Philippe Schiesser, directeur du cabinet Écoeff, spécialisé dans l’écoconception

Publié le 10 février 2010 à 0h00 - par

La qualité écologique d’un produit se mesure grâce à l’analyse de son cycle de vie. Huit à 10 indicateurs existent. L’indicateur CO2 est loin d’être suffisant.

Philippe Schiesser, directeur du cabinet Écoeff, spécialisé dans l’écoconception

Il n’y a pas de recette miracle pour choisir les indicateurs permettant de connaître l’impact écologique d’un produit, encore moins d’indicateur unique. Il faut, dans tous les cas, s’appuyer sur un diagnostic quantifié et veiller à ne pas tomber dans le piège des idées reçues. On ne peut faire l’économie d’une analyse en amont, adaptée à son marché.

Fort heureusement, des solutions simples existent. C’est le cas, notamment, pour les produits consommateurs d’énergie et faisant appel à des consommables (les imprimantes par exemple). En revanche, la question de la qualité écologique de certains produits est moins évidente : le renouvelable ne l’est pas toujours à 100 % sur son cycle de vie, le durable est parfois concurrencé par le recyclable… Bref, l’outil le plus adapté pour mesurer ces écarts reste l’analyse du cycle de vie, seule méthode de diagnostic des impacts environnementaux normalisée au niveau international. Les méthodes de calcul que propose cette analyse permettent en effet de disposer de huit à 10 indicateurs (acidification, épuisement des ressources, écotoxicité…). Tenir compte du seul indicateur carbone, c’est préférer le flou à la 3D !

La nouvelle norme ISO 14006* (Système de management environnemental – Lignes directrices relatives à l’écoconception) va offrir à l’acheteur un texte adapté à l’intégration de l’écoconception dans le management environnemental classique (type ISO 14001). Il faudra également, en parallèle, réformer la réglementation (Code des marchés publics et directives europénnes) pour intégrer cette nouvelle approche au niveau de la sélection des candidatures. Cette évolution permettra d’asseoir de façon plus adaptée la capacité de l’entreprise à répondre aux enjeux produits… et à la demande de ses clients. C’est aussi une chance formidable de construire des cahiers des charges complets, en lien direct avec l’objet du marché et la performance produits attendue.

Reconnue par la circulaire du Premier ministre du 3 décembre 2008, notamment pour l’achat de mobilier, l’écoconception devrait être stimulée encore plus directement par les travaux au niveau de l’affichage environnemental.

Mais tout ceci reste encore cantonné au niveau des biens de grande consommation.

L’acheteur public devrait bénéficier de façon directe de l’avènement d’un cadre législatif et réglementaire plus contraignant au niveau de la mise sur le marché des produits. Ses fournisseurs devant déjà répondre à des contraintes croissantes, tout l’enjeu des prochaines années va être de décliner de façon adaptée des exigences complémentaires et de contrôler de façon plus fine les différents certificats présentés. L’écoconception en entreprise passera plus que jamais par des acheteurs formés et des politiques publiques ambitieuses.

* Cette norme devrait voir le jour en 2011 selon l’Afnor.


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