Les grandes villes veulent combattre la pauvreté par l’innovation

Publié le 23 septembre 2011 à 0h00 - par

Les élus de proximité ont de nouvelles réponses à proposer aux Français pour mettre l’économie au service de l’humain. Ils espèrent des évolutions plutôt qu’une révolution.

Les élus locaux ne manquent pas d’audace ! Michel Destot, député-maire de Grenoble et président de l’Association des Maires de grandes villes de France (AMGVF), s’est opposée, ce 14 septembre, à la réduction du financement du programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD). Le PEAD est remis en cause suite à une décision de la cour de justice européenne et à une contestation juridique de son financement dans le cadre de la politique agricole commune (PAC).

Il devrait en conséquence être amputé de 400 millions d’euros à partir de 2013. « Alors que le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire devrait augmenter de 10 % à 15 % cette année, que les difficultés économiques et sociales touchent plus fortement les plus démunis, les Maires de grandes villes jugent cette décision incompréhensible et inacceptable », a martelé Michel Destot.

Cette triste actualité montre, s’il en était besoin, que l’AMGVF a su retenir un sujet pertinent pour sa onzième Conférence des Villes qui se déroulera, le 28 septembre prochain à l’Hôtel de ville de Paris. Dans un contexte de fortes tensions financières, et à quelques mois des élections présidentielles, les élus locaux ont invité des grands patrons, des personnalités de la société civile et des ministres à débattre sur le thème : « Urgence économique et sociale : oser de nouvelles réponses ».

À l’issue de la rencontre, l’AMGVF devrait publier un manifeste politique, abordant les sujets que les élus ont identifiés comme prioritaires, sous le titre : « Maires, de l’audace, encore de l’audace ! ». Les grands territoires urbains concentrent en effet à la fois les talents et les populations pauvres ou en voie de précarisation. Leurs maires s’estiment donc bien placés pour apporter des éléments de réponses par l’innovation sur cinq thèmes jugés essentiels : la jeunesse (et l’éducation), la lutte au quotidien contre la pauvreté, la politique de la ville (au point mort depuis le « Plan Marshall pour les banlieues » promis par Fadela Amara), l’intégration et la croissance économique par l’investissement.

Car les grandes collectivités locales continuent à investir pour l’avenir. Elles représentent 71 % de l’investissement public malgré un ralentissement constaté par l’Observatoire des finances locales en 2010. Les élus demandent donc, dans ce contexte de crise exceptionnelle, à avoir un accès facilité au crédit. Ils attendent notamment beaucoup de la création de l’agence de financement des investissements locaux, prévue pour fin 2012. Ils demandent aussi à l’État et à la Caisse des Dépôts de pouvoir disposer des fonds du Livret A.

L’urgence est quantifiable. 75 % des Français estiment vivre moins bien qu’avant et seulement 14 % ont l’impression de vivre mieux, selon un sondage commandé à TNS Sofres par l’AMGVF (réalisé par téléphone les 6 et 7 septembre 2011 auprès d’un échantillon de 980 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus). Ce jugement constitue un record historique dans l’évolution de la situation personnelle des Français à travers les enquêtes de TNS Sofres réalisées depuis 1981. Ce sentiment est fortement perçu chez les 25-49 ans (81 %), et chez les employés et ouvriers (84 %).

Les résultats d’un second sondage complémentaire devraient être dévoilés au cours de la Conférence des villes. Les enquêteurs ont posé trois nouvelles questions. Faudrait-il changer la société pour partie ou complètement ? À qui faire confiance pour mettre en œuvre ces changements ? Et quelles dépenses ne peuvent-elles pas être supprimées, dans un contexte d’arbitrage rendu difficile par la crise des finances publiques ? Nul doute que les Français font encore confiance à leurs maires pour défendre leurs acquis sociaux dans les domaines qui les préoccupent le plus actuellement : la santé et l’éducation. Pour le président de l’AMGVF, « il est urgent de redonner espoir aux Français ».

Alan Kerhel