Education : la refonte de la voie professionnelle remise en cause

Publié le 7 décembre 2011 à 0h00 - par

La sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin (CRC, Hauts-de-Seine) épingle la réforme de la voie professionnelle engagée depuis 2008.

Dans le cadre d’un avis, fait au nom de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat, à travers l’examen du budget 2012 de la mission enseignement scolaire, la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin (CRC, Hauts-de-Seine) émet quelques critiques à l’encontre de la réforme de la voie professionnelle engagée depuis 2008. Carte des formations, construction des parcours et modalités pédagogiques d’enseignement sont ciblées. Selon elle , « la voie professionnelle fut ainsi le premier laboratoire de la politique désormais générale du gouvernement à l’égard du monde éducatif ».

Les éléments de budget

Le projet de loi de finances livre à la sénatrice les éléments suivants : le budget total 2011-2012 consacré à l’enseignement professionnel représente un peu plus de 5,3 milliards d’euros, soit une augmentation de 38 millions d’euros (+ 0,72%) par rapport à l’année dernière. Ces crédits couvrent l’action « enseignement professionnel sous statut scolaire » à hauteur de 4 milliards, l’action « apprentissage » pour 7 millions, l’action « aide à l’insertion professionnelle » pour 52 millions, l’action « information et orientation » pour 296 millions, l’action « formation continue et VAE » pour 116 millions et l’action « enseignement professionnel sous statut scolaire » à hauteur de 760 millions pour le programme du privé.

Les griefs contre la réforme

Pour la sénatrice, la réforme engagée aurait dû lever les doutes formulés par l’ensemble des personnels au moment où s’est posée la question d’entériner ou non cette rénovation. Or, pour elle, il n’en est rien. Elle cite pour preuves :

  • « La structuration de l’offre de formation » à savoir l’équilibre entre CAP et baccalauréat professionnel ;
  • Le statut, les modalités d’obtention et la place, dans le cursus, des BEP rénovés et rebaptisés « certifications intermédiaires » ;
  • L’effectivité des passerelles, que ce soit entre la voie professionnelle et la voie générale et technologique ou entre les différents cursus au sein même de la filière professionnelle ;
  • L’articulation entre la voie scolaire et l’alternance ;
  • La mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé ;
  • La difficulté à appréhender et gérer correctement l’hétérogénéité des classes qui va en grandissant, mais aussi « en raison de la multiplication des lycées des métiers intégrant l’apprentissage et la formation continue ».

Elle dénonce par ailleurs la pression faite autour de la politique du chiffre déployée par le ministère, mais plus largement le gouvernement, à savoir « augmenter le nombre de bacheliers professionnels d’une part et réduire les sorties sans qualification, d’autre part ».

Le passage du bac professionnel en 4 ans à 3 ans seulement se fait aux dépens, selon elle, des élèves les plus fragiles qui sont sommés d’effectuer leur parcours avec des délais plus restreints alors qu’ils auraient justement besoin de temps pour construire leur projet de formation avec sérénité. De ce fait, elle redoute que la pression ne conduise in fine à ce que beaucoup d’élèves décrochent et n’aillent ainsi pas au bout du processus de qualification, d’où la crainte que cette réforme n’accroisse les sorties du système éducatif. A l’appui de cette assertion, la sénatrice pointe des taux de redoublements significatifs, notamment dans les académies de Lille et de Versailles, et plus que dans les anciens BEP.

Autre fait inquiétant pour elle : « Au cours de la montée en charge de la réforme de la voie professionnelle, des écarts se sont encore accrus, comme si les catégories sociales au plus fort capital socioculturel ou économique fuyaient encore davantage l’enseignement professionnel que par le passé ». Ce constat est d’ailleurs partagé par les syndicats enseignants.

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