Evaluation des enseignants: grève jeudi contre le projet de réforme

Publié le 13 décembre 2011 à 0h00 - par

La quasi totalité des syndicats d’enseignants appellent jeudi à une journée de grève et de manifestations, pour le retrait du projet de réforme de l’évaluation et de l’avancement des professeurs qu’ils jugent impraticable et conçu pour faire des économies.

Evaluation des enseignants: grève jeudi contre le projet de réforme

Des manifestations sont prévues dans tous les départements et, à Paris, le défilé partira à 14H30 de Denfert-Rochereau (14ème arrondissement) pour arriver à Sèvres-Babylone (7ème), non loin du ministère de l’Education nationale. Seul le Sgen-CFDT ne s’est pas joint au mouvement. En primaire, où les grévistes doivent se déclarer 48 heures à l’avance en raison du service minimum d’accueil, il semble que la grève sera diversement suivie (de 8,5% à 20% de grévistes, selon les sources), mais c’est davantage la mobilisation dans le secondaire qui donnera la tonalité de la journée.

En confiant aux chefs d’établissement le soin d’évaluer, tous les trois ans lors d’un entretien, les professeurs de collèges et lycées, ce qui déterminera l’évolution de leurs salaires, le projet a été perçu comme une « déclaration de guerre » par le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. « Chez les enseignants du secondaire, c’est passionnel. Tous les sondages sont clairs : c’est le sujet, avec la bivalence (enseigner deux matières, ndlr), sur lequel ils ont de fortes convictions sur ce qu’ils ne veulent pas », a dit à l’AFP Daniel Robin, co-secrétaire général du Snes. La pétition intersyndicale demandant le retrait des textes avait recueilli, mardi, près de 62.000 signatures électroniques.

« Management »

Jusqu’alors, l’évaluation consistait en une double notation, administrative par le chef d’établissement, mais aussi pédagogique, la plus importante pour la carrière, par l’inspecteur régional, formé dans la discipline des collègues inspectés. Les syndicats de la FSU jugent notamment que les chefs d’établissement n’ont pas les compétences pour évaluer le travail pédagogique et disciplinaire. « Bien sûr, je ne souhaite pas que le chef d’établissement évalue seul un enseignant », leur a répondu, mardi sur RMC, le ministre Luc Chatel, même si l’idée est de « donner des responsabilités, ce n’est pas un gros mot, de management aux chefs d’établissement ».

« Prenons l’exemple d’un proviseur qui est un ancien Conseiller principal d’éducation (CPE), un ancien surveillant ou professeur d’éducation physique. Comment va-t-il évaluer un agrégé de mathématiques ? Eh bien naturellement, le chef d’établissement doit s’entourer de compétences, des corps d’inspection qui sont compétents pour ça (…) et à la fin, il y aura un avis global qui tiendra compte de toutes ces compétences », a-t-il ajouté. Alors que le Sgen-CFDT a signé « un accord de méthode avec le ministère », M. Chatel n’entend pas revenir sur son projet mais « réfléchir à la méthode » et « au calendrier » sur un sujet « capital », car « aujourd’hui, les enseignants sont évalués tous les sept ans, ça n’est pas valorisant pour eux ».

Pour autant, toutes les autres fédérations syndicales du public ont appelé à la mobilisation jeudi, ainsi que le premier syndicat de l’enseignement privé, le Fep-CFDT, pourtant dans la même fédération que le Sgen. Comme d’autres, il craint notamment que la réforme freine l’avancement salarial : « Augmenter provisoirement les nouveaux enseignants et réduire sur l’ensemble de leur carrière tous les autres, c’est l’art de faire croire que l’on fait plus en donnant moins. Rhétorique éprouvée de M. le ministre ».

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ».
© Agence France-Presse 2011

Sur le même thème :
Evaluation des enseignants : la grève du 15 décembre est maintenue (article du 28 novembre 2011)
Evaluation des enseignants : vers une refonte totale (article du 25 novembre 2011)
Evaluation des enseignants : une réforme critiquée (article du 24 novembre 2011)