« L’animation en Ehpad ralentit le processus de perte d’autonomie »

Publié le 14 mai 2012 à 0h00 - par

Les Éditions Weka publient un nouvel ouvrage intitulé « L’animation en maison de retraite ». Présentation par l’une de ses coordinatrices, Prune Basille, animatrice auprès de personnes handicapées et de personnes âgées dépendantes dans un Ehpad. Elle est aussi cofondatrice de l’association Pause Loisirs, qui a pour but de créer un centre d’accueil et d’information pour personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés et leurs aidants.

Weka : Vous assurez la coordination de l’ouvrage des Éditions Weka consacré à l’animation dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées. À quel objectif répond ce nouvel ouvrage ?

Prune Basille : Notre objectif est d’informer, à la fois, les personnes qui ne connaissent pas le domaine de l’animation et les professionnels exerçant en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), pour les sensibiliser davantage, en particulier à la notion de projet de vie individualisé des résidents. Au-delà, l’ouvrage entend contribuer à la lutte contre la maltraitance en établissement.

L’ouvrage développe deux aspects : le travail de l’animateur ; le métier d’animateur. Dans la première partie, nous proposons, notamment, divers ateliers d’animation à mettre en place au sein des établissements, sous la forme de fiches pratiques. La seconde partie s’intéresse à la carrière des animateurs. Au sommaire : des fiches de poste, la rémunération, les diplômes conduisant aux métiers de l’animation…

Weka : Quelle est, aujourd’hui, la place de l’animation dans les Ehpad ?

Prune Basille : Les Ehpad sans aucun animateur sont, désormais, des exceptions. Il y a incontestablement une meilleure reconnaissance du rôle des animateurs et, en conséquence, l’animation se développe. Reste que celle-ci n’est pas obligatoire sur le plan réglementaire, pour les établissements. La situation est donc extrêmement variable d’un Ehpad à l’autre. L’animation est largement tributaire de la volonté de la direction. Elle est une bonne illustration de la qualité de la vie au sein de l’établissement.

Weka : L’animation peut-elle s’adresser à tous les résidents d’un établissement ?

Prune Basille : Oui, sans hésitation. L’animation est destinée à tous, mais toutes les animations ne sont pas adaptées à toutes les personnes âgées hébergées dans un établissement. Néanmoins, il est tout à fait possible de réaliser des ateliers d’animation spécifiques pour les personnes démentes, celles atteintes de lourdes pathologies ou pour les personnes handicapées.

Dans tous les cas, l’animation doit s’inscrire dans le projet de vie de la personne et respecter ses habitudes de vie. L’animation est, le plus souvent, une activité collective au sein de l’établissement, mais on peut parfaitement concevoir des animations individuelles, pour répondre aux souhaits personnels des résidents.

Weka : Peut-on mesurer les bénéfices de l’animation pour les personnes âgées vivant en institution ?

Prune Basille : Il existe des grilles et des méthodes d’évaluation, que nous présentons dans l’ouvrage. Les chansons et, plus généralement, toutes les activités musicales fonctionnent très bien. Avec de tels ateliers, on parvient plus facilement à faire sortir les résidents de leur chambre, quel que soit leur état de santé. Ces activités font appel à des souvenirs, rappellent des bons moments, entretiennent la mémoire et apportent de la gaîté dans l’établissement !

Il existe un lien évident entre l’animation et le ralentissement du processus de perte d’autonomie. Elle permet de garder de la motivation, de stimuler les personnes âgées. Cela contribue à lutter contre la dépression chez les résidents. L’animation est une ode à la vie.

Weka : Comment développer davantage l’animation au sein des Ehpad ?

Prune Basille : Il faut agir davantage dans les têtes que dans les textes. Ce sont les mentalités qui doivent évoluer ! La direction et l’ensemble du personnel de l’établissement doivent être convaincus des vertus de l’animation. Elle n’est pas là pour faire joli dans le paysage ; elle a un véritable impact thérapeutique.

Il est primordial que l’animation ne repose pas sur les seuls animateurs. Elle doit irriguer tout le personnel de l’établissement. Bien sûr, elle n’occupe pas la place centrale dans la prise en charge, mais elle a son importance. L’animation permet d’aborder la personne âgée dans sa globalité. Elle évite d’envisager la personne accueillie sous le seul angle sanitaire en accordant une attention particulière à son environnement social.

Pour aller plus loin :

La place de l'animation dans les projets de vie

Livre blanc

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Les ARS demandent aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de mettre en place une démarche de projets de vie personnalisés centrés sur les résidents. L’animateur doit être force de proposition ...

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