Rentrée : des tablettes en cours pour un quart des élèves de 5e

Publié le 30 août 2016 à 14h00 - par

Un quart des élèves de 5e seront équipés en tablettes à partir de la rentrée : le plan visant à rattraper le retard de la France dans le numérique éducatif s’installe progressivement, au rythme de la formation des professeurs et de la modernisation des réseaux dans les établissements.

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Le plan numérique d’un milliard d’euros annoncé par François Hollande est co-financé par les départements et concerne aussi 1 800 écoles. Outre l’équipement des 5es en tablettes ou ordinateurs portables, il inclut des ressources éducatives numériques pour élèves et enseignants.

La mise en œuvre de ce énième plan est moins rapide que prévu, puisqu’il était initialement question d’équiper 40 % des 5es à cette rentrée pour atteindre 100 % en trois ans.

« Nous sommes à l’aube d’une grande rentrée, celle qui va marquer un déploiement massif du numérique dans nos écoles et nos collèges », a déclaré la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem dans un message vidéo à l’ouverture de Ludovia, université d’été sur la e-education, la semaine dernière dans l’Ariège.

Le déploiement prendra du temps, car il « nécessite une formation au long cours pour les enseignants, une appropriation des ressources numériques », a-t-elle ajouté.

« En abordant le numérique, la programmation et ses enjeux, nous donnons à nos élèves le moyen d’être acteurs et penseurs de cette révolution technologique, et non plus des usagers passifs », a-t-elle dit.

Il ne s’agit pas de mettre les collégiens devant leurs tablettes en classe 100 % du temps, mais « ces outils permettront aux enseignants de développer le travail collaboratif, de diversifier et surtout d’individualiser les apprentissages », avait-elle déjà souligné.

Le numérique change aussi le « statut de l’erreur », avec des élèves qui devraient moins hésiter à réessayer devant un ordinateur que devant leurs camarades.

Une phase d’adaptation

« On a tendance à avoir l’impression que si on équipe tous les élèves en tablettes, tout va s’améliorer », relève Éric Charbonnier, spécialiste de l’Éducation à l’OCDE. Un rapport récent de l’organisation pointe que « ce n’est pas en ayant une utilisation intensive du numérique qu’on améliore les performances », mais « il faut le considérer comme un outil supplémentaire », rappelle-t-il.

Le Snes-FSU, premier syndicat des professeurs du secondaire, estime que l’outil « est bon à prendre parce qu’il enrichit la palette pédagogique, mais il ne constitue pas la baguette magique espérée par certains. Les enseignants concernés vont devoir gérer cet outil qu’ils n’ont souvent pas demandé ».

« Ce n’est pas parce que les tablettes arrivent que c’est une certitude qu’elles seront utilisées de manière pertinente, intelligente, souple », prévient Stéphanie de Vanssay, spécialiste du numérique au syndicat d’enseignants SE-Unsa. « Il va y avoir une phase d’adaptation. Quand on n’a pas l’habitude, le numérique, ça demande un gros boulot pour penser ses cours autrement ».

Peu importe pour elle que l’équipement aille moins vite que prévu : « le côté il faut à tout prix s’y mettre maintenant, on n’est pas prêts, on n’a pas eu la formation, mais le matériel arrive, c’est un coup à ce que ça reste dans les placards ».

Tous les départements ont répondu à l’appel à projets, dans des proportions très variées : on compte ainsi un seul collège dans le plan numérique dans la Somme, 71 en Meurthe-et-Moselle ou 112 en Loire-Atlantique, précise-t-on à l’Association des départements de France (ADF).

« Ce n’est pas parce qu’un département a décidé d’équiper une ou deux classes de cinquième ou dans deux ou cinquante collèges, que les équipements arrivent tout de suite », souligne l’ADF. « Le projet est en train de se bâtir, ce ne sera pas immédiatement un usage fluide, enrichi et complètement stabilisé ».

D’autant que côté infrastructures, « tout est loin d’être achevé : il va falloir installer des réseaux wifi, les moderniser, stabiliser les réseaux électriques des établissements pour recharger les équipements », explique l’ADF. Cela représente « un gros investissement », à un moment où « les départements font face à une grande difficulté budgétaire » avec « l’explosion des dépenses sociales ».

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