Une rentrée scolaire sans révolution pour 12 millions d’élèves, entre stress et plaisir

Publié le 2 septembre 2015 à 13h41 - par

Quelque 12 millions d’élèves ont repris le chemin de l’école mardi, pour une rentrée sans bouleversement majeur car les grandes réformes sont prévues pour l’année prochaine. Et, comme à chaque fois, les enfants étaient partagés entre inquiétude et plaisir de retrouver les copains.

Rentrée scolaire

Devant l’école Paul-Bert de Malakoff (Hauts-de-Seine), Stella, 6 ans, est « excitée » de faire sa rentrée en CP : « J’ai envie de me faire des amis. » Clara annonce fièrement qu’elle va « apprendre à lire » mais se demande, préoccupée, si elle va « avoir des devoirs ».

Pas de maîtresse en vue pour une classe de petite section de la maternelle Paradis, dans le 10e arrondissement de Paris. « Mais c’est qui la maîtresse ? », demande une maman au milieu des hurlements et des pleurs. « La maîtresse du mardi n’a pas encore été nommée », lui répond-on. Les enfants sont finalement accueillis par l’autre maîtresse à temps partiel.

Cette rentrée poursuit les réformes lancées en 2013 par le ministre de l’Education d’alors, Vincent Peillon. Aujourd’hui portées par Najat Vallaud-Belkacem, les nouveautés de 2015 sont relativement consensuelles, contrairement à ce qui se prépare pour septembre 2016.

Entreront alors en vigueur les réformes des programmes et du collège, dossiers qui pourraient peser lourd sur cette année scolaire, en raison des très fortes divisions, y compris au sein du corps enseignant. D’autant que la droite est bien décidée à occuper le terrain à l’approche de la présidentielle de 2017. L’intersyndicale des opposants à la réforme du collège se réunit mardi soir pour se prononcer sur une grève en septembre et une manifestation en octobre.

Les écoliers de Montauban (Tarn-et-Garonne) ont un jour de répit : la préfecture a annoncé le report de la rentrée pour vérifier l’état des groupes scolaires après les violents orages de la nuit. Les transports scolaires dans le département ont été suspendus et plusieurs collèges et lycées sont restés fermés.

La mobilisation a payé

Fidèle à la tradition, le président François Hollande a effectué un déplacement dans un établissement, se rendant dans l’école rurale de Pouilly-sur-Serre (Aisne). Après avoir assisté à un spectacle des enfants, il a redit que 60 000 postes seraient bel et bien créés dans l’enseignement pendant son quinquennat (en plus du remplacement des départs à la retraite), conformément à sa promesse de campagne. Plus de 35 200 postes nets ont déjà été créés depuis 2012, a-t-il indiqué.

Cette année, quelques nouveautés attendent les élèves et les enseignants, mais pas de révolution. Seuls les plus petits ont droit à de nouveaux programmes, axés sur le vocabulaire, le jeu et la socialisation. La maternelle, spécificité française, est définie comme « une école bienveillante ».

Leurs aînés vont découvrir les nouveaux programmes d’enseignement moral et civique (EMC), du CP à la terminale, avec une heure par semaine en école élémentaire et une heure tous les quinze jours dans le secondaire. Une nouveauté qui prend un relief particulier après les attentats de janvier. Ces programmes doivent être plus concrets que l’éducation civique et faire la part belle aux débats et à l’argumentation. Pour « engager le dialogue avec les parents », ces derniers seront incités à signer la charte de la laïcité, une première.

Les établissements français accueillent cette année plus d’élèves qu’en 2014 : 2,2 millions de lycéens, soit 40 000 de plus, et 6,8 millions d’écoliers (+ 27 300). Seul le collège voit ses effectifs reculer, d’environ 27 000, à 3,3 millions. D’aucuns craignent déjà des effectifs trop importants dans certaines classes, notamment au lycée, comme l’a rappelé la semaine dernière la Peep, une des fédérations des parents d’élèves.

À Saint-Denis, en banlieue parisienne, des trios formés de parents, professeurs et élus étaient postés devant chacune des 67 écoles de la ville pour vérifier que chaque classe disposait d’un maître, après les manquements de l’année passée (20 classes sans enseignants et 74 contractuels sans formation pour cette seule ville). « La mobilisation a payé », s’est félicitée la ville, qui appelle toutefois à la vigilance, notant que le volant de remplaçants semblait déjà utilisé.

Question rythmes scolaires, la situation s’est apaisée dans nombre de villes : à Marseille, l’une des plus en retard, la mairie assure que « tout est prêt ». Mais 18 % des communes n’ont toujours pas signé de projet éducatif territorial, condition pour recevoir les fonds de l’État pour financer les activités périscolaires.

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