Gérald Drubigny : « L’action culturelle permet de modifier la vie des gens »

Publié le 8 juin 2012 à 0h00 - par

Gérald Drubigny est un professionnel de l’action culturelle dans les collectivités territoriales. Il animera, dans ce cadre, la formation Weka « Culture et territoires : enjeux et perspectives », le 28 juin prochain.

Weka : Gérald Drubigny, pouvez-vous présenter votre parcours ?

Gérald Drubigny : Je suis philologue de formation, et la philologie pour moi est une logique de pensée : comment pense l’autre, celui qui est en face ? Cette question m’a mené à la linguistique. Si on veut entrer en contact avec quelqu’un, il faut pouvoir déchiffrer son code d’expression. Cela m’a conduit à des études de langues, à l’Université et au sein d’une école d’Interprètes, puis à la communication, à l’art et à la culture, et enfin à la diplomatie.

Weka : Pouvez-vous préciser ?

Gérald Drubigny : Je suis l’un des pionniers de l’action culturelle dans les collectivités territoriales. J’ai commencé en 1970. Nous étions alors six personnes à créer les fameuses directions d’affaires culturelles dans les collectivités et les municipalités. À partir de là, en essayant de comprendre l’autre, j’ai voulu entendre l’action culturelle comme étant une action artistique, bien sûr, mais aussi une façon de modifier la vie des gens. En 1985, par exemple, j’ai mis en place le « Plan informatique pour tous » sous le gouvernement Fabius, dans une ville moyenne de 70 000 habitants.

Weka : Fort de cette expérience, vous animez la formation « Culture et territoires : enjeux et perspectives » pour Weka. À qui s’adresse-t-elle ?

Gérald Drubigny : Nous assistons aujourd’hui à une fracture technologique et culturelle, c’est-à-dire à une coupure entre les jeunes générations et les plus anciennes. C’est un vrai fait (culturel) de société. Cette formation s’adresse donc aux élus et aux cadres dirigeants : c’est à eux de traiter cette fracture. Ils doivent être à l’écoute de l’autre pour pouvoir répondre à cette énorme évolution.

Weka : Quels en sont les objectifs majeurs ?
 

Gérald Drubigny : L’objectif majeur est de faire prendre conscience aux participants que les villes et les régions qui ont réussi ou réussissent sont celles qui ont misé sur l’art, la culture et la technologie.

Par exemple, la Bretagne est maintenant la première région technologique européenne. Bordeaux a bien compris cela également : Alain Juppé, son maire, a fait en sorte que la ville bouge de façon extraordinaire, en organisant des événements culturels et en décidant des travaux du tramway. Jean-Marc Ayrault à Nantes l’a bien compris aussi. Les élus et les cadres dirigeants doivent infléchir leur politique dans cette direction. C’est la seule solution pour aller à la conquête du mieux être dans les villes et de la résolution de cette fracture.

Weka : Une partie de cette formation présente les outils novateurs adaptés à l’action culturelle et territoriale, pouvez-vous préciser ?

Gérald Drubigny : Il faut rappeler aux villes qu’elles doivent se battre pour devenir Capitale culturelle européenne : cela apporte des subventions et cela transforme l’ambiance.

Pour y parvenir, le premier outil est la technologie. Yvon Rastetter, ingénieur spécialiste TIC et logiciel libre et co-fondateur d’ArtSsoft, développera ce thème. Il expliquera comment modifier le format de la ville pour gagner des combats à l’échelle européenne et mondiale. Cela va de l’ordinateur aux tablettes jusqu’à la numérisation des documents, mais aussi la circulation et la mobilité des populations, grâce aux transports intelligents.

C’est aussi la mise en place de nouveaux rapports entre les élus et les différentes catégories socioprofessionnelles et d’âge de la population pour avoir un dialogue constant. Il faut ‘twitter’ aujourd’hui. Un élu qui ne se lance pas dans les nouveaux modes d’information et de communication est à côté de la plaque. On l’a bien vu avec les élections présidentielles, où chacun ‘twittait’ à qui mieux mieux. Ce sont ceux-là qui marchent.

Un autre outil sera présenté par Francis Peduzzi, directeur de la Scène nationale « Le Channel » à Calais. Ancien président du SYNDEA, il fera du « Channel », son Pôle de production pour les arts de la rue et du cirque à Calais. C’est une ville très difficile, exsangue sur le plan économique, où il y a énormément de passage : comment redonner goût aux Calaisiens pour changer la ville ?

Le théâtre de rue est une solution. Et les arts exigent populaires. Nantes l’a bien compris avec sa promotion pour l’art contemporain dans l’Estuaire.

Francis Peduzzi insistera également sur l’importance de l’architecture et de l’urbanisme. Un sujet repris par Jean-Michel Puiffe, directeur de la Scène nationale de Sénart à Combs-la-Ville et Moissy-Cramayel. Il parlera de Sénart, une ville nouvelle créée dans les années 70. Elle a été pensée, portée par des élus dynamiques qui ont compris que le théâtre de rue et la fête étaient très utiles. C’est un vrai prototype dans une architecture et un urbanisme plus que contemporain, presque futuriste. Le théâtre sera au centre de la ville !

Enfin, Marie Moreau-Descoings, Inspectrice de la création artistique au ministère de la Culture et de la Communication, ne proposera pas d’outil, mais représentera le rôle de l’État, qui doit être le garant de l’évolution des choses, en accompagnant et en cadrant les choses pour les élus. Ce sera là encore un témoignage essentiel.

 

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