Élections régionales : dernier rendez-vous électoral avant la présidentielle de 2017

Publié le 1 septembre 2015 à 11h34 - par

Dernier grand scrutin avant l’élection présidentielle, les régionales des 6 et 13 décembre 2015 s’annoncent difficiles pour la gauche et l’exécutif, entre enjeux locaux et nationaux, afflux de migrants, attentats et poussée du Front national.

Élections régionales : dernier rendez-vous électoral avant la présidentielle 2017

Pour la première fois, ces régionales 2015 auront lieu avec le nouveau découpage territorial adopté début 2014, qui réduit de 22 à 13 le nombre des régions métropolitaines.

La gauche, qui avait réussi le quasi-grand chelem en 2010, en remportant 21 régions sur 22, tentera cette fois de limiter les dégâts, après une série de défaites aux municipales, aux européennes, aux sénatoriales et aux départementales.

À l’inverse, la droite veut saisir l’occasion pour lancer la reconquête en s’emparant d’un maximum d’exécutifs régionaux. Autre enjeu majeur, le FN est pour la première fois en capacité de l’emporter dans deux régions – Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

« C’est une élection fondamentale, parce que chacun des trois grands partis a beaucoup à perdre et à gagner », résume Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, et « les partis vont faire massivement campagne ».

Le vote aura lieu en pleine COP21, la conférence mondiale sur le climat qui se réunira du 30 novembre au 11 décembre à Paris et mettra les enjeux écologiques au cœur du débat. Au risque de lasser des électeurs confrontés aux problèmes quotidiens de l’emploi, des retraites ou du pouvoir d’achat.

« Les élections intermédiaires sont souvent utilisées par une partie de l’électorat pour exprimer son mécontentement », rappelle Frédéric Dabi : « L’absence de résultats du gouvernement sur le chômage, le ras-le-bol fiscal, les sujets économiques et sociaux, vont sans doute être instrumentalisés pour sanctionner sa politique ». Des éléments extérieurs, comme la crise grecque ou l’arrivée massive de migrants, peuvent également peser sur le scrutin.

Résolument offensif, le Premier ministre, Manuel Valls, a soutenu dès cet été sur le terrain la tête de liste socialiste en PACA, Christophe Castaner, et plaide pour que la gauche, embourbée dans ses divisions, « se rassemble dès le premier tour ».

Des patrons de région plus puissants

Quant au patron des Républicains, Nicolas Sarkozy, il a fait des régionales sa « priorité » de la rentrée et se réjouit de l’« unité » de la droite avant le scrutin.

Côté personnalités, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, devrait être candidat en Bretagne et Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, est tête de liste en Île-de-France. À droite, Valérie Pécresse (IDF), Xavier Bertrand (Nord-PdC-Picardie), Christian Estrosi (PACA) ou Laurent Wauquiez (Rhône-Alpes) sont sur les rangs. Marine Le Pen, empêtrée dans le conflit qui l’oppose à son père, sera tête de liste FN en Nord-PdC-Picardie, Marion Maréchal-Le Pen en PACA et Florian Philippot en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne.

Parmi les présidents de Conseils régionaux sortants, Alain Rousset et Jean-Jack Queyranne tenteront de maintenir l’Aquitaine et Rhône-Alpes à gauche. Mais le scrutin à la proportionnelle favorise la dispersion, et les écologistes d’EELV, au bord de la scission, veulent partir sous leurs couleurs.

Si le nombre de conseillers régionaux à élire ne change pas – 1 757 et 153 conseillers territoriaux – le passage de 22 à 13 régions métropolitaines réduit d’autant le nombre de présidents d’exécutifs régionaux et renforce la concurrence.

À la tête de régions qui compteront en moyenne autour de six millions d’habitants – le double pour l’Île-de-France -, les présidents élus en décembre dirigeront des collectivités puissantes, dont les compétences, mais aussi les moyens, ont été renforcés par la loi NOTRe (Nouvelle organisation du territoire de la République) votée en juillet. Les électeurs voteront également dans deux régions et deux collectivités uniques d’outre-mer.

Si dans certaines régions, le redécoupage né de la réforme territoriale est plutôt bien accepté, dans d’autres – comme en Alsace – les électeurs pourraient exprimer leur mécontentement en boudant les urnes.

Autre particularité du scrutin, la réforme a bousculé le calendrier électoral et les Français n’ont pas été appelés à voter aussi tard dans l’année depuis la présidentielle de 1965.

Autant d’éléments qui pèseront sur le choix des électeurs. Depuis 2007, on observe cependant une tendance lourde : s’ils se mobilisent fortement pour la présidentielle, les Français votent de moins en moins lors des scrutins intermédiaires. En 2010, l’abstention avait atteint 53,6 % au premier tour des régionales.

 

par Dominique Chabrol

 

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