Andev : constats autour de la mise en œuvre des rythmes scolaires (3/4)

Publié le 14 avril 2014 à 0h00 - par

L’Andev détaille et analyse les différentes composantes de la mise en œuvre des rythmes scolaires, à l’occasion de son audition par la Mission commune d’informations sur les rythmes scolaires le 5 février 2014.

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L’importance du projet éducatif local (PEL)

Le retour aux objectifs de refondation de l’école permet d’éviter les caricatures portant uniquement sur les plannings, et ouvre le débat sur les conditions de la réussite de tous les enfants. Le PEL est central dans la mise en œuvre.

L’importance du renforcement du temps scolaire du matin favorable aux apprentissages

Sollicités, les parents et les enseignants sont sensibles à cet enjeu qui peut amener sur la base de 5 matinées de 3 heures et 30 minutes à une augmentation de près de 50 % du temps hebdomadaire du matin (17H30) sur 24 heures. Les conséquences de ce positionnement sont importantes pour le temps scolaire d’après-midi, réduit potentiellement de fait à 4 séances de moins d’1 heure et 40 minutes : il convient donc de réfléchir au contenu de ce temps, qui interpelle notablement l’école maternelle par rapport à la sieste. On peut noter que ce temps du matin se termine alors vers midi, ce qui peut faciliter la reprise des enfants par les parents au sortir de leur travail, lorsqu’ils en ont la possibilité (journée non continue ou temps partiel).

Il semble que sur le terrain, les équipes enseignantes n’aient pas complètement intégré la nouvelle organisation et la demi-journée supplémentaire dans le séquençage pédagogique, ce qui diminue l’effet attendu de la réforme sur « l’étalement » des apprentissages.

La continuité éducative

Mise en avant, elle fait réfléchir l’ensemble de la communauté éducative sur le lien entre le temps scolaire et le temps périscolaire : dans nombre de communes (en cours ou en projet), les enseignants acceptent d’intégrer les activités pédagogiques complémentaires (APC) au nouveau temps périscolaire (TAP), mais également d’animer des activités en étant rémunérés, aux côtés des professionnels de la ville et du monde associatif.

Les temps d’accueil périscolaire doivent s’inscrire dans une continuité éducative, pour devenir des temps éducatifs complémentaires, dont le contenu doit être élaboré avec toutes les parties prenantes. L’idéal est d’associer, dès le départ, le corps enseignant pour favoriser la cohérence des actions entre les temps scolaires et périscolaires. La disparition parallèle du mercredi matin pour l’organisation d’accueils collectifs de mineurs va entraîner des impacts forts pour les associations et les structures culturelles qui utilisaient ce créneau pour leurs activités. Les associations vont devoir revisiter le socle des activités qu’elles sont en mesure de proposer sur les temps libérés, le soir après l’école, le samedi, etc.

Pour garantir encore une fois la continuité et la cohérence des actions et organiser le parcours des enfants, la co-construction d’un PEL s’impose comme une étape essentielle et stratégique.

La notion de parcours

Elle permet de s’entendre sur les besoins des enfants (qui ne sont pas forcément les mêmes), de lutter contre la suractivité en proposant non pas un catalogue, mais des modules variés qui incluent des actions d’accompagnement scolaire (APC, CLAS, études surveillées en attendant les suites des décisions nationales sur le travail personnel), des temps de jeux (individualisés, collectifs, coopératifs…) et de lecture, des ateliers orientés sur la découverte (avec l’objectif de susciter l’appétence pour les activités culturelles, artistiques, sportives).

L’Andev est convaincue du bien-fondé des activités périscolaires et des parcours éducatifs développés par les collectivités. Cependant, il est essentiel, là aussi pour atteindre les objectifs voulus, de laisser du temps aux enfants et aux jeunes, pour eux, pour qu’ils fassent leur propre choix sur des temps qui, s’ils restent encadrés, doivent aussi pouvoir être libérés de toute « consigne » (ne rien faire, rêver, se reposer…). Trouver le juste équilibre constitue également un enjeu important pour les collectivités et nos organisations.

