Lutte contre la grande difficulté scolaire

Publié le 16 janvier 2014 à 0h00 - par

Pour lutter contre la grande difficulté scolaire, il faudrait davantage de prévention, de formation des personnels, de travail en commun et de projets personnalisés pour les élèves, prône un rapport de l’Éducation nationale attendu depuis des mois, mis en ligne ce week-end.

Alors que près d’un élève sur dix n’atteint pas à 15 ans le plus faible niveau en français et/ou en mathématiques aux évaluations internationales, il faut « une mobilisation convergente de tous les acteurs », affirme le rapport sur « le traitement de la grande difficulté au cours de la scolarité obligatoire« , daté de novembre 2013, qui fait état d' »une école mobilisée mais qui peine à être efficace ». L’Inspection générale de l’ Éducation nationale et de l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche préconisent de « personnaliser la réponse apportée ».

Le texte recommande aussi « d’établir une réelle continuité », constatant que « la scolarité est trop souvent une suite de cassures et de recommencements ». Au contraire, « l’école et le collège doivent parvenir, ensemble, à bâtir des parcours pluriannuels » avec « une évaluation positive des acquis et des progrès ». Le texte souligne l’effet démotivant du système traditionnel de notation sur ces élèves. Il faut aussi « soutenir par la formation » des enseignants « démunis » face à la grande difficulté.

Il n’y a pas d' »élève-type », même si « majoritairement les élèves en grande difficulté appartiennent aux catégories sociales les plus défavorisées« . Ils peuvent avoir des problèmes de maîtrise de la langue, poser des problèmes de comportement, être handicapés… Les inspecteurs « ont été surpris par la proportion, parmi les élèves rencontrés, de ceux qui vivent dans des conditions douloureuses et parfois d’une extrême gravité » : violence, dénuement, manque de soins, refus des aides, sentiment d’abandon, autant de contextes qui affectent la scolarité. « Nombreux sont ceux qui n’ont pas de lieu pour apprendre, lire, réviser et qui ne sont ni aidés, ni encouragés pour cela », tandis que certains « doivent prendre en charge les tâches ménagères, s’occuper de la fratrie ».

Les Rased (Réseaux d’aide aux enfants en difficulté) en primaire, réduits sous Nicolas Sarkozy et que François Hollande s’était engagé à « rétablir », et les Segpa (Sections d’enseignement général et professionnel adapté) au collège ne prennent en charge « qu’une partie des élèves » en grande difficulté, note le rapport, relevant « la très grande variété » des mesures visant à aider les élèves pour prévenir ou traiter les difficultés. La réduction de la grande difficulté nécessite « un changement profond » de l’organisation du collège, selon les inspecteurs. « La succession de dix enseignants avec des méthodes et des exigences qui leur sont propres ne peut que perturber l’élève » qui a du mal à comprendre les consignes ». L’emploi du temps de l’élève en grande difficulté est pour l’essentiel « le même que celui des autres élèves ».

Le rapport propose de « faire en sorte que les parents des élèves les plus en difficulté aient un interlocuteur unique » parmi les professeurs (tuteur ou professeur principal). Les inspecteurs relèvent aussi l’inefficacité du redoublement qui représente « plus de 40 % » de l’effort pour répondre « aux difficultés les plus significatives ». Sa limitation à ces cas « très exceptionnels » « permettrait de dégager progressivement des masses d’emplois » qui pourraient être utilisées pour des solutions plus adaptées comme le tutorat ou l’aide complémentaire.

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