Nouveau bac : le choix des mathématiques, une délicate équation

Publié le 11 février 2019 à 5h00 - par

Prendre ou ne pas prendre les mathématiques en Première ? C’est le choix, parfois cornélien, que vont bientôt devoir faire les élèves de Seconde puisque cette discipline disparaît du tronc commun et devient une spécialité au niveau particulièrement exigeant.

Nouveau bac : le choix des maths, une délicate équation

La réforme du lycée doit entrer en vigueur à la rentrée prochaine pour les élèves de Première. Elle supprime les filières (Littéraire, Économique et Social et Scientifique), remplacées par un choix de trois spécialités.

Les élèves de Seconde devront établir dans quelques jours une première liste de spécialités parmi celles offertes par leur établissement, avant un choix final au mois de juin.

En janvier, lors d’une réunion d’information des parents au lycée Sophie-Germain à Paris, beaucoup ont découvert, parfois avec stupeur, que les maths ne feraient plus partie l’an prochain des matières enseignées à tous.

Une « nouveauté » censée permettre d’élever le niveau des élèves qui choisiront la spécialité mathématiques, a expliqué la proviseure, suscitant un flot de questionnements : « quels seront les attendus des facs de sciences économiques sur les mathématiques ? », « est-ce que mon enfant pourra choisir l’option maths complémentaires en Terminale s’il n’a pas suivi la spécialité maths en Première ? »…

« Est-ce que ne pas choisir les maths peut fermer des portes ? », interrogeait cette fois une élève de Seconde, lors d’une réunion organisée il y a quelques jours au lycée parisien Montaigne.

Les maths ne disparaissent pas totalement du tronc commun, fait valoir le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. Un « enseignement scientifique » sera dispensé, à raison de deux heures par semaines, à tous les élèves de la voie générale.

Mais pour Alice Ernoult, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP), il ne s’agit pas de maths en tant que tel : « des outils scientifiques seront simplement mis au service de sciences expérimentales ».

En raison d’une pénurie de profs de maths depuis plusieurs années, la discipline devrait d’ailleurs être enseignée majoritairement par des professeurs de physique ou de SVT.

« Tout ou rien »

Pour poursuivre les mathématiques en Première, il faudra donc choisir cette discipline en spécialité (les élèves prennent trois spécialités en Première, ramenées à deux en Terminale). Or les nouveaux programmes, appliqués l’an prochain, s’annoncent particulièrement exigeants pour cette matière, et prévoient l’apprentissage d’un grand nombre de notions.

« On reconnaît dans ces programmes le niveau de l’actuelle Première S, plutôt un peu renforcé », décrypte Alice Ernoult. Pour les mathématiques, ce sera donc « tout ou rien à partir de l’an prochain », regrette-t-elle.

À l’inverse, le député LREM Cédric Villani, co-auteur l’an dernier d’un rapport sur l’enseignement des mathématiques en France, lit dans la réforme un net progrès : « il s’agit d’apporter plus de maths à ceux qui en ont besoin, sous une forme plus développée, et moins à ceux qui en ont le moins besoin, sous une forme plus adaptée ».

L’objectif, selon le mathématicien : « casser le carcan de la filière S », considérée jusqu’ici comme la voie élitiste, « pour arriver à des parcours plus personnalisés ». Et pour ceux qui veulent approfondir les maths, l’apparition de la spécialité numérique est une belle opportunité, insiste-t-il.

Mais pour des élèves se destinant plutôt à des études de sciences sociales, d’économie ou de sciences politiques, le choix pourrait s’avérer cornélien. « Faudra-t-il choisir des maths, dont le niveau sera sans doute supérieur à leurs besoins futurs, ou bien s’en passer complètement ? », interroge Martin Andler, vice-président de l’association Animath, qui promeut cette discipline auprès des jeunes.

Les facs n’ont pas toutes annoncé leurs prérequis et il y a fort à parier que de nombreux élèves, souvent poussés par leurs parents, n’oseront pas abandonner l’an prochain cette matière en Première.

Un choix qui pourrait cependant s’avérer risqué. « S’il la conservent en Terminale, les élèves seront évalués pour le bac dans cette spécialité », rappelle Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d’établissement. Or « il s’agit aussi de faire des choix qui permettront d’éviter la gamelle ».

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