Le choix de la demi-journée

L’organisation du planning hebdomadaire a conduit plus de 95 % des collectivités (à l’œuvre ou en projet) à choisir le mercredi matin comme temps scolaire. Ce positionnement ne doit pas cacher qu’une partie non négligeable d’acteurs de la communauté éducative (enseignants notamment) a préféré le samedi matin, au nom du lien facilité avec les parents. De fait, les expériences du samedi matin, pour limitées soient-elles, nous instruiront sur les avantages de ce planning qui maintient une rupture au milieu de la semaine, et a reçu un refus massif des parents (volonté d’un week-end, familles recomposées…).

Sortie anticipée

Sur la base d’expérimentations réalisées, plusieurs modèles d’organisation sont (ou vont) être testés en fonction d’objectifs travaillés. Le choix majoritaire se dessine sur une sortie anticipée en après-midi avec des variantes :

  • le mode alterné (journées pleines/2 journées réduites) est testé dans un certain nombre de villes, dont Paris. S’il n’est pas vraiment cohérent avec la volonté d’une diminution quotidienne du temps scolaire, puisque 2 journées restent à 6 heures d’école, ni avec la volonté d’une semaine régulière, le mode alterné permet de dégager des plages d’activités d’1 heure et 30 minutes, facilitant l’organisation des professionnels appelés à encadrer les enfants. Il conviendra de suivre l’évolution de ce planning. D’ores et déjà, on peut indiquer la difficulté des enfants des écoles maternelles à suivre ce rythme. Par ailleurs, l’expérimentation semble montrer que l’équilibre, la stabilité et une organisation identique toute la semaine permettent aux familles et aux enfants de mieux s’imprégner de la nouvelle organisation et de s’y adapter plus facilement. Cette organisation en alternance semble encore moins convenir aux élèves de maternelle.
  • La sortie anticipée régulière est sans doute le mode choisi majoritairement. Il fait réfléchir sur les modalités pratiques d’association de ce nouveau temps (trois quarts d’heure en moyenne) avec le secteur périscolaire actuel du soir de chaque collectivité. On peut souligner que l’avancement du temps périscolaire, au regard des dispositifs actuels d’aide personnalisée, d’études, d’atelier d’accompagnement qui finissent fréquemment vers 18 h, peut véritablement alléger la journée de l’enfant en termes d’amplitude d’attention demandée.

En lien avec l’incitation à la gratuité des TAP/NAP, les maires ont souvent fait le choix de celle-ci pour les trois quarts d’heure libérés ; ce qui oblige à une scission entre deux temps « périscolaires » qui complique la gestion et le suivi des élèves sur un temps de tuilage qui diminue d’autant le temps d’animation. Pour d’autres communes, les modes d’organisation sont très variés :

  • 1 heure, 4 fois par semaine ;
  • 2 fois 1 heure et 2 fois 30 minutes ;
  • 3 fois 30 minutes et 1 fois 1 heure et 30 minutes.

Certaines communes ont fait le choix de différencier les horaires de leurs écoles maternelles et élémentaires, comme l’ont fait Orchies et Lézennes.

Pause méridienne

Un tiers des communes ont choisi d’augmenter la durée de la pause méridienne d’un quart d’heure voire d’une demi-heure. La moitié des communes proposent un service de restauration le mercredi à l’école ou au centre de loisirs, avec transport. 90 % des communes urbaines l’ont mise en place, contre 44 % des communes rurales. La pause méridienne a fait l’objet de débats très tendus avec les parents et la communauté enseignante, dans les communes qui souhaitent augmenter un temps qui peut concerner, en fonction des lieux, entre 30 et 80 % des enfants. L’ANDEV l’a déjà réaffirmé : ce temps stratégique entre deux plages d’apprentissage doit être amélioré à la mesure des besoins grandissants des familles dans ce domaine. La pertinence de démarrer la sieste des petits (on sait par ailleurs que des enfants de CP ont besoin d’un temps de repos) sans attendre le début de l’après-midi est vérifiée partout où elle se fait, avec les professionnels des collectivités qui ont la capacité éducative nécessaire. Par ailleurs, les projets portant sur la pause méridienne incluent le retour possible des enfants qui ne mangent pas au restaurant, comme se développent les garderies de fin de matinée permettant aux parents de reprendre leurs enfants à la sortie de leur travail.

