L’école au cœur de la présidentielle

Publié le 18 avril 2012 à 0h00 - par

L’école est plus que jamais au cœur de la présidentielle et fait l’objet de propositions aussi diverses que variées dans les programmes éducation des principaux partis politiques.

Que ce soit à Orléans pour François Hollande, Montpellier pour Nicolas Sarkozy ou dans d’autres villes de l’hexagone pour François Bayrou, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, chacun décline son projet d’avenir pour la réussite des enfants et promet de grandes réformes scolaires.

Nicolas Sarkozy élude l’école primaire, en plaçant directement le second degré au cœur de ses propositions. Il maintient sa cure d’austérité en poursuivant l’amaigrissement des effectifs d’enseignants, mais préconise une augmentation de leur temps de travail de 18 heures de cours à 26 heures, sur la base du volontariat pour une augmentation salariale de 25 %. Il souhaite aussi augmenter l’autonomie des établissements scolaires, en leur permettant de recruter directement les professeurs et en variant les rémunérations. Considérant que le collège unique est un échec, il souhaite des classes à niveau et un bilan de situation à la fin de la 5e. Il se déclare contre la suppression du baccalauréat, mais souhaite un réaménagement de l’examen, avec plus de place au contrôle continu, la diminution des options, les notes éliminatoires pour les notions principales et un tronc commun plus important.

François Bayrou choisit, quant à lui, de maintenir les postes d’enseignants et d’améliorer leurs conditions de travail en diminuant les heures de cours et donc celles des élèves, qui libérées, pourront être consacrées au travail en équipe. Il restaure l’année de formation en alternance avec la pratique en classe et préconise un bac d’excellence pour les élites en mathématiques et en lettres. Il revient sur les fondamentaux et souhaite que la moitié des heures de cours en primaire soit consacrée aux bases. Il prône une école plus individualisée, la sélection et propose un examen d’entrée en 6e. Il revient sur le collège unique en envisageant un collège hors les murs avec des pédagogies adaptées aux enfants en difficultés.

François Hollande se fait fort de recréer 60 000 postes d’enseignants, infirmiers, surveillants, assistants sociaux en 5 ans et porte son effort sur le primaire : il promet une obligation d’accueil en maternelle à 3 ans et une remontée de la préscolarisation en zone prioritaire. Le candidat socialiste souhaite aussi une réforme des rythmes scolaires sur l’année et la semaine : il réintroduit les 9 demi-journées à l’école. Il réaffirme son opposition radicale aux atteintes au collège unique, dénonçant ainsi la sélection précoce de l’UMP. Il souhaite pour la petite université des lycées polyvalents associant général, technologie et professionnel et une orientation au bénéfice de l’enseignement professionnel. Il est le seul à évoquer la fonction des enseignants, dont il souhaite une refonte avec le rétablissement de l’année de stage et la formation initiale et continue. Les IUFM seront remplacés par des écoles supérieures du professorat et de l’éducation. Il propose, au même titre qu’Eva Joly, un service public de la petite enfance.

Marine Le Pen insiste sur le respect de l’enseignant et de l’école (valeur discipline) et l’apprentissage des fondamentaux dont elle souhaite accroître les valeurs humaines. À l’instar de Nicolas Sarkozy, elle souhaite individualiser davantage l’école, revoir son statut et donner plus d’autonomie aux chefs d’établissement, sortir du collège unique et permettre l’apprentissage dès 14 ans. Elle compte remplacer tous les départs à la retraite, sans pour autant réemployer, se situant ainsi dans l’entre deux. Elle renforce la surveillance dans les écoles et interdit l’école aux enfants de familles sans papier.

Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, propose une scolarité obligatoire de 3 à 18 ans, maintient le collège unique pour tous et propose le rétablissement de tous les postes supprimés depuis 5 ans. Il crée des postes d’assistants sociaux scolaires et engage une nouvelle réforme de la formation des enseignants.

