La biodiversité, une opportunité pour créer des villes durables

Publié le 15 janvier 2016 à 17h12 - par

La nature en ville a des répercussions directes sur la santé et le bien-être mais aussi sur l’économie. Or, la biodiversité est insuffisamment prise en compte dans la gestion urbaine.

La biodiversité, une opportunité pour créer des villes durables

Disparition ou fragmentation des habitats, pollution, changement climatique, introduction d’espèces invasives, surexploitation des ressources… Autant de menaces pour la biodiversité, constate le plan Bâtiment durable, qui a publié un rapport sur les interactions entre le bâtiment durable et la biodiversité*. Mais la prise de conscience est très faible ; les impacts économiques pour les villes, significatifs, « sont « encore insuffisamment investigués ».

Qu’il s’agisse en effet de bénéfices écologiques, sociaux ou économiques, la biodiversité est essentielle pour la ville. Outre son effet sur le cadre de vie, elle améliore les conditions sanitaires (qualité de l’air…) y compris à l’intérieur des logements, renforce le sentiment de sécurité et d’appartenance à un quartier. En préservant la nature en milieu urbain, une commune augmente son attractivité tout en créant des emplois et en réduisant les îlots de chaleur. Les factures énergétiques, publiques et privées, diminuent et les produits végétaux offrent des sources de produits alimentaires (jardins familiaux…). Une liste d’atouts trop longue pour la dérouler toute…

Toutefois, même s’ils ont conscience de l’importance de créer des espaces verts, les élus ne connaissent pas toujours les impacts réels de la biodiversité et la façon de la gérer. D’où certaines actions contre-productives, comme l’utilisation abusive de pesticides, l’implantation d’espèces invasives ou allergènes… La nature « sauvage » est souvent mal perçue par les citadins ; lorsque la commune laisse pousser la flore au pied des arbres, ils y voient des mauvaises herbes inesthétiques qui abritent des animaux indésirables : insectes, rongeurs, puces…

Selon le plan Bâtiment durable, les schémas de cohérence territoriale (Scot), les plans locaux d’urbanisme (PLU) et la loi de transition énergétique sont trop axés sur la préservation de la nature et « les acteurs qui conçoivent et fabriquent la ville » ressentent la biodiversité comme une contrainte. En outre, les politiques manquent de cohérence entre les échelles locales (territoire, éco-quartier, parcelle, bâtiment) mais aussi avec la politique nationale. Dans son rapport, il propose donc vingt actions pour reconnaître et se réapproprier la biodiversité, qui est en grand danger, au service du bâtiment durable et de la ville.

Les propositions sont formulées autour de deux « leviers ». Le premier vise à concevoir la biodiversité urbaine comme un élément clef des processus de décisions et d’actions. Il conviendrait notamment de l’intégrer au bâti au même titre que les enjeux énergétiques, de sensibiliser le grand public et de former les maîtres d’ouvrage, constructeurs, architectes, paysagistes, gestionnaires…

Second levier : utiliser la biodiversité pour aller vers des « villes durables et résilientes », en repensant la manière de concevoir, de construire, de vivre et de rénover les bâtiments, tout en dépassant habitudes et idées reçues.

Le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité sera discuté au Sénat du 19 au 21 janvier ; une plafeforme collaborative est ouverte sur le site du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.

 

Marie Gasnier

 

* Source : Plan bâtiment durable, rapport du groupe de travail « Bâtiment et Biodiversité », décembre 2015


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