La réforme des rythmes scolaires en milieu rural : des particularités et quelques inquiétudes

Publié le 20 mai 2016 à 20h02 - par

Près de deux ans après sa généralisation, la réforme des rythmes scolaires satisfait une large majorité d’élus de communes rurales, qui réclament toutefois une simplification des papiers à remplir et craignent un essoufflement de l’offre des ateliers périscolaires.

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Près de trois-quarts des communes « se disent satisfaites ou très satisfaites » des nouvelles activités périscolaires proposées aux enfants, selon le rapport de la sénatrice Françoise Cartron (PS), publié vendredi 20 mai.

L’étude s’appuie sur les réponses à un questionnaire d’un millier de communes (dont 60 % de moins de 2 000 habitants) et sur des rencontres in situ avec les équipes de quelque 150 municipalités rurales, depuis janvier, dans le cadre d’une mission commanditée par le Premier ministre Manuel Valls.

« Partout, on m’a dit qu’on ne voulait pas revenir en arrière », déclare Françoise Cartron. « C’est un tel travail d’organisation qu’on ne va tout chambouler !, m’a-t-on dit. »

La réforme des rythmes scolaires, mise en place dans la douleur à la rentrée 2013 et généralisée sur tout le territoire un an plus tard, a rétabli la cinquième matinée de classe souvent le mercredi matin supprimée en 2008 et raccourci les après-midi d’école pour mieux faire coïncider les temps d’apprentissage avec les pics d’attention des élèves.

Corollaire à la réforme, des activités périscolaires ont été créées, à la charge des commune, gratuites ou payantes selon les lieux.

Les critiques soulignaient le coût à supporter par les municipalités, surtout les plus petites, l’organisation à revoir sur ces territoires où beaucoup d’enfants dépendent des transports scolaires, et s’inquiétaient d’une offre périscolaire et d’un pool d’animateurs réduits.

Un atelier échasses dans les Landes

Dans les communes rurales, les taux de participation des enfants aux ateliers périscolaires varient entre 75 et 90 % et ces activités sont gratuites pour plus des deux-tiers d’entre elles, selon la sénatrice de la Gironde.

Loin de l’image « misérabiliste » véhiculée au début de la réforme, les maires des villages se sont efforcés de proposer des ateliers de qualité, car « l’école garantit la survie de l’identité » du bourg.

« Pour conserver les habitants qui souvent travaillent dans une ville voisine, et les engager à laisser leurs enfants dans l’école du village, il faut une offre périscolaire de qualité », note la sénatrice. Autre différence entre villes et campagne, les maires des petites communes « sont moins dans la posture politique », estime-t-elle. Ils ont moins tendance à s’opposer à une mesure de gauche s’ils sont de droite ou vice-versa.

Une offre de qualité mais parfois différente de celle proposée en ville. Plusieurs ateliers font ainsi écho à l’identité du territoire : échasses dans une commune des Landes, activité autour de la faune et flore du parc naturel régional de la Drôme dans des villages de ce département, etc. Autre particularité, une présence plus forte des parents et bénévoles d’associations pour animer les ateliers.

Parmi les améliorations réclamées par les maires ruraux, une simplification du dossier à remplir pour obtenir des aides financières de la CAF (caisse des allocations familiales), un travail fastidieux que peuvent accomplir les employés d’une grosse ville mais pas l’élu d’un village. La moitié des petites communes y renoncent, selon le rapport.

Les maires s’inquiètent également d’un essoufflement de l’offre, qu’il faut à tout prix élargir afin que les enfants ne suivent pas les mêmes ateliers pendant toute leur scolarité du primaire.

Autre chantier, qui vaut pour toutes les communes quelle que soit leur taille, une harmonisation entre le temps scolaire et le temps périscolaire, qui passe par exemple par des formations conjointes aux enseignants et aux animateurs.

Le ministère de l’Éducation a lancé à la rentrée 2015 plusieurs études pour évaluer l’impact sur les apprentissages de cette réforme des rythmes. Des premiers résultats pourraient être publiés en juin.

 

Source : La mise en place des projets éducatifs de territoires – Une réforme dans le rythme : vers une nouvelle étape qualitative, Françoise Cartron, mai 2016

 

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