Le débat sur l’évaluation des élèves ne doit pas être « caricaturé »

Publié le 13 octobre 2014 à 0h00 - par

Le débat sur la nouvelle évaluation des élèves pour les « encourager à apprendre et à progresser » est « complexe » et ne doit pas être « caricaturé », a dit mercredi 8 octobre Najat Vallaud-Belkacem devant le Conseil supérieur de l’éducation (CSE).

La « conférence nationale sur l’évaluation des élèves » a été lancée en juin par l’ancien ministre de l’Éducation, Benoît Hamon, qui s’était dit favorable à une notation plus bienveillante valorisant les progrès de l’enfant. La séance extraordinaire du CSE, instance consultative, est le premier temps fort de cette réflexion. Les discussions ont porté sur cinq « questions principales » : « les formes d’une évaluation au service des apprentissages des élèves, l’information donnée aux familles, la place de la notation, les moments de l’évaluation dans les parcours, et le rôle de l’évaluation dans les choix d’orientation et les procédures d’affectation », selon un communiqué du ministère.

Le débat est « complexe » et ne doit pas être « caricaturé », a demandé la ministre dans son discours rendu public, souhaitant qu’on ne lui fasse pas un « procès d’intention en laxisme ». Il ne s’agit pas de « casser le thermomètre » mais de noter « autrement ». Il n’est pas question de « supprimer les notes » et d' »interdire les zéros », a dit Mme Vallaud-Belkacem, dans une allusion aux critiques de la droite.

La FSU, puissante fédération de l’éducation, et son syndicat du primaire SNUipp-FSU, réclament un débat « ambitieux » et « sérieux », dans des communiqués distincts. Mais pour permettre une évaluation « juste et respectueuse », il faut aussi des « formations (des enseignants) de qualité » et réduire les effectifs des classes. Il y a « urgence » à abandonner un modèle « méritocratique », juge le SE-Unsa, deuxième syndicat.

La nouvelle évaluation des élèves s’inscrit dans la refondation de l’école initiée par Vincent Peillon qui avait dénoncé un système qui « décourage et produit de l’échec ».  La notation doit « indiquer un niveau plutôt que de sanctionner un élève », selon François Hollande. C’est un sujet qui cristallise les passions. La FCPE, principale fédération de parents d’élèves, demande l’arrêt complet des notes avant le lycée, mais des parents et des enseignants restent très attachés au système de barème sur 20 points, une sorte d' »archaïsme » selon des experts.

« En Finlande, la plus mauvaise note, celle qui signifie que l’élève a échoué, est 4/10 et cela change tout. Lorsqu’un élève a 4, il a échoué mais a une chance d’arriver à 5 puis 6, cela ne semble pas insurmontable alors qu’entre 4/20 et 10/20 il y a un gouffre », explique Pierre Merle, sociologue. Les systèmes de « couleurs et de lettres, ça ne résoud rien », estime André Antibi, professeur émérite à l’université de Toulouse qui a imaginé « l’évaluation par contrat de confiance (EPCC) ». L’évaluation « doit ressembler au système du code de la route, c’est-à-dire proposer des exercices qui ont déjà été travaillés en classe ». Ce système permet de déceler les difficultés.

La conférence nationale, réunissant acteurs du monde éducatif et la société civile, présentera ses recommandations à la mi-décembre à Paris. Le chantier de l’évaluation des élèves « s’inscrit dans le cadre des grandes réformes pédagogiques en cours », a dit Najat Vallaud-Belkacem, citant : « le nouveau socle commun, les nouveaux programmes de l’école primaire et du collège, la réforme du collège ».

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