Les jeunes travailleurs sociaux presque à l’abri du chômage

Publié le 6 septembre 2010 à 0h00 - par

Une récente étude de la Drees analyse les débuts de carrière des diplômés des professions sociales, afin d’apprécier leur insertion professionnelle. Résultat : ceux-ci sont peu exposés au chômage ou à l’inactivité. En effet, sept sortants des formations sociales sur dix occupent un emploi à durée indéterminée trois ans après l’obtention de leur diplôme.

Les jeunes travailleurs sociaux presque à l’abri du chômage

 

Les nouveaux diplômés des professions sociales connaissent une insertion rapide et stable et peu de périodes de chômage ou d’inactivité trois ans après l’obtention du diplôme. Tels sont les principaux enseignements d’une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui a ausculté « les débuts de carrière des diplômés des professions sociales » en 2004 (niveaux III et IV).

Une insertion rapide et stable

Les diplômés des professions sociales de niveaux III et IV bénéficient d’« un accès rapide à l’emploi », constate l’auteur de l’étude. De fait, au moins 85 % d’entre eux ont trouvé un emploi en moins de cinq mois ! Leur accès au premier emploi est plus rapide que pour les autres diplômés de niveaux équivalents. Ainsi, le temps moyen d’accès à un premier emploi s’établit à 1,8 mois pour les formations sociales de niveau III (contre 2,8 mois pour les formations non sociales de même niveau) et à 2,5 mois pour les moniteurs-éducateurs (contre 3,4 pour les diplômés des professions non sociales de niveau IV).
Dans les formations sociales de niveau III, le temps d’accès au premier emploi est un peu plus rapide pour les hommes que pour les femmes : 62 % des hommes accèdent à leur premier emploi en un mois, contre 55 % des femmes. Au niveau IV, cette tendance s’inverse. Pour les moniteurs-éducateurs, l’accès au premier emploi est plus favorable aux femmes qu’aux hommes : 64 % des femmes et 41 % des hommes trouvent leur premier emploi en un mois ou moins.

Le premier emploi des primo-sortants du système éducatif n’est pas toujours durable. Celui-ci peut déboucher sur un autre emploi mais aussi, parfois, sur une période de chômage ou d’inactivité. Ainsi, environ 26 % des premiers emplois des diplômés des professions sociales (niveau III et niveau IV) ont duré six mois ou moins, un chiffre proche (30 %) de celui des diplômés des professions non sociales. Cependant, le premier contrat des diplômés des professions sociales (niveau III ou IV) dure souvent plus longtemps que celui des autres diplômés. En effet, il s’est poursuivi au moins deux ans pour 45 % d’entre eux, alors que cette proportion est globalement de 37 % dans les autres formations de mêmes niveaux. Plus généralement, les sortants de niveau III ont conservé un peu plus longtemps leur premier emploi que ceux de niveau IV.
En revanche, les primo-sortants des formations sociales bénéficient un peu moins fréquemment que les autres d’un contrat à durée indéterminée (CDI) dans leur premier emploi : 28 % au niveau III et 24 % au niveau IV des formations sociales contre, respectivement, 34 % et 30 % des formations non sociales. Ils sont recrutés, le plus souvent (63 % au niveau III et 57 % au niveau IV), sur un contrat à durée déterminée (CDD), le recours à l’intérim restant marginal (au plus 5 %) pour ces diplômés.
Au total, environ sept sur dix des premiers emplois contractés dans les professions sociales sont à durée limitée (CDD, contrats aidés, intérim). Les contrats aidés sont plus souvent proposés aux moniteurs-éducateurs (9 %) qu’aux diplômés des formations sociales de niveau III.

Des professionnels peu exposés au chômage ou à l’inactivité

Au cours des trois premières années de vie active, la proportion du temps passé en emploi se révèle un peu plus forte chez les diplômés des professions sociales. Elle atteint 93 % pour les sortants de niveau III, contre 88 % pour ceux des formations non sociales du même niveau. Elle est de 82 % pour les moniteurs-éducateurs, contre 78 % pour les diplômés de professions non sociales de niveau IV.

