«Le CPE est à la fois un homme de terrain, un cadre du personnel et un éducateur»

Publié le 15 mars 2012 à 0h00 - par

François Albaret*, co-auteur de l’ouvrage Pratiques du conseiller principal d’éducation paru aux éditions Weka, présente ce métier qu’il a exercé pendant 15 ans.

Weka : François Albaret, pouvez-vous vous présenter ?

François Albaret : J’ai commencé ma carrière éducative comme animateur d’un centre de vacances, à l’âge de 19 ans. Je suis ensuite devenu instituteur jusqu’en 1987, puis conseiller principal d’éducation pendant 15 ans. Me voilà maintenant principal au collège Jean Moulin de Chevilly-Larue.

Weka : Vous connaissez donc bien le métier de CPE…

François Albaret : En effet. C’est un métier charnière. Le conseiller principal d’éducation a une mission très spécifique, qui n’existe qu’en France : elle s’est historiquement installée dans le secondaire, avec la mise en place du surveillant général sous Napoléon, au début du XIXe siècle, et s’est quelque peu transformée en 1970, avec le nouveau statut. Aujourd’hui, le CPE a essentiellement des tâches éducatives.

Weka : A quelles difficultés le conseiller principal d’éducation est-il confronté aujourd’hui ?

François Albaret : Longtemps, il y a eu un problème de positionnement. On passait du surveillant général au CPE, et il y a eu des nostalgiques : chez les professeurs, chez les chefs d’établissements, mais aussi chez les conseillers principaux d’éducation eux-mêmes, ceux qui avaient connu l’autre époque. Certains n’ont pas compris ce changement. Dans les années 1980, il y a eu beaucoup de contentieux. Puis en 1990, soit 20 ans après ce changement, les habitudes sont rentrées dans les mœurs et la profession s’est renouvelée avec l’arrivée des jeunes CPE. Aujourd’hui, la situation s’est stabilisée. Il n’y a plus de problème de positionnement. En revanche, d’autres sont apparus.

Weka : Lesquels par exemple ?

François Albaret : Les conseillers principaux d’éducation doivent maintenant régler les problèmes sociétaux des enfants : les élèves n’arrivent jamais vierges dans les établissements. Ils ont des soucis familiaux, leurs parents sont au chômage, etc. Cela a des conséquences sur leur travail scolaire. Les CPE font face à des problèmes d’ordre externe, alors qu’avant, les difficultés étaient d’ordre interne.

Weka : Comment voyez-vous l’avenir des CPE ?

François Albaret : Très bien. Ils sont installés, reconnus et indispensables. En revanche, quelques interrogations persistent. Selon moi, il y aura une réforme du statut des professeurs, que la gauche prenne le pouvoir lors de prochaines élections présidentielles ou que Nicolas Sarkozy conserve sa place.

Weka : Pouvez-vous préciser ?

François Albaret : Il y a deux raisons. Tout d’abord, le statut actuel des enseignants date de 1950. Ce n’est pas raisonnable. A l’époque, moins de 10% des élèves obtenaient leur baccalauréat. Actuellement, ils sont 65%. On assiste à une massification considérable de l’enseignement secondaire, or le statut de professeur n’a pas bougé. Certains syndicats se crispent, mais selon moi, cette situation n’est pas tenable. Ensuite, le système, l’enseignement et les élèves dans leur ensemble ont évolué. On ne peut pas continuer à avoir un statut des enseignants simplement défini par un nombre d’heures de cours.

Weka : Mais les professeurs passent plus de temps dans les établissements que le nombre d’heures de cours qui leur est imposé…

François Albaret : Oui. L’idée serait d’officialiser tout cela. Déjà, les professeurs ne sont pas payés lorsqu’ils restent plus longtemps que ce qui leur est imposé ; ensuite, ils ne sont pas obligés de le faire. Par exemple, quand j’organise une réunion avec les professeurs de mon collège, et qu’ils n’ont pas cours à ce moment-là, ils ne sont pas, officiellement, contraints de venir. C’est une situation schizophrénique. En Allemagne, la situation est très différente : les professeurs travaillent 30 heures par semaine. Ceux qui débutent touchent environ 2.300 euros nets par mois. En France, un enseignant débutant perçoit 1.500 euros nets, et les chiffres font peur : selon le syndicat Snes, ils travailleraient 40 heures par semaine ; selon le ministère de l’Education nationale, un peu plus de 38 heures. Il faut faire rentrer l’officieux dans l’officiel.

Weka : N’avez-vous pas peur qu’avec une telle réforme, les CPE soient laissés pour compte ?
François Albaret : Pas du tout. Il n’y a, selon moi, que 5% de risques que les conseillers principaux d’éducation disparaissent dans les 30 prochaines années. La raison est simple : on ne demandera jamais aux professeurs d’aller surveiller les cours ou la cantine, encore moins de régler les conflits qui relèvent de la « vie scolaire ». Chacun conserverait son rôle.

Weka : Justement, concernant ce rôle, que peut apporter le guide paru aux éditions Weka ?

François Albaret : Cet ouvrage s’adresse à tous les conseillers principaux d’éducation, futurs comme anciens. C’est un métier à très large spectre : le CPE est un spécialiste des questions générales, c’est-à-dire qu’il est à la fois un homme de terrain, un cadre du personnel, un pédagogue et un éducateur. De plus, il entretient des relations avec tous les partenaires. Pour cela, il fait appel à des connaissances très variées, allant de la philosophie à la sociologie, en passant bien sûr par la psychologie. Il doit aussi maîtriser les technologies modernes de communication. Il a donc besoin d’avoir un document de référence sous la main, qui lui permette de trouver toutes les informations et les outils dont il a besoin pour exercer son métier. Le guide Weka est le seul à être si complet, et ce depuis 1997.

Pour aller plus loin :

* François Albaret  est titulaire d’un master en management et ingénierie économique et d’une licence en sciences de l’éducation. Il est auteur aux éditions Weka depuis 1997 et également coordinateur de la Lettre du CPE.
 

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