La médecine scolaire en crise

Publié le 12 novembre 2014 à 0h00 - par

Début novembre, le SNMSU-Unsa tenait une conférence de presse pour tirer le signal d’alarme, une nouvelle fois, sur la situation de la médecine scolaire en France. WEKA est allé à la rencontre de Jocelyne Grousset, sa secrétaire générale, pour faire le point sur ce dossier brûlant.

La médecine scolaire en crise

Le Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU-Unsa Éducation), syndicat majoritaire dans la profession, existe depuis de nombreuses années, antérieurement à la création du corps des médecins de l’Éducation nationale de 1991. Il syndique les médecins de l’Éducation nationale, les médecins travaillant auprès des étudiants et les médecins de prévention qui interviennent auprès des personnels.

En quoi la situation de la médecine scolaire s’est-elle aggravée ?

Jocelyne Grousset : Depuis 2009, le SNMSU tire la sonnette d’alarme sur les missions des médecins de l’Éducation nationale et sur l’attractivité du métier. Depuis 2010, les pouvoirs publics sont alertés, car les nombreux rapports (parlementaire, de la Cour des comptes, du Conseil économique, social et environnemental, du Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques, du Haut Conseil de Santé Publique) se succèdent et soulignent tous les besoins et l’urgence des mesures à prendre pour assurer la pérennité de la médecine scolaire. La situation s’aggrave : les médecins voient augmenter le nombre d’élèves sur leur secteur et le territoire géographique est de plus en plus important. La réflexion sur les missions n’avance pas.

Ceci est paradoxal car la loi de refondation a introduit la promotion de la santé comme l’une des missions de l’école s’articulant autour de 7 axes. Un parcours santé de l’élève devrait être défini avec des objectifs et des priorités permettant ainsi aux médecins d’articuler leurs missions avec celles des autres personnels. La rentrée 2014-2015 s’est faite avec encore moins de médecins (1 100 médecins pour 12 millions d’élèves) et une nouvelle réglementation sur les travaux réglementés non anticipée par notre ministère qui a créé de nombreuses tensions.

Dans le cadre des chantiers-métiers, il est question des personnels de santé. Où en sont les réflexions au sein de ce groupe de travail ?

Jocelyne Grousset : Le groupe métier « personnels santé sociaux » a débuté en février 2014 sur la réflexion d’une circulaire de politique générale. Le SNMSU-Unsa Éducation a participé aux différentes réunions et a tenté d’inscrire les attendus de la loi de refondation de l’école. Nous avons fait de nombreuses propositions pour la déclinaison d’un parcours santé de la maternelle au lycée. Nous insistons aussi sur la nécessité d’un pilotage national en lien avec le ministère de la Santé et sur le pilotage académique en lien avec les ARS. À ce jour, nous ne connaissons pas la teneur de ce texte ni les amendements retenus.

Le SNMSU-Unsa Éducation s’est mobilisé pour la poursuite de ce groupe métier. En septembre, nous avons été conviés à une réunion sur les missions des médecins. Nous avons découvert un texte qui était à nouveau une liste de tâches sans aucun objectif ni priorité. Le texte n’envisageait pas la complémentarité d’actions avec les autres personnels de l’Éducation nationale dont les personnels de santé. Nous avons fait savoir à nos interlocuteurs que nous n’amenderions pas ce texte sans une véritable réflexion de politique de santé des élèves et une réflexion sur la faisabilité.

Est-il possible d’endiguer la crise actuelle ? Avez-vous des propositions à faire en la matière ?

Jocelyne Grousset : Tout ceci n’est pas une fatalité. Il existe des besoins des élèves en termes de santé. Il est impératif de fixer des objectifs santé à l’Éducation nationale et de prioriser les actions pour trois ans, par exemple. Ce plan santé devra bénéficier d’un suivi avec des indicateurs et d’une évaluation. Il devra également bénéficier d’un pilotage national et être adapté aux caractéristiques de chaque académie. L’intervention d’un médecin de l’Éducation nationale sera lisible pour tous dans le cadre de ce programme.

Concernant le métier de médecin de l’Éducation nationale, il existe plusieurs leviers :

  • Limiter les départs de médecins à ceux partant à la retraite en donnant un signe en termes d’attractivité financière à la profession.
  • L’accueil d’internes en médecine générale est une opportunité pour faire connaître ce métier ; cette stratégie devrait se généraliser sur l’ensemble du territoire national.
  • La complémentarité d’interventions auprès des élèves doit être développée et plus efficiente.

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