Crématoriums : une mise aux normes d’ici 2018

Publié le 19 novembre 2013 à 0h00 - par

Des dispositifs de filtrage devront être installés sur les crématoriums avant le 16 février 2018, pour limiter toute pollution atmosphérique. Cette mise aux normes engage la responsabilité des collectivités.

Seules les communes et les structures intercommunales sont compétentes pour créer et gérer les crématoriums et les sites cinéraires, directement ou en gestion déléguée. Les crématoriums doivent être équipés de filtres, pour éviter la pollution de l’atmosphère (mercure provenant d’amalgames dentaires, métaux lourds, dioxine…) mais aussi des sols (formol utilisé pour la thanatopraxie).

Ces dispositifs devront être installés avant le 16 février 2018. Aujourd’hui, moins d’un crématorium sur cinq respecte les normes, selon une interview donnée par la présidente de l’Union des professionnels du funéraire public, Corinne Loiodice, à La Gazette des communes. En 2015, sur les 182 crématoriums en fonctionnement, seuls 34 (19 %) auront un système filtrant.

La mise aux normes coûte cher : 400 000 euros en moyenne. La situation est donc en attente. Les collectivités qui gèrent les crématoriums en régie (25 %) laissent passer les élections de mars 2014, tandis que les délégataires cherchent à renégocier la durée de leur contrat pour faire face aux coûts de mises aux normes. En effet, afin de respecter l’équilibre financier des contrats, la durée de la DSP peut être prolongée ; le délégataire peut aussi augmenter les tarifs appliqués aux familles.

53 % des Français envisagent de se faire incinérer

L’Union du pôle funéraire public (UPFP) rappelle que l’obligation de mise aux normes des crématoriums engage la responsabilité des collectivités. Elles doivent d’autant plus s’en préoccuper que les Français envisagent désormais, en majorité, l’incinération de préférence à l’inhumation : 53 %, selon une enquête de l’Ipsos en 2010.

Dans les années à venir, l’incinération devrait même représenter 70 %, estime le sociologue Tanguy Châtel, spécialiste des questions de fin de vie, d’accompagnement et de mort. Pour cela, il sera nécessaire d’améliorer les installations et les conditions d’accueil des familles, pour lesquelles la crémation est un moment psychologiquement difficile. Elles considèrent que les cérémonies n’ont pas la profondeur souhaitée et que les salles de crémation s’apparentent à des halls d’hôtels de luxe ou à des salles polyvalentes davantage qu’à des espaces de recueillement. Selon Tanguy Châtel, trente ou cinquante ans seront nécessaires pour « enraciner dans une culture » les crématoriums, souvent construits dans des zones périphériques.

Pour l’UPFP, la fin du monopole communal des pompes funèbres, opérée par la « loi Sueur » du 8 janvier 1993, a conduit à déresponsabiliser les élus ; ils ne se sentent pas concernés par la gestion des pompes funèbres et des crématoriums, qui est pourtant une mission de service public.

 

Marie Gasnier

Texte de référence : Loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire


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