Les moyens de l’Education, bataille en 2011… et enjeu en 2012

Publié le 27 décembre 2011 à 0h00 - par

Les moyens de l’Education nationale seront au cœur du débat en 2012 avec la proposition de François Hollande de créer 60.000 postes que l’UMP juge « folle ». En 2011, le sujet avait déjà suscité une fronde des élus locaux et une mobilisation inédite dans l’enseignement privé.

En proposant, à la surprise générale, le 9 septembre à Soissons (Aisne), de recréer 60.000 postes supprimés, celui qui est devenu ensuite le candidat du PS à la présidentielle a créé un net clivage droite/gauche, comme les vifs débats depuis en témoignent. Le soir même, le gouvernement qualifiait la proposition d’« irresponsable », l’UMP, cinq jours plus tard, la jugeait « folle » et la ligne depuis n’a pas changé.

Pour l’UMP, les postes d’enseignants et des autres personnels représentent un coût qui vient alourdir la dette : « 60.000 postes, sur la durée d’une vie, faites le calcul, c’est plus de 100 milliards de plus pour la dette de l’Etat », a fait valoir le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, en défendant au Sénat son projet de budget 2012, rejeté par la majorité de gauche.

Pour le PS, c’est un investissement qui peut générer à l’avenir des économies en termes de dépenses sociales, grâce à une meilleure formation des jeunes, et justifie des choix de financement, comme revenir sur « les 75 milliards d’euros de cadeaux fiscaux depuis cinq ans, entièrement financés par de la dette ».

Ces approches divergentes déterminent les façons dont gauche et droite envisagent la réforme du système éducatif. Ainsi, M. Hollande va réclamer « des contreparties » aux nouveaux moyens qu’il propose, prévus surtout pour les écoles primaires, les établissements défavorisés et la formation des enseignants. M. Chatel a quant à lui déclaré que « si l’on fait des réformes d’organisation et de structures du système éducatif, oui, il sera possible de réduire encore le nombre de postes ». Nicolas Sarkozy, qui n’est pas encore officiellement candidat, n’a toutefois pas dit ce qu’il souhaitait faire à ce sujet.

Des classes surchargées

Depuis 2007, 65.400 postes ont été supprimés dans l’Education nationale et le budget 2012 prévoit 14.000 suppressions de plus (il restera alors 835.000 postes), au titre du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. S’il est réélu, le chef de l’Etat poursuivra-t-il, ou non, cette politique ? En tout cas, le « un sur deux » passe de plus en plus mal, dans le public mais aussi dans le privé, parmi les élus de gauche et ceux de droite.

Le 27 septembre, la journée d’action contre les suppressions de postes a connu une mobilisation du privé comme il n’y en avait plus eu depuis 1984. A l’instar du public, il a dénoncé les classes surchargées empêchant de faire du suivi individualisé et les fermetures de classes en milieu rural. Début 2011, les annonces de suppressions de postes et de classes dans les écoles avaient suscité tant de manifestations locales que l’Association des maires de France (AMF), présidée par l’UMP Jacques Pélissard, avait demandé « l’arrêt des suppressions de postes » en primaire.

Nicolas Sarkozy avait promis qu’il n’y aurait pas plus de fermetures que d’ouvertures de classe en 2012, ce qui ne veut pas dire zéro fermeture. Déjà, à l’annonce de la répartition par académie (celle de Lille perdra à elle seule plus de 1.000 postes), le PS vient de demander un « moratoire » sur les suppressions 2012. Et les dotations de chaque école, susceptibles de raviver les mécontentements, pourraient tomber cette fois en pleine campagne présidentielle.

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