Lutte contre l’homophobie : la fonction publique peut mieux faire

Publié le 25 mai 2011 à 0h00 - par

Se basant notamment sur le rapport annuel de SOS homophobie, le syndicat FSU demande que le gouvernement s’engage contre l’homophobie dans les trois fonctions publiques.

On pourrait croire que la fonction publique est un univers où les discriminations en général, et celles à l’encontre des LGBT en particulier, ont peu cours, ou moins en tout cas que dans le monde de l’entreprise. Rien de moins évident. Les fonctionnaires en sont eux-mêmes conscients, puisque seulement 29 % d’entre eux se sentent plus protégés que les salariés du privé, selon l’étude Perceptions des discriminations au travail : regard croisé salariés du privé et agents de la fonction publique de l’Institut CSA, publiée en décembre 2010.

Et si, selon la même étude, les discriminations envers les gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres représentent la discrimination la moins courante dans la fonction publique (6 % des agents victimes de discriminations en 2010 le sont en raison de leur orientation sexuelle), elles n’en ont pas moins des conséquences réelles.

Rémunérations différentes

Les fonctionnaires gays gagnent ainsi 5,5 % moins que leurs collègues hétérosexuels, et les lesbiennes 0,39 % moins que les fonctionnaires hétérosexuelles, d’après le travail de recherche mené en 2009 par Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi, pour le Centre d’étude des politiques économiques de l’université d’Évry-Val d’Essonne, intitulé Moins égaux que les autres ? Orientation sexuelle et discrimination salariale en France, et sur lequel s’appuie un rapport de l’association SOS homophobie publié ce mois de mai.

Des conclusions qui peuvent surprendre, les salaires des fonctionnaires étant fixés selon des grilles préétablies, mais qui s’expliquent par le phénomène de « plafond de verre », qui voit la carrière des agents homosexuels avancer moins vite que celle des autres. « Promotions, mutations et changements de grade sont basés sur le dossier du candidat et un ou des entretiens » rappellent les deux chercheurs. À poste égal, un agent de l’État homosexuel aura la même rémunération. Mais son avancement risque d’être moins évident, en particulier à partir d’un certain niveau de responsabilités.

Autres explications apportées par les deux universitaires : la marge de manœuvre dont bénéficient les employeurs concernant la fonction publique territoriale, dont les salaires sont moins strictement encadrés que dans la fonction publique d’État. Et n’étant pas soumise aux contraintes du marché, l’administration ne risque pas d’être économiquement sanctionnée en cas de discriminations avérées, d’où un relâchement potentiellement plus important que dans le monde de l’entreprise.

FSU demande une politique volontariste

Face à ces constats, le syndicat FSU a donc demandé au gouvernement, dans un communiqué de presse du 17 mai, de s’engager dans la lutte contre les discriminations dans les fonctions publiques, sans omettre les LGBT. « Cette politique doit inclure l’orientation sexuelle et l’identité de genre, bien souvent les oubliées des politiques dites de lutte contre les discriminations ».

FSU souhaite ainsi que soit menée une étude sur les discriminations « lgbtphobes » au sein de la fonction publique. « L’État employeur doit être exemplaire, prendre ses responsabilités et mener une politique de lutte contre toutes les discriminations, que ce soit dans le recrutement, le déroulé de carrière, l’égalité effective entre les couples. La FSU demande à ce que dans l’ensemble de la Fonction publique, des engagements soient pris et des actions concrètes soient menées ».


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Ressources Humaines »

Voir toutes les ressources numériques Ressources Humaines