte de référence :

Rapport d’information du 17 avril 2013 de la mission d’information commune à la commission des affaires culturelles et de l’éducation et à la commission des affaires sociales sur les conditions d’emploi dans les métiers artistiques


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