Pour la candidate d’Europe Écologie/les Verts, Eva Joly, il faut remettre l’école au centre du combat pour l’égalité. Elle propose de créer 20 000 postes de professeurs et de personnels éducatifs dans les quartiers de l’éducation prioritaire et de renforcer leur formation en réintroduisant 2 années de formation professionnelle en alternance, après le concours de fin de licence. Elle diversifie les conditions d’accès au métier d’enseignant en proposant une voie d’accès par concours aux étudiants, titulaires d’un master ou aux enseignants sous contrat. Elle favorise la mixité sociale à l’école, revient sur la carte scolaire et crée des maisons d’aide aux devoirs. Elle défend le collège unique et surtout l’idée d’une école fondamentale pour tous sans sélection, ni orientation, réunissant le primaire et le secondaire. Elle développe l’idée de la formation tout au long de la vie et la formation professionnelle dans la construction écologique. Elle veut lancer « les états généraux de l’éducation ».

À leur lecture et dans le détail, force est de constater que ces politiques sont largement incompatibles et s’opposent sur des points cruciaux, dans la conception même de l’école, mais aussi dans la stratégie à mettre en place pour sa modernisation.

Jean-Luc Mélenchon et François Hollande, à l’instar des candidats de gauche, prônent un accès plus démocratique à l’enseignement et une uniformisation de l’école : ils attribuent une importance certaine à l’acquisition d’un même socle commun de compétences pour tous.

Alors que Nicolas Sarkozy met en avant « les valeurs républicaines » présentant l’école comme une école qui met sur le même banc l’enfant du riche et l’enfant du pauvre, une école laïque sans voile partiel ni voile intégral, une école de l’autorité ; François Bayrou défend une école traditionnelle avec des enseignants revalorisés et des élèves triés. François Hollande refonde l’école qu’il décrit comme brutalisée et attaquée, dans le cadre d’un contrat avec la nation. Eva Joly remet l’école au centre du contrat pour l’égalité.

François Bayrou et Nicolas Sarkozy veulent une école plus individualisée. Seul François Hollande souhaite une scolarisation à 2 ans et défend la création d’un service public de la petite enfance, comme Eva Joly.

François Hollande, François Bayrou et Nicolas Sarkozy veulent alléger les journées de travail et revoir les rythmes scolaires.

Pour le parti socialiste, le système scolaire doit être revu en profondeur pour qu’il cesse de fonctionner par l’échec. Pour l’UMP, il semble possible de faire mieux sans plus de moyens. Pour les Verts, la réussite de l’école passe par la lutte contre la sélection et l’exclusion. Pour le MoDem, il faut se concentrer sur l’école primaire et faire confiance aux professeurs.

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Pas de révélations donc dans les programmes éducation des principaux partis politiques, et encore moins d’innovation. L’ANDEV et ses professionnels de l’éducation n’a pas à l’instar d’autres réseaux ou associations, questionné les candidats. Elle s’est, par contre, dans le cadre de l’appel de Bobigny, adressé, avec d’autres associations sous l’égide du Réseau français des villes Éducatrices, aux candidats à la présidentielle. 

L’ANDEV a parallèlement, à Nîmes, rappelé les conditions de la réussite éducative des enfants et a inscrit dans le débat plusieurs questions primordiales, dont les réponses impliquent à plusieurs titres les collectivités locales et l’Éducation nationale :
 

  1. Le mode d’organisation actuel de l’école est-il si archaïque qu’il nuit à la réussite scolaire ? Faut-il le moderniser ? L’EPEP n’est-il pas une réponse aux nouveaux enjeux d’aujourd’hui ? L’ANDEV s’est largement exprimée sur ce sujet, en défendant la nécessité d’une nouvelle gouvernance, impliquant une refonte du système de pilotage, avec un vrai directeur déchargé et une équipe éducative comprenant tous les enseignants et les personnels et acteurs œuvrant dans et pour l’école. En ce sens, l’ANDEV a préconisé l’expérimentation des EPEP qui tendent vers une autonomie accrue des écoles.

