Une rentrée techniquement réussie ?

Publié le 5 septembre 2011 à 0h00 - par

C’est la question provocatrice que pose le SNPDEN-Unsa dans une enquête rendue publique le 29 août 2011. Le syndicat majoritaire des chefs d’établissement a en effet conduit une étude de terrain pour faire valoir « à quel prix » la rentrée s’effectuera dans le 2nd degré. Face aux suppressions de postes, un levier majeur : le recours aux heures supplémentaires.

Depuis plusieurs rentrées scolaires maintenant, les suppressions de postes se succèdent à l’Éducation nationale. Pour autant, il faut toujours accueillir les élèves et leur famille, et cela dans un contexte de réformes éducatives qui demandent chaque jour plus d’efforts et plus d’investissement aux différents personnels. Le SNPDEN-Unsa s’interroge cyniquement sur le fait que cela ne semble pas ébranler la rue de Grenelle qui répète inlassablement à chaque rentrée, en guise de méthode Coué, que la « rentrée est techniquement réussie ».

Une enquête a été menée du 21 au 28 mars 2011 auprès d’un panel de 1 501 établissements pour tenter d’y voir plus clair.

Effets des suppressions de postes

Dans le 2nd degré, on observe naturellement, de par la répartition par matière, des effets « fragmentés » car il ne s’agit pas de fermetures de classe en tant que telles, contrairement au 1er degré. Le SNPDEN cite dans son enquête un exemple très significatif : « un établissement de 42 postes doit supprimer 0,4 poste. S’il possède 8 postes en mathématiques et 8 postes en français et qu’il choisit de supprimer 0,4 poste en mathématiques, la perte de ces dernières ne sera pas de 1 % mais en réalité de 5 % alors qu’elle sera de 0 % en français ». C’est donc plus compliqué à débusquer mais très parlant pour les établissements qui doivent composer avec ces calculs et ces pertes sèches.

Dans ce contexte, peu de variables d’ajustement sont possibles pour colmater les brèches des suppressions de postes (14 000 sont encore annoncées d’ailleurs pour le budget 2012). Une partie seulement est compensée par une augmentation des heures supplémentaires.

Qui paie la note ?


Les lycées professionnels sont les plus touchés. On observe ainsi un H/E « qui recule deux fois plus vite que la moyenne (3,86 % contre 1,88 %) ». Les collèges, quant à eux, ne subissent qu’un recul du H/E de l’ordre de 1,1 %.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’éducation prioritaire n’est pas épargnée. Ainsi les établissements (de type RAR ou Eclair) doivent eux aussi s’accommoder des suppressions de postes : « 33 % d’entre eux vont réduire leur dispositif de remédiation (contre 27 % en moyenne) ; 28 % vont supprimer des projets éducatifs (contre 23 % en moyenne), 36 % vont supprimer des cours à effectifs réduits (contre 33 % en moyenne). »

Les heures supplémentaires

Plusieurs enseignements :

  • Le recours aux heures supplémentaires est plus observable dans les lycées que dans les collèges ; idem en ville plutôt qu’en zone rurale.
  • Les heures supplémentaires représentent 8,7 % des dotations. 


  • Il n’existe pas d’homogénéité dans la méthode d’attribution des moyens par les académies. L’étude fait état de 3 méthodes différentes : la référence au H/E, la méthode dite « à la structure » (la classe devient l’unité de référence) et la méthode « mixte ». Élément particulièrement surprenant : 16 % des établissements ayant répondu à l’enquête du SNPDEN avouent « ne pas savoir ou ne pas comprendre » ce qui a présidé au calcul de leur dotation ! 



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