La nutrition souvent sacrifiée dans les maisons de retraite

Publié le 25 mars 2015 à 16h37 - par

Trop de seniors souffrent de dénutrition, notamment dans les maisons de retraite, où l’offre alimentaire conditionne pourtant en grande partie l’état de santé des résidents, souligne l’UFC-Que Choisir qui a mené une enquête dans 88 établissements.

nutrition retraité

Les résultats de l’analyse des menus par une diététicienne spécialiste de restauration collective, conduite dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dans toute la France, sont publiés dans le numéro d’avril de la revue Que Choisir.

La prévalence de la dénutrition dans les Ehpad « est évaluée à plus d’un tiers », souligne le magazine de l’association de consommateurs, déplorant que les effets des multiples recommandations publiées depuis plusieurs années tardent à se faire sentir.

Les résultats sont hétérogènes mais, dans l’ensemble, le constat est accablant : trop souvent, les menus s’avèrent mal équilibrés. Beaucoup de maisons de retraite ne servent pas assez de poisson, de viande non hachée, trop rare dans la moitié des Ehpad, ni de fruits crus en dessert.

Or, faute de protéines abondantes, les seniors ne peuvent pas lutter contre la fonte musculaire, sans produits laitiers à chaque repas, impossible de conserver un squelette solide, si les fruits et les légumes sont trop rares, où trouver les fibres qui facilitent le transit, apportent vitamines et minéraux indispensables ?

Il est aussi regrettable, relève Que Choisir, que plus d’un établissement sur cinq analysés serve des plats du type nuggets ou burgers, sans rapport avec les traditions culinaires des générations concernées. Dans 1 établissement sur 4, aucune alternative n’est par ailleurs proposée si le plat principal ne plaît pas. Cela ne risque pas d’aiguiser l’appétit des seniors, souvent déjà altéré par les pathologies du grand âge, les médicaments, les troubles de la déglutition et de la mastication, le déclin cognitif ou encore la dépression plus ou moins latente.

La composition bien conçue des menus n’est pas une condition suffisante pour que les personnes âgées s’alimentent correctement, mais c’est une condition nécessaire, affirment les gériatres interrogés par Que Choisir. Ainsi, la convivialité agit positivement sur l’envie de manger et le moral. Mais 80 % des Ehpad analysés imposent des places immuables, sans se préoccuper des préférences des résidents.

Le suivi nutritionnel est également insuffisant : seuls 7 établissements sur les 88 observés font intervenir chaque mois un diététicien.

En parallèle, Que Choisir a interrogé les résidents de 43 autres établissements et leurs critiques se rejoignent : dîner servi trop tôt (18h25 en moyenne), induisant un jeûne nocturne interminable qui augmente les risques d’hypoglycémie, manque de temps pour manger, rythme aberrant entre les repas, plats servis trop froids…

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2015


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale