Des élèves particuliers
Au sein du collège, les élèves de section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) sont ceux qui souffrent des plus grandes inégalités scolaires et sociales, les unes « entretenant » les autres. Sylvie Tolmont évoque les résultats d’une étude locale, réalisée en 2012 par Mme Fatiha Tali, coordonnatrice de la commission départementale d’orientation vers les enseignements adaptés de la Haute-Garonne. Ainsi, les parents des élèves orientés en Segpa sont, à 78,8 % pour les pères et 91,3 % pour les mères, membres de catégories socio-professionnelles défavorisées. En outre, avant leur arrivée en Segpa, 46 % des élèves ont été suivis par un réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED). De plus, 28 % des élèves ainsi orientés ont une mère née dans un autre pays, alors que ce taux n’est que de 16 % pour l’ensemble des élèves scolarisés en milieu ordinaire.
Une entité à part au sein du collège
Si la Segpa appartient physiquement et structurellement au collège, l’isolement réel ou, à défaut, le sentiment d’isolement est grand. Plusieurs éléments expliquent cette situation :
- La Segpa possède ses propres locaux et organise encore parfois des récréations séparées des autres collégiens.
- Une partie des enseignants qui y exercent sont, en principe, « spécialisés ».
- Une multitude de statuts existe pour les intervenants adultes : 57,2 % de professeurs des écoles, 18,3 % de professeurs de lycée professionnel, 10,2 % de professeurs contractuels, 8,5 % de certifiés et 4,8 % de professeurs d’éducation physique et sportive.
- Un « directeur adjoint » coordonne la section, placé sous l’autorité du principal du collège, mais qui n’exerce pas, en réalité, la fonction d’adjoint au chef d’établissement.
- Les moments réellement partagés avec les autres collégiens sont « peu nombreux » et l’inclusion individuelle des élèves de Segpa, dans une classe ordinaire, ne se fait quasiment pas, « à l’exception de quelques situations ici ou là ».
Faut-il, pour autant, supprimer les Segpa ?
La rapporteure considère « qu’une telle mesure, compte tenu du fonctionnement actuel de notre système scolaire, constituerait pour celui-ci une perte sèche irréparable ». Pour autant, il y a nécessité à impulser des changements.
La députée préconise notamment de :
- réformer l’orientation de ces filières et supprimer la condition du redoublement ;
- multiplier les connexions et les passerelles entre l’enseignement adapté et le cursus ordinaire ;
- conforter les personnels de l’enseignement adapté et former tous les enseignants à la grande difficulté scolaire.
Au-delà, elle estime qu’il faut viser « l’objectif d’une refonte plus large du collège pour tendre vers une réelle inclusion de tous les élèves ».