Les diplômés des professions sociales ont passé environ autant de temps au chômage ou en inactivité que les diplômés des professions non sociales (8 % contre 10 %), mais n’ont passé que très peu des trois premières années suivant leur entrée sur le marché de l’emploi en formation ou reprise d’études (1 % au total), alors que cette proportion atteint 8 % chez les diplômés des autres types de formations. Le temps passé au chômage est, toutefois, plus long chez les diplômés de niveau IV : 14 % pour les moniteurs-éducateurs, contre 7 % des sortants des formations sociales de niveau III.

« Le risque de rester durablement au chômage durant les trois ans après la sortie des études est généralement faible pour les diplômés des professions sociales de niveaux III et IV, même s’il est un peu plus élevé pour les moniteurs-éducateurs que pour les autres diplômés », explique l’étude. Ainsi, 91 % des diplômés des professions sociales de niveau III étaient en emploi six mois après la fin de leurs études et, pour 64 %, il s’agissait d’un emploi qui a duré au moins un an. Deux ans plus tard, ils sont toujours aussi nombreux en emploi (93 %). En outre, la part de ceux occupant un emploi long est passée à 86 %. Les moniteurs-éducateurs sont dans une situation un peu moins favorable.

Au final, trois ans après la sortie du système scolaire, 57 % des diplômés des professions sociales de niveau III et 62 % de ceux de niveau IV occupent le même emploi depuis deux ans ou plus, contre 52 % et 45 % des sortants de formations non sociales de même niveau. Les diplômés qui ont changé de contrat entre 2004 et 2007 ont, généralement, amélioré leur situation sur le marché de l’emploi. En 2007, le pourcentage des diplômés des professions sociales de 2004 détenant un contrat à durée indéterminée (CDI) a rattrapé celui des diplômés des autres formations : 71 % pour les niveaux III et 63 % pour les niveaux IV.

Les rémunérations des diplômés des professions sociales

Ces rémunérations s’avèrent relativement stables, mais les évolutions modestes, note l’étude. Lors de la première embauche, 20 % des diplômés des professions sociales de niveau III perçoivent un salaire compris entre 980 euros et 1 200 euros, 50 % un salaire compris entre 1 200 euros et 1 400 euros et 20 % entre 1 400 euros et 1 653 euros. En début de carrière, on observe peu de différences entre les salaires des diplômés des professions sociales de niveau III et ceux des moniteurs-éducateurs. Les salaires médians s’établissent ainsi à 1 300 euros pour les premiers, 1 250 euros pour les seconds.

Après les trois premières années d’activité, pour les salariés à temps plein, les professions sociales connaissent des progressions salariales plus faibles que les autres. Leur rémunération médiane augmente de seulement 1 % entre le premier salaire perçu et celui perçu au bout de la troisième année d’activité, alors que cette progression est de près de 5 % dans les formations non sociales. En dépit de ce constat, les diplômés des professions sociales de niveaux III et IV sont relativement satisfaits de leur rémunération, indique l’auteur de l’étude.

Portrait robot des nouveaux travailleurs sociaux

Les diplômés des formations sociales de niveau III sont plus âgés que les autres sortants d’études de niveau équivalent. Ils ont obtenu leur diplôme à 24 ans, en moyenne. Les femmes constituent la majorité de ces diplômés (92 %). Les jeunes femmes représentent, notamment, la quasi-totalité de ceux qui se destinent au métier de conseiller en économie sociale familiale (CESF). Les nouveaux moniteurs-éducateurs pèsent moins de 1 % de l’ensemble des primo-sortants de formation de niveau IV. Encore minoritaires, les hommes y sont relativement plus nombreux (25 %) que dans les professions sociales de niveau III. Ils se montrent, par ailleurs, plus âgés en moyenne (28 ans) que les femmes (24 ans).

À noter : les diplômés des professions sociales estiment, plus que les autres, avoir atteint le niveau de formation souhaité. C’est vrai pour 81 % des primo-sortants des formations sociales de niveau III et 61 % de ceux de niveau IV.

Pour en savoir plus :

Téléchargez le document au format pdf Les débuts de carrière des diplômés des professions sociales, « Études et résultats », Drees, n° 734, juillet 2010