Aménagement des rythmes scolaires et projet de société

Publié le 21 janvier 2013 à 0h00 - par

L’Andev cible les enjeux et analyse les conditions de réussite de l’aménagement des rythmes scolaires.

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L’articulation des différents temps scolaires et périscolaires

Un premier enjeu de l’aménagement des rythmes scolaires est celui qui renvoie à l’articulation des différents temps éducatifs de l’enfant (avant l’école, durant la pause méridienne, après l’école, le mercredi, les petites et grandes vacances) et à l’articulation du travail et des responsabilités des différents acteurs éducatifs qui interviennent sur tous ces temps.

Le temps périscolaire ne doit pas être un prolongement du temps des apprentissages mais un temps nécessaire, complémentaire aux apprentissages, avec des activités diverses : artistiques, culturelles ou encore sportives.  D’où la nécessité de supprimer les devoirs, l’étude ou encore l’accompagnement scolaire. D’où aussi la proposition d’intégrer l’aide personnalisée sur les temps scolaires : cela permettrait de dégager des heures pour les enseignants, ces heures pouvant être articulées avec celles des encadrants sur les temps périscolaires, les autres temps éducatifs.

Les contraintes des collectivités locales

Quelles sont-elles et comment tenter d’y remédier ?

  • Eu égard à la diversité des territoires, à leurs situations, il faudrait autoriser des aménagements locaux dans les modalités d’application de la réforme.
  • Les écoles rurales ont des contraintes de transport avec le Conseil général : offres périscolaires réduites, voire inexistantes. Ces contraintes sont différentes de celles d’une école urbaine.
  • Les écoles en réseau d’éducation prioritaire peuvent bénéficier de plus d’opportunités, les intervenants étant nombreux dans ces secteurs, notamment dans le cadre des projets de réussite éducative (PRE).

Un maillage des projets dans le cadre des PEL est aussi un gage de réussite.

Le temps de l’enfant

La problématique du temps de l’enfant exige la prise en considération de tous les acteurs. Elle concerne le collège de secteur, les parents, les entreprises et centres de travail des familles, en rapport avec les collectivités et l’école primaire.

Il existe plusieurs leviers pour faire aboutir la concertation et pour faire changer les choses :

  • un rapprochement entre l’école et les parents lors d’une négociation constructive. C’est tout l’intérêt du projet éducatif local articulé avec le projet d’école ;
  • une implication des deux institutions que sont la direction départementale des services académiques et le maire ou le président de l’EPCI.

La formation, élément capital

La sensibilisation des professeurs en formation initiale et continue sur la connaissance des collectivités locales et du travail de leurs agents, d’une part et, d’autre part, sur l’apport des activités péri et extrascolaires, est un enjeu structurant pour les décennies à venir. La réciproque est tout aussi importante pour les animateurs, pour les professionnels des collectivités, les associations de parents d’élèves qui devraient être sensibilisés et formés aux objectifs, aux moyens et au fonctionnement de l’enseignement scolaire.

Ces formations pourraient porter sur la qualification, les méthodes et les outils des uns et des autres, afin de faire évoluer les représentations et créer les conditions favorables à une coopération exigeante, efficiente, fondée sur le respect des rôles et des compétences de chacun.

Le projet éducatif local

Travailler à la construction d’un projet éducatif local semble, à ce stade, un bon outil pour favoriser les coopérations et réfléchir à un vrai projet de société. Car c’est bien de cela dont il s’agit : dépasser la simple réflexion sur le réaménagement des rythmes scolaires pour réfléchir à un vrai projet qui contribuera à réduire les inégalités, harmoniser les rythmes de vie des enfants à l’école, dans leur famille, dans leur ville.

Cette démarche de PEL, qui existe dans de nombreuses villes aujourd’hui, mais pas toutes, semble être un vrai levier, permettant le regroupement de tous les acteurs et la définition des actions à conduire ensemble. Mises en place au sein des territoires, les actions épousent les contours de la vie locale, des familles, des enseignants, etc. Cette démarche s’avère fondamentale, car l’aménagement des rythmes est étroitement lié à la qualité de vie et à la qualité de l’éducation sur les territoires.

La signature d’un pacte éducatif pourra sceller les engagements de tous les partenaires de l’école, pour la réussite de l’enfant dans le cadre des projets éducatifs locaux. L’Andev souhaite à ce titre, que soient inscrits dans la loi les principes d’élaboration et de mise en œuvre du PEL, pour toutes les communes ou les intercommunalités qui en font le choix.

Le PEL, réunissant l’ensemble des partenaires de l’école autour d’objectifs partagés, permettra et facilitera la mise en place des différentes mesures préconisées, en prenant en compte les compétences de chacun et en coordonnant les actions menées

Préconisations et conclusion

La réforme est possible :

  • si elle dépasse la seule question des rythmes de l’enfant pour conduire des changements profonds dans l’organisation de l’école primaire ;
  • si elle est concertée avec tous les acteurs éducatifs. On peut, en l’espèce, regretter l’absence de concertation avec les parents d’élèves qui se fera, on l’espère, au niveau local ;
  • s’il y a une prise de conscience collective de l’importance d’un changement radical de l’ensemble de nos rythmes de vie dans le cadre d’un vrai projet de société.

Anne-Sophie Benoit, présidente de l’Andev
 


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