Professeurs absents : une meilleure gestion et plus de transparence, promet Najat Vallaud-Belkacem

Publié le 18 octobre 2016 à 16h11 - par

Les remplacements d’enseignants absents seront mieux organisés et les familles davantage informées, a promis mardi Najat Vallaud-Belkacem en annonçant des mesures, jugées insuffisantes par une partie des syndicats et parents.

Davantage de remplaçants

Entre 2008 et 2012, sous la droite, 1 576 postes de remplaçants ont été supprimés en primaire, affirme le ministère. Entre 2013 et 2017, la gauche aura créé 5 000 postes de remplaçants (1 349 à la rentrée 2016, 1 500 en 2017), ajoute-t-il.

Si le nombre de remplaçants a effectivement augmenté, tous ne remplacent pas des enseignants malades ou en formation, souligne Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, pour lequel il faudrait encore créer des postes. Car une partie sont utilisés pour remplacer les « décharges » de directeurs ou d’instituteurs de l’éducation prioritaire.

Une autre gestion

Dans le primaire, il y aura un seul vivier de remplaçants par département, alors que jusque-là, leur zone pouvait être plus réduite. Cela devrait permettre de limiter l’affectation successive d’enseignants différents devant les enfants, selon la ministre. Le SNUipp-FSU estime au contraire qu’il faut maintenir la distinction entre les absences longues remplacées au niveau départemental et les absences courtes remplacées localement, avec un secrétaire de circonscription qui connaît les écoles et « va savoir qui envoyer ».

Dans le secondaire, le ministère veut « réactiver » des protocoles de remplacement des absences courtes, créés en 2005 mais « tombés en désuétude », dans lesquels l’établissement se débrouille avec des heures supplémentaires assurées par d’autres enseignants. Au-delà de quinze jours, l’académie se charge du remplacement.

« La ministre reprend des choses qui existent déjà, pas toujours appliquées parce qu’inapplicables », a estimé sur RTL Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

Pour les absences ponctuelles mais à répétition (« absences perlées »), le ministère veut généraliser des protocoles pour « mieux accompagner les personnels en difficulté » (tutorat, allégement de service, retrait temporaire…).

Absences prévisibles : des formations d’enseignants pourront être organisées pendant les petites vacances, sur la base du volontariat et rémunérées. Les jurys et les préparations d’examen seront « organisés de préférence le mercredi après-midi ».

Pour Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d’établissement, plusieurs annonces concernent des mesures « déjà très anciennes », la seule nouveauté étant le suivi des « absences perlées ». Pour les absences courtes, « on attend de voir les conditions techniques. Ça avait mal fonctionné avant à cause des contraintes bureaucratiques. Si on a un système extrêmement souple, c’est jouable, si c’est pour faire la même chose qu’en 2005, on aura les mêmes résultats ».

Plus de transparence

Le ministère s’engage à publier tous les ans des indicateurs nationaux sur les non-remplacements. En 2015-2016, il y a eu en moyenne 1,6 % de demi-journées de cours non assurées dans le premier degré (13 heures par élève et par an). Ce taux a atteint 3,1 % dans l’académie de Créteil, qui peine à recruter.

Dans le second degré, il y a eu 2,9 % d’heures de cours non assurées en 2014-15, dernière année dont les données sont disponibles (29 heures par élève et par an).

La FCPE, qui publie ses propres estimations depuis des années, se félicite que le ministère publie enfin des chiffres.

Une charte pour l’information des familles sera expérimentée dans les académies de Poitiers et Nancy-Metz et généralisée « courant 2017 ». L’idée est de leur dire sur quelle période l’enseignant de leur enfant sera absent et ce qui est envisagé pour le remplacer.

Les fédérations de parents restent mobilisées

Pour la FCPE, « l’ensemble des mesures va dans le sens de l’égalité mais ne doit pas rester lettre morte ».

La Peep « accueille favorablement la prise en compte, enfin, de la problématique du remplacement » mais les mesures lui semblent « en complet décalage » par rapport au nombre de postes non pourvus. S’inquiétant que des élèves n’aient pas eu cours de physique ou de maths depuis déjà sept semaines, elle réclame un « plan Marshall du recrutement d’enseignants ».

Andrea GRAELLS TEMPEL / © 1994-2016 Agence France-Presse : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ».