Des tablettes dans le cartable pour un quart des 5e à la rentrée scolaire

Publié le 21 avril 2016 à 14h20 - par

La France, en retard dans le numérique éducatif, se lance réellement à la rentrée 2016, équipant un quart des élèves de cinquième avec des tablettes et donnant accès à une banque de ressources, même si le rythme est plus lent qu’initialement prévu.

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Le plan numérique d’un milliard d’euros annoncé par François Hollande prévoyait de doter à la prochaine rentrée 40 % des classes de cinquième en équipements individuels mobiles cofinancés par les départements, pour atteindre 100 % en trois ans. Finalement, ce sont les élèves de 25 % des collèges publics qui seront équipés en septembre, essentiellement de tablettes, a annoncé jeudi Najat Vallaud-Belkacem, saluant dans le numérique « une opportunité, dont nous devons nous emparer de manière cohérente ». Seront concernés au moins 175 000 élèves de cinquième de 1 510 collèges, « sans doute plus puisque l’appel à projets continue », a précisé la ministre de l’Éducation nationale dans un entretien au Monde. Participeront aussi 1 256 écoles (BIEN 1 256).

La plupart des départements et établissements ont choisi une tablette avec clavier, plus rarement un ordinateur portable, qui servira aux élèves « jusqu’à la fin de la troisième et qu’ils ramèneront chez eux », avec une utilisation possible « dans toutes les disciplines », a-t-elle expliqué. L’idée n’est pas d’apprendre avec les tablettes tout le temps, mais « ces outils permettront aux enseignants de développer le travail collaboratif, de diversifier et surtout d’individualiser les apprentissages », a-t-elle expliqué. Trois journées de formation au numérique sont prévues pour les professeurs de collège.

Le gouvernement a aussi investi 18 millions d’euros dans des ressources élaborées par des éditeurs scolaires et numériques. « Ils pourront les piocher dans une bibliothèque en ligne », a-t-elle indiqué. Elle devait assister jeudi à une démonstration, lors d’un déplacement dans un collège en Meurthe-et-Moselle.

Pas du jour au lendemain

Il s’agit de proposer, à partir de septembre, gratuitement et pour trois ans pour les élèves du CM1 à la troisième, « des environnements numériques d’apprentissage pour exploiter des ressources multimédias enrichies, des jeux pour apprendre, de la réalité virtuelle ou augmentée, ainsi que des outils et des services qui permettent de construire des parcours adaptés aux besoins des élèves », selon le texte de son discours transmis à la presse. Le ministère prévoit aussi quelques expérimentations avec le matériel numérique des élèves eux-mêmes (BYOD ou « bring your own device »).

Il ne suffit pas que les tablettes arrivent dans les collèges pour que tout fonctionne d’emblée, ont témoigné en mars des chefs d’établissements qui expérimentaient le plan cette année, lors du salon Educatec-Educatice. Certains ont cité des livraisons de matériel erroné retardant la mise en place, un wifi insuffisant, des professeurs parfois pas convaincus que ce serait un plus… Ils ont aussi évoqué des questions pratiques : qui va payer l’assurance des tablettes ? Où les ranger à la récré pour éviter les chocs ?

Les départements doivent investir aussi dans une nouvelle électrification des collèges, installer un wifi avec plus de débit, « ça ne se fera pas du jour au lendemain », a prévenu l’Assemblée des départements de France (ADF). Comme le plan repose sur des appels à projets auxquels participent établissements et collectivités, les collèges « les plus avancés sont en train d’avancer plus vite », souligne l’ADF, s’inquiétant du risque de creuser les disparités entre établissements.

De plus en plus d’enseignants se lancent dans le numérique, selon Stéphanie de Vanssay, spécialiste des nouvelles technologies au syndicat d’enseignants SE-Unsa. Mais elle semble sceptique sur le plan gouvernemental « avec les tablettes qui arriveront dans les collèges en masse ». « Je crains même que ça soit un frein », dit-elle, évoquant des profs qui n’ont pas demandé à travailler ainsi, « des infrastructures qui ne vont pas forcément suivre ».

Alors que certains pointent l’absence de preuve que le numérique améliore les résultats, elle objecte : « le numérique est là, il fait partie de notre contexte personnel et professionnel, on ne peut plus faire sans. En soi, il n’améliore rien », mais « il rend des démarches pédagogiques plus possibles et fluides qu’avant, comme collaborer à distance. Il faut s’en saisir ».

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2016


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