Les maires défendent leurs communes contre la baisse des crédits de l’État

Publié le 21 septembre 2015 à 10h48 - par

Les maires se sont mobilisés samedi 19 septembre un peu partout en France pour dénoncer la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales, qui pèse lourdement sur le budget des communes et menace selon eux les services publics.

Les maires défendent leurs communes contre la baisse des crédits de l'État

Rassemblement d’élus ceints de leur écharpe tricolore, délégations reçues en préfecture… les édiles ont répondu par centaines à l’appel de l’Association des Maires de France (AMF).

Cette journée d’action a réuni des maires de toutes tendances – dont de rares élus socialistes – pour réclamer une révision d’urgence du calendrier et de l’effort demandé.

L’AMF s’est d’ailleurs félicité d’« un très grand succès ». « C’est un message d’alerte qui doit permettre à l’État de prendre conscience de ce qui se passe dans les territoires et de l’accélération phénoménale de la dégradation », a affirmé son président François Baroin (Les Républicains) à l’AFP.

L’association maintient en conséquence son appel à la mobilisation des élus jusqu’à son congrès de la mi-novembre.

À Bordeaux, le maire LR Alain Juppé s’est déclaré « totalement solidaire du mouvement » devant 200 élus girondins venus protester devant la préfecture de la Gironde. François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, a également participé « par solidarité » à la manifestation dans sa ville.

À Lille, quelque 300 élus de communes du Nord, se sont rassemblés devant la préfecture. Un seul élu PS, Jean-François Delattre, maire d’Haspres (2 800 habitants), était présent.

« Si cela continue, on sera amené à augmenter le prix des repas à la cantine, ne pas renouveler certains départs en retraite et baisser les subventions aux associations », s’est exclamé le maire PCF de Waziers, Jacques Michon.

Dans l’Oise, les représentants de « 300 communes » ont exprimé leur colère « car certaines sont au bord de la faillite », a affirmé à l’AFP Caroline Cayeux, maire LR de Beauvais et présidente de la Fédération des villes de France .

Dans un communiqué, Frédéric Cuvillier, maire PS de Boulogne-sur-Mer, avait dénoncé « la dérive partisane » de l’association des maires du Pas-de-Calais à laquelle il a suspendu sa participation.

À Montauban, 150 personnes ont marché vers la préfecture, avec à leur tête des maires, essentiellement LR, du département. À Toulouse, le maire, Jean-Luc Moudenc (LR), a signé avec d’autres élus une pétition en ligne de l’AMF.

Manœuvre de la droite ?

En Haute-Saône, l’AMF va proposer à tous les maires du département de boycotter l’organisation du scrutin régional des 6 et 13 décembre.

Dans l’Ain, quelque 200 élus de tous bords ont défilé jusqu’à la préfecture à Bourg-en-Bresse. À Givors, dont le maire est le DVG Martial Passi, des banderoles avaient été déployées devant la médiathèque ou le conservatoire de musique, proclamant « cet équipement est menacé de fermeture, mobilisons-nous ».

Entamée en 2014, la baisse des dotations aux collectivités doit représenter 3,67 milliards d’euros par an d’ici 2017, dont 2 milliards pour les communes et les intercommunalités. Une « amputation insoutenable », selon l’AMF, qui aura « de graves conséquences sur l’activité économique ».

À trois mois des régionales, la mobilisation des élus locaux tombe mal pour le gouvernement, qui a répondu partiellement à leurs préoccupations en annonçant la création d’un fonds doté d’un milliard d’euros pour soutenir les projets d’investissement des collectivités.

Devant l’ampleur de la fronde, François Hollande avait appelé dès vendredi « tous les acteurs publics » à « faire des économies ». Et la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) a dénoncé une manœuvre de François Baroin et de la droite.

Sur Twitter, Nicolas Sarkozy a d’ailleurs apporté « son entier soutien » et « ses félicitations à François Baroin et aux nombreux maires mobilisés pour dénoncer le désengagement de l’État ».

Au gouvernement, la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu a rappelé que la baisse des dotations ne représente pour les communes « qu’une diminution de 1,84 % » de leurs recettes annuelles de fonctionnement, « soit en moyenne 28 euros par habitant ».

Mais l’inquiétude des élus est profonde et les maires ruraux, souvent sans étiquette politique et qui représentent près d’un quart des plus de 36 000 maires de France, ont participé activement à la mobilisation.

 

par Dominique CHABROL

 

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