Les quartiers prioritaires vont très légèrement mieux

Publié le 28 avril 2017 à 13h07 - par

Rendu public récemment, le rapport annuel de l’Observatoire national de la politique de la ville est plus optimiste que les précédents en matière de mixité sociale et d’emploi dans les quartiers prioritaires. Il faut persévérer dans ce sens pour que les 5 millions de Français vivant dans ces quartiers en ressentent les effets positifs.

Les quartiers prioritaires vont très légèrement mieux

Le rapport de l’Observatoire national de la politique de la ville (ex-Onzus, Observatoire national des zones urbaines sensibles) est considéré à juste titre comme la référence en matière de diagnostic de l’état de santé des quartiers prioritaires, au nombre de 1 514 depuis le 1er janvier 2015. Cette année, l’Observatoire a porté son attention sur un certain nombre de dossiers majeurs. Il estime ainsi qu’en l’espace de dix ans, le programme de rénovation urbaine obtient enfin des retours positifs mais trop peu significatifs sur la diversité de l’habitat (ndlr, l’étude portant sur la période 2003-2013).

Alors que le taux de logements sociaux se situait à 61,1 % en 2003, il a reculé de 3,4 points en dix ans. La raison ? 15 % du parc des logements sociaux ont été démolis ; dans le même temps, dans les 594 quartiers concernés par le Programme de rénovation urbaine, 40 000 logements privés sont sortis de terre. « C’est dans les quartiers où les démolitions ont été les plus intenses que l’évolution du peuplement des quartiers a été la plus grande », précisent les auteurs. Un constat à préciser puisqu’il « restait (ndlr, en 2013) à réaliser environ 33 % des démolitions et 48 % des reconstructions de logements sociaux selon la programmation totale du PNRU. De même, les livraisons de logements privés n’atteignaient environ que la moitié des objectifs prévus dans les conventions de rénovation urbaine ».

Les conseils de citoyens doivent s’autonomiser

L’Observatoire fait le point sur la mise en œuvre des conseils citoyens dans les quartiers prioritaires, mesure issue de la loi Lamy (2013). 1 054 avaient été créés sur les 1 1993 quartiers prioritaires. Ils comptent à ce jour une vingtaine de membres en moyenne dont la moitié sont des habitants du quartier. Le hic, c’est que la gouvernance de ces conseils citoyens est assurée « à 30 % par des collectivités ou des équipements parapubliques », ce qui « n’est pas en adéquation avec loi ». L’Observatoire préconise au plus vite « un portage associatif ou par un collectif d’habitants ». Ces instances de consultation doivent rapidement trouver leur justification : « Elles sont intégrées dans les contrats de ville mais pèsent encore peu dans les décisions », constatent les auteurs du rapport.

Emploi, un (très) léger mieux

C’est surtout sur le front de l’emploi dans les quartiers prioritaires que l’Observatoire est attendu au tournant : « En 2015, la situation vis-à-vis de l’emploi reste très dégradée en quartiers prioritaires et les écarts demeurent importants en matière d’emploi entre ces territoires et le reste des unités urbaines qui les abritent », assurent les auteurs sans surprise. Les comparaisons avec les autres unités urbaines mettent toujours en exergue de franches disparités : « Le taux de chômage des 15-64 ans est ainsi plus de 16 points supérieur dans les quartiers prioritaires à celui des unités urbaines englobantes (26,4 % contre 10,1 %). Le taux d’activité (59,1 % en quartiers prioritaires) est également très sensiblement inférieur à celui des unités urbaines englobantes (72,0 %) illustrant par là même le fait que deux adultes sur cinq résidant en quartiers prioritaires et en âge de travailler se retrouvent à l’écart du marché de l’emploi ». Même si un mince filet d’espoir est perceptible : « La situation s’est stabilisée par rapport à 2014 avec une diminution du taux de chômage de 0,3 %. Statistiquement, si cette baisse n’est pas significative pour conclure à une réelle baisse du chômage dans les quartiers prioritaires, les principaux indicateurs relatifs à l’emploi et à l’activité semblent se stabiliser en 2015, après une dégradation continue enregistrée depuis le début de la crise économique (ndlr, en 2008) », conclut l’Observatoire.

Au cœur d’une élection présidentielle où les associations comme Ville et Banlieue ou encore Pas sans nous ont fustigé la transparence des propositions des candidats en termes de politique de la ville, le rapport de l’Observatoire rappelle utilement que cette thématique s’imposera quoi qu’il arrive au futur président de la République.

Stéphane Menu

 

Source : Observatoire national de la politique de la ville (Onpv), Rapport annuel 2016


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