Le comportement des Français face à la dépendance des personnes âgées

Publié le 13 décembre 2010 à 0h00 - par

L’Institut CSA a sondé les Français, fin novembre, pour connaître leur attitude lorsque la dépendance affecte, ou affectera, l’un de leurs proches. Voici les principaux enseignements de ce sondage.

Près de quatre Français sur dix (39 %) déclarent être confrontés ou avoir déjà été confrontés à la perte d’autonomie d’une personne âgée dans leur entourage, selon un sondage rendu public début décembre par l’Institut CSA. Fort logiquement, en avançant en âge, les Français sont de plus en plus nombreux à voir un de leurs proches perdre sa capacité d’autonomie. De fait, cette situation concerne 43 des plus de 50 ans, contre 31 % des jeunes.
À noter, également, que l’expérience de la dépendance semble être plus fréquente au sein des catégories plus favorisées que des catégories populaires (46 % des cadres, professions libérales et intermédiaires y ont été ou y sont confrontés, contre 35 % des catégories populaires). Ce constat est le « signe d’un effet de l’inégalité face à l’allongement de la vie ou d’une sensibilité différenciée au sujet », commente, avec prudence, l’Institut.

Interrogés sur le sacrifice que peut représenter le fait de s’occuper d’une personne dépendante, seuls 3 % des Français répondent spontanément qu’ils ne sacrifient rien. Selon plus d’un Français sur trois, lorsque l’on s’occupe d’une personne âgée dépendante dans son entourage proche, on sacrifie avant tout sa vie familiale (39 %) et le temps libre pour prendre soin de soi (36 %). Certains éprouvent également le sentiment que la relation de couple peut en pâtir (28 %) ou le temps libre pour voir ses amis (25 %). 21 % des sondés parlent même d’y laisser sa propre santé et 16 % de sacrifier sa vie professionnelle. Les individus ayant déjà été confrontés à une perte d’autonomie d’une personne âgée dans leur entourage ont des réponses similaires à ceux qui n’ont jamais été confrontés à cette situation, précisent les auteurs de l’étude.

Pour les femmes, plus encore que pour les hommes, s’occuper d’une personne âgée dépendante, c’est sacrifier sa vie familiale (42 %, pour 35 % des hommes) mais aussi sa propre santé (27 %, pour 15 % des hommes). À l’inverse, les hommes mettent davantage en avant le sacrifice du temps libre pour prendre soin de soi (40 %, pour 33 % des femmes) ou du temps libre pour voir ses amis (29 %, pour 22 % des femmes).

Parmi les Français ayant déjà été confrontés à la dépendance d’une personne âgée dans leur entourage, 39 % se sont chargés eux-mêmes de prendre principalement les décisions sur la prise en charge de cette personne dépendante, pour 10 % qui ont laissé la charge principale à leur conjoint et 37 % à un autre membre de la famille. Seuls 8 % se sont principalement appuyés sur une personne extérieure.

Quoi qu’il en soit, les Français confrontés à la dépendance sont d’abord des Françaises. En effet, les femmes sont plus impliquées que les hommes dans les décisions sur la prise en charge des personnes âgées de la famille. Elles sont 45 % à déclarer s’en charger elles-mêmes, pour 33 % des hommes. Tandis que, les hommes sont plus nombreux que les femmes à déléguer cette responsabilité à leur conjoint(e) : 12 % contre 8 %.

Pour les Français, prise en charge de la dépendance rime en priorité avec maintien à domicile. En effet, pour répondre à la perte d’autonomie des personnes âgées, ils plébiscitent des solutions permettant à la personne concernée de rester à son domicile. Cependant, cette solution nécessite une visite régulière au domicile de la personne en difficulté. En la matière, les Français sont prêts à faire confiance à une aide à domicile professionnelle, tout autant qu’à un membre de leur famille. Interrogés sur l’éventualité de recourir à chacune des solutions, 87 % des personnes interrogées envisagent de faire en sorte que la personne continue à vivre à son domicile en lui rendant visite le plus souvent possible, tandis que 87 % envisagent également que la personne continue à vivre à son domicile en faisant appel à une aide à domicile professionnelle.

En revanche, le rejet des établissements d’hébergement pour personnes âgées perdure. Les Français se montrent toujours aussi réticents à l’idée de placer la personne en institut spécialisé. Ce sentiment est partagé par les Français qu’ils soient ou non confrontés à la perte d’autonomie d’un de leur proche, ajoute l’Institut CSA. Cependant, les hommes se révèlent moins réticents que les femmes à cette idée (49 % des hommes l’envisagent, contre seulement 39 % des femmes). Probablement en raison du coût perçu de la prise en charge en institut spécialisé, les catégories favorisées y réfléchissent également plus souvent que les catégories populaires (47 % des cadres et professions libérales et intermédiaires, contre 39 % des employés et ouvriers), poursuit l’Institut.

Enfin, les Français, dans leur grande majorité, ne souhaitent pas prendre en charge la personne à leur propre domicile. Ainsi, 71 % des Français et 73 % des Français concernés de près par la question rejettent la solution qui consisterait à prendre en charge la personne en difficulté à leur propre domicile. Seuls 27 % des Français et 24 % de ceux qui sont concernés de près pourraient mettre en place cette solution.
Le recours à une aide à domicile se révèle alors déterminant pour faire pencher la balance. En effet, plus de la moitié (53 %) des Français pourraient envisager cette solution avec l’appui d’une aide à domicile professionnelle. Cette solution parvient à convaincre en particulier les Français des catégories populaires (63 % des ouvriers, contre 45 % des cadres et professions libérales), complètent les auteurs de l’étude.

« Dans ce contexte, la situation de dépendance et sa prise en charge restent anxiogènes pour la moitié des Français et une large part de ceux qui y ont été effectivement confrontés », conclut l’Institut CSA. Face à la gestion de la vie quotidienne en cas de perte d’autonomie d’une ou plusieurs personnes âgées dans leur entourage proche, seuls 49 % se déclarent, au final, plutôt sereins, contre 47 % reconnaissant être plutôt angoissés. « Cette inquiétude se manifeste y compris chez ceux qui ont été directement concernés, signe que les Français ont l’impression de ne pas être suffisamment armés pour faire face à ce phénomène (44 % sont angoissés, contre 54 %). »

Le sondage de l’Institut CSA / VITALLIANCE a été réalisé par téléphone, les 24 et 25 novembre 2010, au domicile des personnes interrogées. Un échantillon national représentatif de 1 006 personnes âgées de 18 ans et plus a été constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Pour aller plus loin :

Les Français face à la dependance des personnes agées, synthèse et sondage de l’Institut CSA – n° 1001594, novembre 2010