« Les EPL, au cœur de l’écosystème productif local »

Publié le 31 mars 2017 à 16h03 - par

À raison de 50 créations par an, les Entreprises publiques locales (EPL) tracent leur sillon sur les territoires. En profondeur même, comme en témoigne l’enquête sur leur empreinte socio-économique menée par la Fédération des EPL et commentée, le 23 mars, par leur président, Jacques Chiron.

Présentation de l’étude sur l’empreinte socio-économique des EPL, le 23 mars 2017
©Stéphane Laure, FedEpl Jacques Chiron, président de la Fédération des EPL, et Benjamin Colin, directeur du marché des clientèles institutionnelles au Crédit coopératif, lors de la présentation de l’étude sur l’empreinte socio-économique des Epl, le 23 mars 2017

WEKA : En 2016, une étude révélait que les EPL concentraient 7 % du volume des marchés publics, soit près de 2 milliards d’euros. Pourquoi creuser à nouveau cette question économique ?

Jacques Chiron : Depuis cette première étude menée en 2016, nous savions que les EPL sont des acteurs économiques avec lesquels les territoires doivent compter. En effet, elles développent 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel dans le cadre d’activités qui les ont conduites à créer ou maintenir près de 65 000 emplois pour une valeur ajoutée de 4,7 milliards d’euros. Malgré la contraction des investissements publics, ces entreprises particulières jouent donc un véritable rôle contracyclique par la dynamique qu’elles génèrent en propre. Mais leur effet ne s’arrête pas là : les marchés dont elles sont attributaires ont aussi permis de confier, en 2015, des contrats à 35 000 entreprises pour un montant de 3,7 milliards d’euros sur l’ensemble du pays, outre-mer inclus. Avec la contribution du Crédit coopératif, nous avons donc souhaité évaluer plus précisément ces retombées sur le tissu productif français.

WEKA : Et quels sont les enseignements de cette étude ?

Jacques Chiron : Trois conclusions confirment la place des EPL au cœur de l’écosystème productif local. Sur le plan économique d’abord, car leur propre charge de travail induit un formidable effet d’entraînement, avec 26,4 milliards d’euros de valeur ajoutée générés de manière directe et indirecte… Cet effet démultiplicateur s’avère huit fois supérieur à celui d’une entreprise classique, avec 5 millions d’euros de valeur ajoutée réinjectés en moyenne, contre 600 000 € ! Et il n’est évidemment pas sans conséquence sur l’équilibre social des territoires, avec, en second lieu, quelque 226 000 emplois indirectement créés ou maintenus, notamment chez les fournisseurs, en sus des collaborateurs rémunérés en direct. Enfin, et c’est aussi très signifiant, toute cette création de richesse ne se limite pas aux territoires des collectivités actionnaires mais irrigue autour. Pour exemple, les 186 EPL d’Auvergne-Rhône-Alpes insufflent 12 % de leur richesse au-delà des frontières régionales et sur les 34 300 emplois générés, 11 % le sont aussi hors de la région.

WEKA : Les EPL, dont les premières SEM datent des années vingt, seraient donc l’arme secrète du développement local près de cent ans plus tard ?

Jacques Chiron : Dans le contexte budgétaire contraint que connaissent actuellement les collectivités, ces PME au service des PME, véritables leviers et accélérateurs de dynamique économique, s’imposent comme un formidable remède anti-crise au service des territoires et de leurs habitants, dès lors que les élus ont à cœur de s’y impliquer. À travers leurs différentes formes et modes d’intervention, elles constituent un outil souple et performant, sachant optimiser les atouts de l’entreprise dans le cadre de principes guidés par l’intérêt général.

WEKA : Pour autant, comment s’adaptent-elles à la nouvelle donne territoriale ?

Jacques Chiron : Les EPL confirment chaque jour leur capacité de rebond et leur modernité en répondant aux nouveaux enjeux des territoires. D’abord par la diversité des thématiques qu’elles servent, en fonction des besoins locaux. Ainsi, les EPL sont aujourd’hui à la manœuvre sur le secteur du tourisme comme sur ceux des énergies renouvelables, de l’économie digitale ou encore des services à la personne et de la santé, avec par exemple la création de maisons médicales en Mayenne.

Quant à la réforme territoriale, elle semble également profiter à ces structures – et inversement ! – avec des métropoles et des intercommunalités importantes qui montrent leur envie de ce type d’outils. D’ailleurs, 54 % des 200 projets en cours sont portés par cet échelon. Même les régions, jusqu’ici peu utilisatrices, devraient, elles aussi, au regard de leurs compétences élargies, se tourner davantage vers les EPL afin d’appuyer leur action en proximité. Plus que jamais donc, les EPL s’affirment bien comme l’outil privilégié et pertinent des collectivités pour impulser et catalyser le développement de leurs territoires.

Propos recueillis par Laurence Denès

Les EPL de A à Z

Sous la conduite des collectivités territoriales et au service de l’intérêt général, les 1 250 EPL françaises sont des entreprises à capitaux publics dont l’activité se déploie dans une quarantaine de domaines, principalement l’aménagement, le tourisme, le logement, l’environnement, le développement économique et la mobilité. Elles regroupent trois statuts (Sem/société d’économie mixte, Spl/société publique locale et SemOp/Sem à opération unique) dont les modalités de capitalisation et de fonctionnement répondent à la diversité des attentes des élus locaux.


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