Amiante : à la recherche de milliers d’ex-écoliers d’Aulnay-sous-Bois

Publié le 24 novembre 2014 à 0h00 - par

Près de 13 000 anciens écoliers d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), scolarisés entre 1938 et 1975 près d’une usine de broyage d’amiante, vont être contactés par les autorités sanitaires lors d’une opération d’information d’ampleur inédite, a indiqué dimanche une association de défense des victimes.

Amiante : à la recherche de milliers d'ex-écoliers d'Aulnay-sous-Bois

Un courrier de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, dont l’AFP a obtenu copie, invite ces anciens pensionnaires de trois écoles à consulter leur médecin pour « établir un diagnostic » et éventuellement contacter une « cellule d’information dédiée » par téléphone ou par internet. Les envois à destination de ces écoliers, identifiés à partir des registres des écoles, ont débuté depuis la rentrée et vont se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, a expliqué à l’AFP Alain Bobbio, président de l’association Addeva 93 et membre du comité de pilotage chargé de favoriser « la recherche » et « le suivi » des personnes ayant vécu près de l’usine. Selon cette association, une telle recherche au niveau national est inédite.

Selon Le Parisien, qui a révélé l’information, l’opération est financée par l’ARS d’Île-de-France à hauteur de 200 000 euros. Le Comptoir des minéraux et des matières premières (CMMP) d’Aulnay-sous-Bois a exploité un atelier de broyage de minerais, notamment d’amiante, à partir de 1938. Ces activités de broyage de l’amiante ont cessé en 1975 sur le site qui a été fermé définitivement en 1991. « Si les travailleurs du CMMP ont été largement exposés à l’amiante au cours de leur activité professionnelle, les riverains de l’usine l’ont également été du fait des poussières d’amiante émises par le CMMP dans l’atmosphère », souligne l’ARS d’Île-de-France sur son site internet.

En 2006, une étude avait établi un lien entre l’activité de l’usine et des cas de maladies chez des anciens écoliers. Les principales maladies liées à une exposition à l’amiante sont des plaques pleurales, des épaississements pleuraux, des asbestoses (affection pulmonaire), voire dans les cas les plus graves des cancers (mésothéliome, cancer broncho-pulmonaire). Cette opération nationale était une « demande des associations », a précisé Alain Bobbio, tout en pointant de « profonds désaccords » avec les autorités sur la façon dont elle est mise en œuvre. Quatre associations de défense des victimes et des riverains ont écrit en octobre à l’ARS pour contester « la destruction programmée des fichiers » d’anciens élèves. Cette destruction est « contradictoire avec la notion même de suivi médical dans la durée des personnes exposées », estiment-elles.

Les associations regrettent aussi « la sous-traitance de l’accueil téléphonique à une jeune société sans compétence particulière sur l’amiante » et les indicateurs retenus par l’ARS qui ne seraient pas suffisants, selon elles, pour évaluer « les pathologies repérées et l’accès effectif des victimes et les familles de victimes décédées à la réparation de leurs préjudices ».

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