    Elle a défendu aussi l’instauration d’un continuum éducatif sur tous les temps de l’enfant d’une part, mais aussi une continuité entre le premier et le deuxième degré, d’autre part, qui permettrait de renforcer les apprentissages du socle commun et la communication des enseignements, et de rompre avec la fragmentation des temps, des espaces, mais aussi des niveaux de collectivité constitutive de vraies ruptures pour les enfants.

  2. La réforme des rythmes scolaires menée par l’Éducation nationale en 2008, a relancé aussi la question de réussite des élèves eu égard aux effets négatifs engendrés par la semaine de 4 jours, trop dense, trop fatigante pour les élèves et briseuse de liens avec les familles. Les rythmes imposés aux enfants sont-ils des facteurs de réussite scolaire ?
  3. L’ANDEV, auditionnée à plusieurs reprises, a préconisé la définition d’un cadre national et l’inscription de l’aménagement des rythmes de l’enfant dans le projet éducatif local. Convaincue de l’influence des rythmes sur la réussite scolaire et également sur le développement de l’enfant, l’ANDEV a prôné le retour à la semaine de 9 demi-journées.
  4. Autre question : à l’heure du numérique, le développement des nouvelles technologies ouvre-t-il de nouvelles perspectives en terme de réussite scolaire pour les enfants, sachant que ses retombées sont déjà multiples ? Il modifie les pratiques, les modes de communication et d’informations entre les parents, les enfants et les collectivités, il développe l’attention des enfants. Mais quelle évolution aujourd’hui ? Quelle formation pour les enseignants ? La pédagogie numérique offre-t-elle une plus-value réelle pour la réussite scolaire ? Quelle évaluation ?
  5. Clairement, il y a aussi la question du maintien des enfants à l’école maternelle dès 2 ans. Le taux de scolarisation a spectaculairement chuté, passant de 34,3 % en 2000 à 13,6 % en 2010. Pourtant là encore la scolarisation à 2 ans a des effets positifs sur l’apprentissage de la lecture en cours préparatoire, notamment pour ceux qui cumulent des handicaps scolaires et sociaux. Les collectivités locales ne ménagent pas leurs efforts pour cette tranche d’âge, mettant à disposition des personnels qualifiés, formés, mais aussi des espaces adaptés, notamment dans les quartiers fragilisés. L’ANDEV a toujours considéré qu’elle devait être défendue partout et surtout dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé.
     

Et puis, il y a la carte scolaire, véritable levier des collectivités locales, lorsqu’il s’agit de travailler sur la mixité sociale, la scolarisation des enfants de 2 ans qui doit être défendue partout, mais surtout dans les quartiers les plus défavorisés, etc.

On ne saurait conclure enfin sans évoquer la parentalité. La réintégration des parents, notamment dans le cadre des conseils d’école n’est-elle pas un gage de la réussite des enfants, ainsi que leur participation à la définition des projets éducatifs locaux ? L’espace local est un lieu privilégié de prise en compte des besoins éducatifs, culturels des familles, un lieu d’ouverture d’espace de dialogue pour les formaliser, un lieu de structuration des services pour y répondre.

Si le projet éducatif local, comme le projet d’école, fournissent un cadre favorable à cette réintégration des parents dans leurs responsabilités éducatives, le soutien à apporter aux plus démunis et à ceux qui sont les plus éloignés de l’école et des difficultés de leur enfant, l’effort d’information et de communication, l’effort d’aide locale des parents d’élève ne peuvent se faire que dans la proximité du territoire.

En cela, les collectivités locales sont porteuses d’efficacité, elles qui interviennent dans le rapport aux familles depuis de nombreuses années, à travers leur politique sociale, culturelle, sportive, scolaire et périscolaire.
 


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