Tout l’enjeu est d’organiser un temps réel éducatif de qualité sur cette tranche horaire, au même titre que pour les activités périscolaires. Qu’elle soit élargie ou non, la pause méridienne doit voir son contenu éducatif transformé et amélioré, dans l’esprit de la continuité éducative recherchée par l’ensemble des acteurs.

L’enjeu de l’école maternelle

La spécificité de l’école maternelle a été évoquée sur plusieurs points. La réduction du temps quotidien, notamment l’après-midi, doit amener l’ensemble de la communauté éducative à se réinterroger sur son fonctionnement :

  • la gestion de la sieste,
  • l’emploi du temps des enseignants de maternelle l’après-midi (décloisonnement chez les grands, mais éventuellement en cycle 2, CP notamment dans les groupes scolaires primaires pour renforcer les moyens d’acquisition lecture/écriture et/ou pour la mise en place des APC),
  • le planning des ATSEM appelés à encadrer en autonomie des groupes d’enfants en accueils de loisirs périscolaire,
  • la nécessité de mettre en place des repères géographiques et adultes pour l’enfant.

La contrainte des espaces et le casse-tête de l’occupation des locaux scolaires

La problématique des espaces a été également source de tension par rapport à l’utilisation des classes pour les TAP. Au-delà du débat académique sur le fait que les collectivités sont propriétaires des locaux, la crainte des enseignants sur le recours à leur classe, qui constitue leur outil de travail, est légitime. Il convient de n’utiliser ces locaux qu’en dernier recours ou dans le cadre d’une action concertée. Certaines collectivités ont décidé de sacraliser les classes, mais cette solution n’a été rendue possible que grâce aux ressources naturelles du territoire, proches des écoles (bibliothèque, salle de sport, etc.). Parallèlement, l’utilisation des espaces mutualisables – salles d’évolution, salles spécialisées (informatique, musique, périscolaire) –, est à considérer, de même que les espaces ouverts (préaux, cours) qui vont être bien adaptés à certaines activités.

L’enjeu de l’encadrement

On vérifie, dès à présent et depuis la rentrée de septembre, que les difficultés enregistrées dans certaines collectivités sont liées au besoin de positionner des professionnels encadrant ces temps dans des lieux pertinents. Cet enjeu, qui constitue une responsabilité fondamentale de la collectivité vis-à-vis des enfants confiés par les familles, se décline en trois volets : la coordination des actions, le statut des professionnels et la gestion des ressources humaines, le besoin de formation et l’organisation des espaces.

La coordination des actions

Le nombre important des enfants qui participent aux actions (TAP) conduit à privilégier une organisation en accueil de loisirs réglementaire : cela passe par l’identification d’un cadre directeur responsable des activités périscolaires (poste existant, à créer, à identifier dans les services actuels : éducateurs sportifs, directeurs d’accueil de loisirs, cadres culturels…) qui va être le garant de la bonne marche de l’activité. Le principe de continuité éducative, qui est le moteur de la refondation de l’école, peut amener à considérer le directeur d’école comme jouant un rôle (de par sa fonction de directeur d’école, de par la proposition d’une fonction de directeur adjoint par la collectivité…), notamment par le repérage des enfants qui auraient besoin de ces temps, l’inscription, la vigilance de la sortie du temps scolaire…

La gestion des transitions entre les moments qui génèrent pour l’enfant des changements de statut au fil de la journée constitue le nœud et l’enjeu de cette réforme. Pour réussir, il nous semble que les relations enseignants/animateurs sont la clef de cette réussite, chacun devant apprendre à connaître l’autre et à travailler ensemble pour le bien et la sécurité de l’enfant. La mise en place d’un binôme Ville/Éducation nationale sur le pilotage des TAP et éventuellement des APC lorsqu’elles portent sur des projets éducatifs intégrés au PEDT, pourrait constituer un outil de la cohérence et de la continuité. Les collectivités réfléchissent à l’écriture de règlement intérieur des temps d’accueil périscolaire et à des chartes de passage des responsabilités.

