Endiguer la baisse de fréquentation des colonies de vacances

Publié le 20 août 2013 à 0h00 - par

Les enfants partent de moins en moins en colonie de vacances, ce qui affecte leur bien-être, mais aussi l’économie locale. Un rapport parlementaire émet une vingtaine de propositions pour y remédier.

Depuis 1995, les départs de jeunes en colonies de vacances (séjours collectifs avec hébergement de plus de trois nuits) sont en constant recul. Cette désaffection pré « coïncide avec une baisse du taux de départ en vacances des mineurs, inédite depuis les années 1960 », note un rapport parlementaire*.

En effet, trois millions de jeunes de 5 à 19 ans (dits « immobiles ») ne partent jamais. Et la durée moyenne des séjours de plus d’une semaine en colonie de vacances n’a cessé de se réduire : 17 jours en 1994, entre 5 et 8 jours aujourd’hui. Or, les bienfaits éducatifs de ces séjours sont avérés, et la fermeture des centres de vacances affecte l’économie touristique locale, en particulier en zone rurale ou de montagne, dans des territoires parfois reculés ou peu accessibles.

Mais les colonies de vacances sont devenues trop chères pour les classes moyennes (400 à 600 euros par enfant pour une semaine, soit davantage que les séjours de scoutisme ou dans les « mini-camps » ou même que les vacances familiales en camping). L’état s’est désengagé, au profit des chèques-vacances, distribués aux salariés par les comités d’entreprise ; et les comités d’entreprise ont progressivement cessé de financer des colonies de vacances. En outre, les parents craignent une insécurité pour leur enfant (pédophilie, accident, mauvaises fréquentations…) et la rupture avec les habitudes et les valeurs de la famille…
 

Grandes communes

Pour les communes, il est plus avantageux de proposer des accueils de loisirs sans hébergement (ALSH) que des colonies. Ouverts toute l’année, ces centres peuvent employer des agents à temps plein ou partiel, et pas uniquement des salariés occasionnels.

Les dépenses d’investissement et de fonctionnement engagées restent sur le territoire de la commune. De plus, ces centres étant étroitement liés aux rythmes scolaires adoptés par la municipalité, les familles les considèrent comme un mode de garde périscolaire qui prend le relais des crèches municipales. C’est pourquoi, pendant les vacances, ils accueillent à la journée davantage d’enfants que les colonies, pour des activités souvent comparables.

Redistribuées, par l’intermédiaire des communes, aux associations qui gèrent les accueils ou organisent les activités localement, les subventions des caisses d’allocations familiales influencent la fermeture des centres et le maintien des emplois. En négociant le contrat de subventionnement avec les caisses, ce sont ainsi les communes qui décident de subventionner une association ou une activité et qui choisissent les bénéficiaires locaux de ces subventions.

Seules quelques grandes communes, aux budgets importants, peuvent subventionner des centres de loisirs tout en conservant un patrimoine de centres de vacances afin d’y accueillir les enfants de toutes origines sociales, gratuitement ou avec des tarifs indexés sur le quotient familial.
 

Projets éducatifs territoriaux et jumelages

Le rapport émet une vingtaine de propositions pour remédier à cette baisse de fréquentation. Il suggère notamment de créer un fonds national d’aide au départ en vacances collectives pour les jeunes qui ne partent pas en vacances, qui serait financé par le rétablissement d’une taxe sur l’hôtellerie de luxe.

Les séjours collectifs de mineurs, organisés par des associations d’éducation populaire labellisées, et les classes de découverte, pourraient être intégrés dans les projets éducatifs territoriaux. Cela faciliterait l’attribution des subventions versées par les collectivités, des fonds d’état ou des fonds d’action sociale des caisses d’allocations familiales. Des réseaux territoriaux dédiés aux séjours collectifs des jeunes permettraient aux collectivités de partager le coût des séjours par le biais des jumelages (français, européens ou internationaux) ou des projets éducatifs territoriaux.
 

Hôtel-club confortable

Les députés proposent aussi de créer un lieu de travail regroupant état, collectivités locales, associations, acteurs sociaux, professionnels du tourisme… Ou encore de recenser le patrimoine des colonies de vacances, et de lancer une étude nationale sur les retombées économiques et sociales des colonies de vacances et des classes de découvertes dans le territoire où elles sont implantées.

La rentabilité d’un centre de vacances est conditionnée par certains critères : être aménagé comme un hôtel-club confortable ; proposer suffisamment d’activités sur le lieu d’hébergement pour éviter des déplacements ; diversifier sa clientèle en basse saison… ; accueillir des hébergements supplémentaires (tentes ou habitations légères de loisirs) l’été, afin d’équilibrer les comptes.

Marie Gasnier

* Pour en savoir plus : « Rapport d’information sur l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs« , élaboré par le député Michel Ménard, au nom de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, déposé à l’Assemblée nationale le 10 juillet 2013
 

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