Illettrisme des agents : comment luttent les collectivités

Publié le 13 octobre 2011 à 0h00 - par

L’Observatoire de la fonction publique territoriale, rattaché au CNFPT, vient de publier une étude qualitative sur les politiques des collectivités de lutte contre l’illettrisme chez leurs agents.

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L’étude porte sur 21 collectivités de tout type, ayant toutes mis en place des actions de lutte contre l’illettrisme. L’Observatoire note par ailleurs qu’il lui a été difficile de trouver des communes de petites tailles répondant à ce critère, le nombre d’agents concernés étant généralement faible.

L’intérêt du CNFPT sur cette question découle d’une histoire récente : en 2005, une étude de l’Insee estime à 14 % la part des agents territoriaux à tâches d’exécution en situation d’illettrisme. Une première étude de l’observatoire de la fonction publique territoriale, menée en 2006, montrait ensuite un faible engagement des collectivités dans ce combat, et avait donné lieu à un guide pratique à destination de celles-ci. Enfin, en 2007, la loi relative à la fonction publique territoriale inscrit la lutte contre l’illettrisme dans le droit à la formation tout au long de la vie. Last but not least, les transferts de personnels de l’État vers les collectivités, en particulier les régions et les départements, ont vu leurs effectifs se transformer, avec l’arrivée de nombreux agents techniques, qui sont généralement plus touchés par l’illettrisme que les agents administratifs, jusqu’alors majoritaires dans la FPT. D’où cette nouvelle étude.

Repérer et convaincre

L’Observatoire a ainsi rencontré agents et responsables des services RH en charge de ces politiques, encadrants des agents concernés, référents formations, ou encore élus et formateurs. Il note ainsi que les difficultés pour les employeurs territoriaux commencent dès le repérage des agents en difficulté, puisque l’illettrisme est souvent camouflé par honte ou peur de la stigmatisation. Ainsi le terme « illettrisme » est généralement peu employé, au profit de « remise à niveau » ou de « savoirs fondamentaux ». Autre difficulté : convaincre les agents de s’inscrire aux formations, parfois déguisées en prépas pour concours, la première étape étant de reconnaitre avoir des difficultés, ce qui n’est pas toujours aisé.

Car collectivités comme agents ont des sources multiples de motivation à lutter contre l’illettrisme, précise le rapport : favoriser la mobilité interne, développer les compétences professionnelles, lutter contre les risques psychosociaux, renforcer le bien-être des agents et donc leur motivation, réduire les risques de sécurité, etc.

Certaines collectivités, selon l’Observatoire, choisissent donc de mettre en place un dispositif de lutte contre l’illettrisme des agents de façon limitée, en guise de test, avant de l’élargir à l’ensemble des agents potentiellement concernés et de communiquer dessus. L’un des principaux écueils étant d’après le CNFPT la motivation toute relative des encadrants, peu enclins à voir leurs agents s’éloigner, peu sensibiliser à ce combat, et, dans le cas de l’enseignement, se renvoyant la balle, double hiérarchie avec l’Éducation nationale oblige.

Impact et perspectives

L’étude montre enfin que la loi de 2007 a eu peu d’impacts sur les collectivités ayant déjà engagé une politique de réduction de l’illettrisme chez leurs agents. À l’inverse, elle a été un moteur pour celles « en retard » dans ce combat. Quant aux formations en elles-mêmes, elles suscitent des retours très positifs des agents y ayant participé (gain en assurance, meilleure expression orale, écrite, etc), mais leurs effets sont limités et ne permettent que très rarement aux agents de réussir des concours. D’autre part, leurs effets objectifs restent très difficiles à évaluer.

Enfin, le CNFPT dresse des perspectives d’avenir, classant les collectivités en quatre catégories : celles dont les dispositifs vont s’essouffler faute d’agents, celles dont il va connaître une irrégularité d’une année à l’autre, selon les campagnes de communication, celles dont les dispositifs vont connaître une pleine expansion, et celles, souvent les pionnières, où le dispositif va stagner. De manière générale face à l’illettrisme, les collectivités sont demandeuses d’un plus grand soutien du CNFPT dans le repérage et la communication, la coordination des offres, la prise en charge financière des dispositifs, l’adaptation du catalogue du CNFPT aux objectifs des collectivités,  l’évaluation, l’échange de bonnes pratiques.