Le statut des professionnels et la gestion des ressources humaines

La mobilisation de la communauté éducative peut s’avérer nécessaire pour disposer d’encadrants : une école primaire de 12 classes (300 enfants) qui accueille 200 enfants doit disposer de 12 encadrants chaque jour. À partir du montage du projet éducatif, on peut recourir aux enseignants volontaires, aux professionnels de la collectivité (animateurs, ATSEM, encadrants sportifs, culturels…), mais également faire appel aux professionnels associatifs qui sont déjà en contact avec les enfants et peuvent compléter des temps partiels.

Dans un contexte de grande segmentation de la journée pour un grand nombre d’acteurs, la collectivité devra faire face à un enjeu de gestion des ressources humaines, à savoir répondre à une multiplicité de besoins d’intervenants sans développer la précarité de l’emploi. Le recours au tissu associatif, aux enseignants, la répartition de l’organisation du travail des directions impliquées dans la démarche sont à réfléchir en amont. Il s’agit de constituer une véritable équipe d’animation et d’éducation en fédérant tous les professionnels et en mettant fin au cloisonnement des métiers. Les ATSEM auront un rôle accru auprès des enseignants et pourront intervenir sur les temps périscolaires. Les agents de la restauration, les cuisiniers pourront proposer des ateliers « cuisine » sur les temps périscolaires, les animateurs devront se saisir des nouveaux temps d’activités.

Il s’agira aussi d’engager l’ensemble des services de la collectivité, impactés de manière directe (enfance, culture et sport) ou indirecte (finances, bâtiments, transport et fluide) dans la mise en place d’une nouvelle organisation, mais aussi d’une nouvelle conception de la responsabilité dans la prise en charge des enfants.

Le besoin de formation

Les enjeux de formation sont posés par la nouveauté de ce temps et ses enjeux éducatifs : un certain nombre de collectivités disposent d’animateurs titulaires qui ont vocation naturelle à intervenir sur ces temps ; d’autres ne disposent pas des mêmes professionnels et se doivent de faire un effort considérable de formation sur des personnels intervenant dans les garderies, les restaurants scolaires, la surveillance des cours. La possibilité d’acquérir par Validation de l’Expérience, le Certificat de Qualification Professionnelle (donnant une qualification reconnue en ALSH périscolaire) doit faire l’objet d’une attention soutenue entre le CNFPT, les collectivités, les mouvements d’éducation populaire susceptibles d’accompagner ces personnels dans un parcours qui peut être difficile.

La formation continue de tous les animateurs sera enfin un élément incontournable pour enrichir les projets éducatifs territoriaux. Ainsi des modules thématiques, réunissant animateurs, ATSEM et enseignants peuvent contribuer à la construction d’une culture partagée sur les temps de pause méridienne et la restauration scolaire, sur la relation aux parents, sur la mise en œuvre des activités pédagogiques complémentaires (APC) articulées aux temps périscolaires, etc.

Ces démarches de professionnalisation n’excluent pas l’intervention de bénévoles qui sera d’autant plus facile qu’une fonction de coordination sera effectivement assurée.

Le développement d’une « culture éducative » commune Ville/Éducation  nationale apparaît donc aujourd’hui comme un impératif, à la fois au plus haut niveau (IEN/Directeur de l’éducation) mais aussi à celui des acteurs de terrain (enseignants/ATSEM/animateurs).

Association nationale des directeurs de l’éducation des villes (ANDEV)

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Retour sur l’expérimentation de la semaine de 4,5 jours qui débute à l’école Sanquer en septembre 2009. Elle concerne 7 classes, soient 170 élèves.

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